France Politique

Législatives : coupons les têtes !

Publié le  Par Patrick Béguier

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Chamboule-tout, raz-de-marée, tsunami... Les commentateurs ont employé différents mots pour qualifier les résultats du premier tour des élections législatives. Mais, en profondeur, que recouvrent ces mouvements spectaculaires ?

 
 
Maintenant que la vague est passée, on peut observer, au calme, les réactions des battus du premier tour. La plupart d'entre eux, qu'ils soient de droite ou de gauche, ne comprennent pas ce qu'il leur arrive et restent proprement sidérés par le rejet dont ils on fait l'objet. Certes, ils ne s'attendaient pas à une élection facile : la dynamique En Marche, après l'entrée d'Emmanuel Macron à l'Élysée, se lisait très bien dans les sondages et de toute façon, elle était attendue puisque conforme à la logique politique de la Ve République. Mais, se sont-ils dits, les enquêtes d'opinion sont moins fiables quand il s'agit de prévoir les résultats dans 577 circonscriptions et non l'issue d'un seul et unique scrutin, comme l'élection présidentielle. Ils ont tenté de se rassurer aussi en comptant les atouts qu'ils avaient en main : une forte implantation locale, des réseaux, une expérience politique que, très souvent, n'avaient pas des "marcheurs" recrutés à la va-vite, un bilan à présenter, le rappel des coups de pouce donnés ici ou là grâce à la fameuse réserve parlementaire, etc.
Bref, du solide, leur permettant de résister à la forte vague annoncée. Rien n'y a fait : beaucoup d'entre eux ont été emportés.
 

Atouts et… capot !

 
Un exemple, donné par nos confrères de La Charente libre
Le quotidien d'Angoulême constate que Martine Pinville, "ex-ministre socialiste reconnue pour son implantation locale et son travail" se retrouve "au tapis" : tout juste 10% des voix !
"Elle en a pleuré", précise le journal après avoir remonté quelque peu le cours de sa vie publique : "Un bureau à Bercy (NDLR : elle était secrétaire d'État en charge du Commerce et de l'Artisanat), l'accès à l'Élysée… Un chauffeur, un officier de sécurité. En quelques minutes, dimanche, vers 20 heures, tout s'est éteint".
Puis La Charente libre se penche sur le cas de Marianne Reynaud, autre candidate du Parti socialiste dans la circonscription voisine. "Moins de 10% dimanche, alors que sa mère venait d'enchaîner deux mandats", indique le journal. Et de poursuivre : "Dans l'histoire, Marianne Reynaud perd son emploi d'assistante parlementaire".
 
Si on lit cet article entre les lignes, on s'aperçoit que les prétendus atouts que ces candidates avaient en main étaient peut-être les cartes qui les ont mises capot : trop de mandats successifs, trop d'avantages de toutes sortes, une tendance à se passer le relais à l'intérieur d'une même famille, le problème des assistants parlementaires se rattachant par les liens du sang au député ou à la députée en place (cf. affaires Fillon, Le Roux…). D'une certaine façon, ces candidates, en dépit de leurs qualités, ont été davantage victimes du "dégagisme" ambiant que d'un féroce appétit pour le programme politique d'En Marche. Plus encore : beaucoup de Français ont le sentiment qu'au fil des ans se sont constituées des aristocraties locales. Ils ne veulent plus de privilèges, eux qui, souvent, souffrent de l'impôt, ont des difficultés dans leur emploi, s'inquiètent pour l'avenir de leurs propres enfants. Il y a sans doute un côté "revanche" dans ce qu'il s'est passé, voire une forme de "révolution" tranquille, sans guillotine, mais où l'on veut couper des têtes.
C'est sûrement injuste pour beaucoup. Hélas, les révolutions ne font pas dans le détail !
 
Patrick Béguier est journaliste et écrivain
Ses deux derniers romans : Seaghan, l'enfant de mer (Geste éditions) et Le chat noir du rédac chef  (Ella éditions)
 






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