Asnières-sur-Seine : un porno soft tourné dans les locaux de la mairie

Décidément, on n’aura jamais fini d’avoir quelques surprises avec nos dirigeants. La dernière en date est celle découverte par le maire UMP d’Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine), Manuel Aeschlimann. Au dernier conseil municipal de la ville, il a ainsi débuté la séance par la diffusion d’un teaser montrant le film intitulé Korruption. « Le dernier cadeau laissé par Monsieur Pietrasanta », ex-édile (PS) de la ville, aujourd’hui conseiller municipal d’opposition.

Petite partie de zizi-panpan

Tourné par Julien Richard ancien adjoint au maire chargé de la communication de Sébastien Pietrasanta, Korruption a été qualifié de « porno soft » par le maire d’Asnières. Tourné dans les locaux de l’hôtel de ville, on voit ainsi dans cette bande-annonce, qui a laissé l’assistance logiquement sans voix, des femmes au seins nus, et l’un des personnages qui propose à une juge, dans la salle des conseils transformée pour l’occasion en tribunal, « une petite partie de zizi-panpan ». Dans une tenue très suggestive, on découvre une jeune femme à quatre pattes, puis Julien Richard, des documents à la main dans une scène « coulisse ».

« La majorité est profondément choquée de l'utilisation qui a été faite de notre hôtel de ville », s’est ainsi empressé d’indiquer Manuel Aeschlimann. Alexandre Brugère, adjoint à la sécurité, a ainsi demandé à Sébastien Pietrasanta s’il avait « demandé une rémunération pour la location de cette salle à la société privée de votre ami monsieur Richard ? » L’ancien maire de répliquer par une accusation visant la majorité sur le fait de commencer le conseil sur un  « point polémique » non inscrit à l'ordre du jour. Manuel Aeschlimann brandit dans la foulée un courrier adressé à Juguarundi Prod, indiquant que la mairie autorise un tournage les 1 ^er et 2 avril 2014 - toujours sous le mandat de Sébastien Pietrasanta - « à titre gracieux », tout en « invitant à un don à la caisse des écoles ».

Du Quentin Tarantino et du Jean-Pierre Mocky dans le texte

Julien Richard a quant à lui reconnu posséder une société au nom similaire, Juguarundi Films et que c’est par l'entremise de Jaguarundi Prod, une association loi 1901 à but non lucratif, que ce teaser a été réalisé. « Ça peut porter à confusion, mais tout est passé par l'association », se défend-il tout en mettant en avant « une démarche artistique et non commerciale ». Pour l’ancien maire, cela n’a donc rien d’illégal. « On accorde souvent des gratuités ou des remises pour des associations. Pour moi, il n'y a aucun favoritisme. » Il dénonce alors « une polémique de plus de Manuel Aeschlimann qui cherche à salir au lieu de travailler les dossiers de fond ». Julien Richard de poursuivre : « Mes comédiens et moi-même sommes scandalisés. Il ne s'agit en aucun cas d'un film porno ! »

Celui qui se dit être dans la mouvance de Quentin Tarantino et de Jean-Pierre Mocky se se justifie alors en déclarant que Korruption est une comédie mordante et décalée dont les scènes de nu « proviennent d’une banque d’images étrangère. Sébastien Pietrasanta déclaré ainsi avoir découvert le film vendredi soir. « Tout cela est grotesque. Ce n'est ni du porno ni du porno soft. Julien Richard affirme qu'aucune de ces scènes n'a été tournée à la mairie, et j'ai tendance à le croire. Dans le cas contraire, je condamne l'utilisation des locaux municipaux pour cela. » L’actuel maire envisage de porter plainte pour prise illégale d’intérêts, Julien Richard pour diffamation. « Il convient de laisser la justice faire son travail », a conclu Alexandre Brugère au conseil municipal. Bref, du propre.