Rassemblement mondial contre Monsanto : ''Le prochain sera pour le mois d'octobre''

Parisdépêches.fr : Êtes-vous satisfaites de la mobilisation de samedi ?

 

Louise : Nous étions entre 1 500 et 2 000. Quand nous avons pris l'évènement en main, nous aurions tablé sur quelques centaines de personnes, sachant que la mobilisation s'est préparée uniquement sur Facebook. Certes, c'est une bonne mobilisation mais sur un sujet comme celui des OGM, ce n'est pas suffisant. Il faudra être encore plus nombreux la prochaine fois.

 

P : Comment est né ce mouvement à Paris ?

 

L : Nous sommes trois femmes à avoir organisé l'événement. Nous nous sommes contactées sur Facebook. Occupy Monsanto cherchait des organisateurs pour Paris pour prendre la manifestations en main. Nous nous sommes regroupées en petit collectif informel au début. Nous avons signé les autorisations de manifestation avec le mouvement Colibris et nous sommes en train de nous constituer en collectif. Nous ne nous connaissions pas. Nous ne nous sommes rencontrées que deux fois avant la manifestation. Nous avons bénéficié de beaucoup de soutiens citoyens et d'associations. Combat Monsanto a financé notre banderole. Attac nous a prêté du matériel pour le son - qui était certes insuffisant mais toujours bon à prendre. Avec presque aucun budget, nous avons tout de même réussi à faire un beau rassemblement. Le prochain sera au mois d'octobre.

 

Pour mémoire : Une journée mondiale de mobilisation contre la firme Monsanto organisée le 25 mai.

 

P : Quelles revendications avez-vous souhaité porter depuis le Trocadéro ?

 

Tout d'abord, nous demandons un moratoire sur les importations et les cultures d'OGM. C'est une priorité. Nous souhaitons aussi que les études indépendantes sur les conséquences toxiques des OGM soient prises en compte par les pouvoirs publics. Nous voulons également que des aides publiques soient accordées aux agriculteurs pour favoriser leur reconversion vers l'agroécologie. Enfin, nous exigeons que cessent les brevets sur les graines car il est inacceptable que des entreprises privées aient la main mise sur le garde-manger du monde.

 

P : N'auriez-vous pas souhaité que le rassemblement soit plus traité par l'ensemble des médias ?

 

L : Les médias ont plutôt relayé l'évènement. Une dépêche a AFP a tourné sur plusieurs sites internet. Mais les journalistes ne sont pas venus. C'est un peu dommage car nous avions convié des intervenants comme Marie-Monique Robin ou Joël Spiroux, des gens de Générations futures. Et nous avions des arguments à porter. Finalement, la presse n'a pas du tout relayé nos revendications. On nous a dit qu'un sujet comme les OGM était moins vendeur que le mouvement contre le mariage pour tous.

 

P : Justement, une polémique est née sur Facebook à propos de la volonté du Printemps français de manifester à vos côtés lors du rassemblement...

 

L : Nous avions été prévenues tôt de leur volonté de participer. Nous les avions contactés en leur disant que nous voulions parler uniquement des OGM. Nous leur avions dit que des slogans comme «GPA, PMA, OGM, même combat», nous n'en voulions pas, mais que s'ils venaient avec des revendications uniquement tournées sur le sujet Monsanto, c'était bon. Tout avait été prévu pour éviter que le débat du mariage pour tous ne s'immisce dans notre mobilisation. Nous avions géré et anticipé leur venue.

 

En revanche, ce qui nous a embêté, c'est la réaction de groupes Facebook d'extrême-gauche qui sont venus dire une heure avant l'évènement que notre sit-in était lié au Printemps français. Du coup, certains à gauche ont écrit sur Facebook qu'ils ne viendraient pas, nous accusant d'être de droite. C'est dommage ! Ces gens ont tout faux, ils ont nui à notre mouvement. J'imagine que cela nous a porté préjudice pour ce qui est du nombre de participants à notre mobilisation.

 

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P : N'est-ce pas le prix à payer lorsqu'on se présente sans aucune étiquette ?

 

L : Si, bien-sûr. Cela étonne toujours. Nous sommes un mouvement citoyen. Nous n'avons pas voulu être récupérés par Europe Ecologie-Les Verts ou par le Front de gauche. Nous-mêmes, organisatrices, nous ne sommes pas dans des associations, nous ne sommes pas encartées. Nous avons voulu éviter toute récupération politique. Forcément, il y a des conséquences. Nous payons le prix de cette position mais nous l'assumons. Nous portons un message politique – bien sûr – mais en dehors des partis politiques.

 

P : Ne pensez-vous que le caractère mondial du rassemblement dilue un peu la portée de votre message ? De même, est-ce que l'aspect sans étiquette du mouvement ne va pas l'empêcher de toucher sa cible ?

 

L : Nous nous adressons à tous les élus ! Notre message s'adresse au gouvernement socialiste, à l'UMP, aux Verts, aux Front de gauche. Les questions soulevées par les OGM ne sont pas liées aux partis politiques. Pour nous, tous les partis devraient se saisir de ces questions. C'est important de s'adresser à tout le monde. Si nous étions encartés, la portée de notre discours en serait diminuée.