Grand Paris Société

L’Autolib’ tarde à atteindre ses objectifs

Publié le  Par Raphaël Didio

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Flickr - Ehpien

Le service Autolib’ était destiné à faire renoncer aux Parisiens et aux habitants de la petite couronne leur voiture particulière. Mais l’objectif peine à être atteint.

Arrivé en décembre 2011, le service Autolib’ n’a toujours pas convaincu les Franciliens à délaisser leur véhicule personnel. SI la Mairie de Paris a constamment revendiqué cet objectif, une étude de 250 pages publiée ce jeudi par le cabinet de conseil 6T, spécialisé en mobilité penche pour le contraire. Cette enquête indépendante, réalisée cet hiver avec le soutien de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) sur 644 utilisateurs du service recrutés à proximité des bornes, était destinée à « déterminer si Autolib' constitue vraiment une solution de transport alternative ou s'il s'agit surtout de marketing politique », d’après Nicolas Louvet, directeur du cabinet 6T, interrogé par le Monde


La moitié des 43 000 abonnés à l’année possédaient une voiture avant de souscrire à un abonnement. Depuis qu’ils utilisent l’Autolib’, seuls 40 % possèdent une voiture. « Cela correspond certes, pour les abonnés, à une baisse de 23 % du parc automobile » précise Nicolas Louvet. Mais 30 % des abonnés sont toujours propriétaires d’une voiture et 10 % d'entre eux en possèdent deux. A titre de comparaison, seuls 13 % des abonnés à Mobizen, un système d'autopartage concurrent qui existe à Paris depuis 2007, ont toujours une voiture.


Un substitut à tous les moyens de transport


Le problème d’Autolib’ à faire baisser considérablement le taux de motorisation résulte d’une particularité du service, la « trace directe », dans le jargon des spécialistes, c’est-à-dire la possibilité de récupérer une voiture à une station et de la remettre à une localisation une fois le trajet effectué. Les systèmes d’autopartage existants dans d’autres pays (Allemagne, Suisse ou Etats-Unis) obligent l’utilisateur à revenir à l’endroit initial. Les « autopartageurs » n’utilisent donc ce service qu’en cas de besoin impératif de se déplacer en voiture.


A l’inverse, les utilisateurs d’Autolib utilisent souvent ce système, deux à trois fois par semaine en moyenne, y compris pour se déplacer sur le lieu de travail, car le service présente l’avantage de proposer une place de stationnement réservée, au départ comme à l’arrivée. Les consultants observent que les Bluecar du groupe Bolloré servent de substitut à tous les moyens de transport : véhicule individuel, transports en commun, vélo, taxi, deux-roues motorisés. Ainsi, leur usage diminue fortement une fois que l’on est abonné à Autolib’.

Un système pas à la portée de toutes les bourses ?

Les abonnés de Mobizen s’adonnent quant à eux plus volontiers à la location d’un vélo et empruntent plus fréquemment les transports publics. «  « Autolib' apparaît comme un mode à part, pas suffisamment intégré au système de transport existant », croit savoir Nicolas Louvet. L’objectif de réduction du nombre de voitures en circulation n’est ainsi pas manqué, car les abonnés interrogés déclarent une baisse de 11 % du nombre de kilomètres parcours en voiture, qu’il s’agisse de leur véhicule ou d’une Bluecar.


Un résultat fortement lié à « la densité de l'offre, 5 stations et 11 véhicules par kilomètre carré dans Paris », précise l'étude de 6T, qui s’interroge quant à la capacité financière toutes les collectivités pour« proposer le même niveau d'offre ». Quant au portrait de l’« autolibeur », il s’agirait généralement d’un homme (71 %), présentant niveau bac +4 occupant une fonction de cadre, émargeant entre 3 000 et 6 000 euros mensuel. 8 % d’entre eux possèdent même un revenu supérieur à 12 000 euros mensuel. Ce qui tend à démontrer que le système est loin d’être à la portée de tous…Pour rappel, l’offre annuel coûté 120 euros par mois, à laquelle il faut ajouter 5,5 euros par demi-heure d’utilisation.







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