Tour de France: ça devait arriver!

Quelle qu’ait été l’issue de cette étape de 14 juillet au Ventoux, elle restera dans la grande histoire du Tour de France. Pour la première fois, on aura vu, scène surréaliste,  un Maillot Jaune courir sur la route sans vélo vers l’arrivée, en réclamant un à la voiture de dépannage neutre, puis finalement récupérant une machine et franchissant la ligne avec 1’40’’ de retard  sur Simon Yates. Celui-ci prenait ainsi la tête du classement général, le temps que les commissaires ne décident finalement et logiquement de rendre justice… et Maillot Jaune à Froome.
Les faits. Après deux timide tentatives de démarrage du Colombien Quintana, Froome , qui avait fait mine de n’être pas au mieux, sauta dans la roue du Batave Mollema en compagnie de l’Australien Richie Porte. Quelques hectomètres plus loin, alors qu’ils avaient déjà pris une vingtaine de secondes d’avance sur le peloton des autres favoris, Richie Porte s’encastrait dans une moto de télévision, bloquée par la foule qui avait envahi la route. Froome ne pouvait non plus éviter le choc. Son vélo cassé, le Britannique se mit alors à courir pour ne pas perdre de temps, du jamais vu !
Pour  le Belge Thomas De Gendt, hélas, on se souviendra donc moins de son succès dans l’une des étapes reine de la 103^e édition du Tour que de ces images d’un Christopher Froome, désemparé, paniqué, escaladant le Ventoux tel un jogger à quelques kilomètres du Chalet Reynard où était jugée l’arrivée. Cela parce que victime de son phénoménal succès, le Tour a une fois encore attiré des centaines de milliers de spectateurs sur le bord de la route du Mont Chauve.
Il fallait bien que ça arrive. Combien de fois n’a-t-on pas vu les coureurs gravir la pente au milieu d’une foule délirante ne laissant parfois -et de plus en plus souvent- le passage qu’à un seul coureur les autres devant se contenter de suivre et d’attendre l’élargissement. Outre le danger pour les coureurs, jamais à l’abri d’excités courant à côté, brandissant un drapeau, cherchant ‘’la’’ photo du siècle ou d’un crétin capable de s’en prendre physiquement à celui qu’il ne veut pas voir gagner, outre donc ces toujours possibles incidents, cette foule incontrôlable peut désormais fausser la course. Ce fut le cas ce jeudi de Fête nationale qui restera dans les mémoires

Pourquoi pas des fan zones

Le Tour de France va donc devoir se poser la question de savoir comment éviter qu’un tel incident se reproduise dans le final des grandes étapes de montagne. Alors quelles mesures prendre pour freiner les ardeurs d’une foule de fans qui ne mesurent pas ce que peut provoquer leur enthousiasme. 
Des barrières tout au long d’une montée de dix kilomètres serait la solution idéale ; encore faudrait-il qu’elles ne soient pas mobiles et bien fixées au sol pour empêcher les débordements du public… ou les effets néfastes du vent (ce fut d’ailleurs le cas  ce jeudi). Mais est-ce réalisable ?
Le règlement demande aux organisateurs de courses cyclistes de prévoir des signaleurs aux carrefours ou aux endroit délicats. Pourquoi ne pas faire appel à des bénévoles qui veilleraient à la sécurité ? Pas certain du tout qu’ils puissent empêcher l’envahissement de la route.
Reste la solution de prendre exemple sur certains rallyes automobiles en créant des espaces pour le public, sorte de fan zones, surtout avant les tout derniers kilomètres obligatoirement barriérés et protégés.  Certes, les spectateurs ne seraient pas aussi proches du peloton -ce qui fait la particularité du cyclisme- mais cela garantirait la bonne marche de la course et empêcherait de revoir un épisode aussi absurde que celui de cette 11^e étape.
Une réflexion s’impose en tout cas si on ne veut pas voir se reproduire une telle scène voire des déferlements plus graves encore.