France Culture

Nouveau CD et tournée pour Alan Stivell: « Une respiration avec un peu d’espoir »

Publié le  Par Jacques-Henri Digeon

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Maël Hébert

Alain Stivell, le chanteur breton vient d’enregistrer un nouveau CD, « Amzer », avant de débuter une tournée dont deux passages à Paris. Pascal Hébert l'a rencontré pour Paris Dépêches.

A l’occasion de ses cinquante ans de carrière, Alan Stivell poursuit le voyage. Un voyage dans le temps et l’espace où la nature a toute sa place. C’est, entre autres, du côté du pays du soleil levant que le poète breton a décidé d’arrimer sa harpe celtique. Son nouvel opus est tout en légèreté. Comme un appel à un Nevez-Amzer (le printemps) qu’il appelle de toute son âme. Alan Stivell n’est pas un poète comme les autres. De ses racines bretonnes, il a su en extraire la quintessence pour aller, tel un marin, à la rencontre d’ autres musiques, d’autres sonorités. Curieux de tout, de tous les genres et de toutes les humanités, Alan nous livre un CD plus que jamais fraternel et multiple. Des notes de sa harpe, jaillissent nos espérances et une forme de bonté qui tend aujourd’hui à nous échapper.
Alan Stivell sera sur la scène de la Cigale à Paris le samedi 7 novembre et le samedi 12 mars au Palais des Congrès.

Comment est né ce nouveau CD?
Cela démarre avec des impros à la harpe dans mon studio. Ma harpe est branchée sur mes appareils et mon ordinateur. Je joue et je ne sais pas où elle va m’emmener. Je suis dans le calme. A un moment, mes notes m’évoquent un Extrême-Orient et je me dis, tiens, j’y poserais bien des Haïkus. Et ça faisait si longtemps que je voulais rendre hommage à cette forme de poésie qui me touche tellement. D’où ce triptyque aux influences japonaises.

Pourquoi cette envie d’aller explorer le Japon ?
Il y a une certaine attirance, depuis ma jeunesse, réveillée par un voyage il y a trois ans. Et puis il y a bien d’autres raisons. C’est peut-être un grand écart entre la Bretagne et le Japon, mais si l’on veut puiser de la force et de l’énergie dans le monde, finalement, c’est d’aller le plus loin possible. Et quand on démontre que l’on peut travailler ensemble avec des gens qui sont aux antipodes, on peut croire que c’est gagné, car on voit finalement que nous ne sommes pas si éloignés que ça aux deux extrêmes de l’Eurasie. Il y a des points communs qui ne sont peut-être pas connus du grand public et même des intellectuels. Beaucoup de personnes pensent notamment en France que deux mondes s’opposent : l’orient et l’occident. Mais il y a tellement de passerelles avec le monde oriental…

C’est peu dire que vos influences sont multiples.
La musique passe par l’improvisation et cela m’a toujours emmené très loin de chez moi ou près.  Depuis toujours mes influences musicales vont jusqu’à l’Extrême-Orient ou l’Inde, par exemple. L’improvisation peut aussi bien me diriger vers le flamenco ou le blues. Tout un monde à ma disposition.

Pourquoi un album aussi zen ?
Le début de l’album, c’est une réponse totalement opposée à ce que l’on ressent aujourd’hui dans l’actualité. Ce que je ressens, je pense le partager avec beaucoup de gens. On a besoin d’une respiration avec un peu d’espoir. C’est comme ça que l’album s’ouvre. C’est important. Par contre avec l’hommage à Samuel Beckett, on est dans des choses plus sombres. Là, nous ne sommes plus dans le coté bucolique. Là, c’est le monde qui se rappelle à nous.

 Que pensez-vous communiquer à travers votre musique ?
La musique, c’est un peu comme un complément à ce que peut apporter avec ses textes, par exemple, le poète irlandais de langue anglaise Séamus Heaney, sur la fin de sa vie, devant les côtes de Clare. Finalement, la musique, c’est comme se trouver devant un paysage et en être émerveillé.

On parle musique, texte, chant, mais il y a aussi votre voix si céleste.
La voix est unie à l’âme. Ce que j’ai trouvé intéressant avec l’album Amzer, c’est de mettre en contact direct l’auditeur avec le moment où je pose les doigts sur les cordes avant même de savoir ce que je vais jouer. Le moment précis où je joue, c’est ce qui arrive à l’auditeur au moment où il écoute l’album. Finalement, c’est de l’improvisation en prise directe. Il y a donc de la spontanéité absolue. Il y a ensuite un travail de reconstruction dans le choix d’un passage ou d’un autre convenant à tel ou tel poème. Les éléments qui sont construits, c’est vraiment le matériau de mon rapport direct avec le touché de la corde. Et pour la voix, c’est pareil. On entend pour les deuxièmes voix une improvisation directe. Je voulais que l’auditeur se dise sur cet instant donné : qu’est-ce qu’il ressent à ce moment là.

Cette reconstruction justement, comment l’avez-vous gérée pour votre album ?
Si l’on écoute l’album, il n’y a rien de carré… sauf à peu près le blues. Pour d’autres morceaux, c’est vraiment anti carré. Sur la base rythmique, il y a beaucoup de choses personnelles parce qu’il y a toute l’influence de la musique celtique, chose que je ne partage pas tant que ça avec d’autres musiciens celtes qui n’ont pas forcément mes motivations. Ils ne recherchent pas en général l’essence profonde de la musique. C’est tellement pas carré que ça évolue par vagues, y compris l’énergie. Pour moi, de toutes les musiques que je connaisse, il n’y en a pas d’autres qui poussent à ce point dans ce sens.

Comment regardez-vous ces cinquante ans de carrière ?
Cinquante ans… et 24 albums. Ce qui m’importe, avant tout en fait, c’est le présent et la création. Et puis profiter de toutes mes expériences dans le domaine de la lutherie, puisqu’il y a une nouvelle harpe pour cet album. Celle-ci est la plus belle et la plus réussie au niveau du son amplifié (pour harpe sans caisse et corde nylon-carbone). Je l’ai dessinée et Tom Marceau l’a réalisée. 

Propos recueillis par Pascal et Maël HEBERT (photo Maël Hébert)


Amzer : l’album des quatre saisons. Alan Stivell est plus qu’un musicien. C’est un chercheur. Et plus encore. Alan Stivell est un homme de liaison, un passeur. Sa culture bretonne n’est qu’un passeport pour aller découvrir d’autres univers musicaux. La meilleure preuve, s’il en faut, c’est son dernier CD d’une beauté absolue. La harpe, conçue spécialement pour ce nouvel opus, a dirigé notamment ses notes et ses émotions vers le pays du soleil levant. Une fois de plus, Alan nous fait la grâce de nous livrer ses dernières impressions. Le poète et musicien qui ne vit pas « hors sol » est lui aussi transpercé par les ondes néfastes qui secouent la planète. Devant ce torrent de grêles, Alan, armé de sa harpe, nous réinvente le jardin d’Eden. Un petit coin de paradis pour que notre esprit si sollicité se pose et s’apaise. En ces temps troublés, le son cristallin de la harpe de Stivell atteint directement le cœur de nos émotions. Et puis dans ce CD, il y a des voix. Et quelles voix ! Outre Alan, Toshiko Dhotel, Maliko Oka et la sublime Grainne O’ Malley enroulent leurs voix autour des notes d’une harpe céleste. Tout simplement magnifique.
P.H.


Alan Stivell en bref. Alain Cochevelou naît le 6 janvier 1944.
- En 1953, il se produit à la Maison de la Bretagne à Paris avec la harpe fabriquée par son père.
- Le premier enregistrement d’un 33 tours HarpeCeltique a été réalisé en 1964.
- Concert événement à l’Olympia a lieu en février 1972.
- Il publie l’album Back to Breizh en 2000.
- Un concert à l’Olympia a été organisé quarante ans après la soirée événement.
- En 2013, il écrit pour Arthaud Sur la route des plus belles légendes celtes.


Alan Stivell en concert. De la Bretagne à la Loire en passant deux fois par Paris, la tournée d’Alan Stivel débutera le jeudi 5 novembre pour s’achever le jeudi 17 mars. Voici les dates et lieux de ses concerts.
5 novembre, Saint-Brieuc (Côtes d’Armor) à la La Citrouille ; 6 novembre, La Baule-Escoubac (Loire-Atlantique) à Atlantia ; 7 novembre, Paris 18e à La Cigale ; 9 décembre, Pacé (Île-et-Vilaine), au Ponant ; 12 décembre, Concarneau (Finistère) au Centre des Arts ; 28 février, Brest (Finistère) à L’Arena ; 2 mars, Troyes (Aube) au Cube ; 4 mars, Lille (Nord) au Zénith Arena ; 5 mars, Rennes (Ile-et-Vilaine) au Liberté ; 6 mars, Laval (Mayenne) à la salle polyvalente ;  11 mars, Déols (Indre) à Mach36 ; 12 mars, Paris 17e au Palais des Congrès ; 13 mars, Epernay (Marne) au Millesium. Toulouse (Haute-Garonne) au Zénith  et Riorges (Haute-Loire) sont à confirmer.
 

 







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