France Culture

Il y a dix ans… Georges Moustaki

Publié le  Par Pascal Hébert

image article

Pascal Hébert

Marc Legras, journaliste à "Chorus le magazine" dirigé par Fred Hidalgo, et fin connaisseur de l’œuvre et de l’homme Moustaki n’avait qu’une envie : continuer de parler de ce poète à qui il pensait chaque jour. Depuis quelques mois, il a rejoint dans le temps et l‘espace Georges Moustaki et tous les chanteurs qui comptaient pour lui comme Brel, Brassens et tant d’autres. Il y a dix ans, Moustaki quittait ce monde sur la pointe des pieds laissant derrière lui des chansons à son image. Des chansons emplies d’humanité avec tout ce que cela comporte de tendresse, d’amitiés, d’amours et de révoltes.

S’il se fait connaître en 1969 du grand public avec Le Métèque, Moustaki avait déjà vécu auparavant une vie en accéléré auprès d’Édith Piaf, en 1958, et de Georges Brassens, quelques années plus tôt. Avec Brassens, il avait son maître et avec Piaf, sa maîtresse. C’est elle qui accouchera l’auteur en le mettant au défi de lui écrire une chanson, la chanson qui fera le tour du monde, « celle qui entre par une oreille et trouve l’autre fermée » comme le chante si bien Claude Nougaro. Ce sera Milord que l’on ne présente plus et que Georges interprétera une seule fois en fin de piste d’un CD en 2003.

 

Faire voyager les âmes

 

Dans les années 60, Georges Moustaki écrit des chansons au gré de son inspiration et de ses rencontres. Embarqué par son amie Barbara dans un train pour Caen, il découvre Serge Reggiani sur scène. L’Italien et l’Égyptien se reconnaîtront sûrement sur fond de bassin méditerranéen. Moustaki lui donnera ses chansons qui dorment dans ses tiroirs et lui écrira Sarah que Reggiani ne pouvait ne pas interpréter sur scène tant elle était réclamée : « Nous avons mis trois mois à l’écrire. Je ne revendique pas entièrement cette chanson. J’ai plutôt retranscrit ce que voulait exprimer Serge », dira-t-il plus tard. Avec Barbara, c’est une belle amitié qui les lie. Il accompagne la chanteuse en tournée et sur les plateaux de télévision pour interpréter en duo La longue dame brune… même lorsque le succès de la chanson Le Métèque sonnera à sa porte. Une fidélité qui ira droit au cœur de Barbara. Elle avouera : « Moustaki, c’est ma tendresse. » Cette fidélité, c’est la marque de fabrique de Moustaki, ouvert à tous et à toutes.
 

A partir de 1969, il écrit inlassablement des chansons, des livres, dessine, enregistre, chante sur tous les continents. Si le monde lui appartient, c’est à Paris qu’il se ressource. Dans son appartement au 26 rue Saint-Louis-en-l'Île, au dernier étage de l’immeuble en face de l’église, un calme apaisant règne. L’escalier au centre de la pièce principale donne l’impression que nous sommes dans la cabine d’un bateau prêt à larguer les amarres pour un voyage intérieur. Et comment mieux faire voyager les âmes si ce n’est par le biais de la musique et des mots. Amoureux de la langue française qu’il a servie avec rigueur et dévotion, Georges Moustaki a révélé au fil du temps une poésie que l’on retrouve dans beaucoup de ses chansons universelles comme La Carte du tendre, Voyage et tant d’autres.


« Moustaki ? Un poète. Et quel poète ! »


« Moustaki ? Un poète. Et quel poète ! » dira de lui l’écrivain brésilien Jorge Amado. Cette autre définition de la poésie signée Yves Simon lui va comme un gant : « La poésie est le squelette de toute œuvre, la beauté et la noirceur sa trame, elle se pare de sentiments et de couleurs, d'effroi et de sueur, elle est le travail que s'imposent ceux qui s'imposent ceux qui veulent laisser trace quand tout porte au silence, à l'abdication. »
 

De Moustaki, il me reste des chansons marquantes et universelles comme Déclaration, Tes gestes, Il y avait un jardin, ses réponses à beaucoup de mes questions, des cafés, des appels téléphoniques, l’entendre parler plusieurs langues en moins d’une heure, ses regards, son indulgence, sa gentillesse à chacune de nos rencontres ou de nos rendez-vous manqués (« Je chanterai Le temps de vivre au Théâtre de Chartres en pensant à vous ») et sa bienveillance sans oublier le partage d’une mousse au chocolat dans une brasserie de l’île Saint-Louis.


Georges Moustaki, comme tant de poètes, n’est pas mort. Il a tout simplement rejoint François Villon, Jacques Prévert, Georges Brassens et nombre de trouvères qui ont su savamment mélangé la note jolie à la poésie.

 

Pascal Hébert

 

(photo Patrice Hébert)







Réagir

Si vous souhaitez voir votre commentaire apparaître directement sur le site sans attendre la validation du modérateur, veuillez vous identifier ou créer un compte sur le site Paris Dépêches.


Publier le commentaire

Me prevenir des réponses




Commande de vin

Vêtements bio

retour menuRetour au menu

© 2013 AMLCF - Réalisation : NokéWeb