Seine-Saint-Denis (93) Politique

Jean-Christophe Lagarde (UDI) : « Avec la gare de triage de Drancy, l’Etat est irresponsable »

Publié le  Par Antoine Sauvêtre

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Paris Dépêches a contacté le député-maire de Drancy. Il dénonce depuis des années les dangers que représente la gare de triage dans sa ville. Il a récemment déposé plainte pour « mise en danger d’autrui », à un mois des municipales durant lesquelles il briguera un troisième mandat.

Jean-Christophe Lagarde, maire de Drancy depuis 2001, mène la fronde avec les édiles du Bourget et du Blanc-Mesnil contre la gare de triage de sa ville, où plusieurs incidents récents ont alerté sur les dangers qu’elle représentait pour les habitants des trois villes de Seine-Saint-Denis. En janvier il a déposé une plainte contre l’Etat qui « minore les risques ». Depuis avril 2013, toute construction est interdite dans un périmètre de 620 mètres autour de la gare, nuisant au développement de Drancy.
 

Son combat contre la gare de Drancy sera le véritable enjeu de son troisième mandat, s’il est réélu en mars prochain. Une réélection pour laquelle le maire se dit « confiant » face à une gauche « plus divisée que jamais ».
 

Paris Dépêches : Après un déraillement de train en décembre, vous avez déposé plainte contre l’Etat à propos de la gare de triage de Drancy. Pour quelles raisons ?

Jean-Christophe Lagarde : J’ai effectivement déposé plainte contre Réseau Ferré de France (RFF), la SNCF/Fret, le préfet de Seine-Saint-Denis et le ministre des Transports pour « mise en danger d’autrui ». Ils savent parfaitement les dangers que représente le triage de produits toxiques ou inflammables dans cette gare mais ne prennent pas les mesures nécessaires. Ils ne pourront pas dire qu’ils n’étaient pas au courant en cas de catastrophe. L’étude réalisée par la préfecture à partir de 2011 a abouti à un constat : la gare de triage est effectivement dangereuse pour les habitants dans un périmètre de 2600 mètres. Mais même cette étude est tronquée et sous-estime les dangers, notamment dans les villes voisines comme Le Bourget ou Blanc-Mesnil. D’une part parce qu’elle ne prend en compte qu’une partie de la gare et pas la gare en entier. De plus, tous les produits chimiques n’ont pas été pris en considération. Le danger du chlore gazeux est une chose mais si tous les autres produits étaient inclus, cela changerait les mesures. Enfin, l’étude ne parle pas d’effet domino d’un incident sur le site. Si l’un des wagons venait à exploser, le feu de nappe peut se répandre à tous les autres wagons contenant des produits inflammables. Autant d’éléments qui montrent que les autorités minorent les risques.
 

Que réclamez-vous ?

La gare de Drancy peut continuer de tourner, il y a plus de 135 000 wagons, comme ceux de céréales, qui ne posent aucun problème. Je réclame simplement un tri des produits dangereux dans les champs, à l’écart des lieux de résidences. Cette solution ne coûterait pas un euro à l’Etat mais elle coûte cher pour les entreprises du transport et aux industriels. Il y a des vies en jeu, c’est donc au ministre des Transports de prendre ses responsabilités et de réglementer urgemment !
 

Pourquoi avoir autorisé des achats de terrain ou des constructions dans un périmètre réputé dangereux ?

Mais je n’ai rien autorisé, moi ! Ce sont les services préfectoraux qui le font. Depuis avril 2013, le préfet interdit toute construction dans un périmètre de 620 mètres. Mais il ne prend aucune mesure pour limiter les risques pour les résidents déjà installés. Selon l’étude, il y a donc effectivement danger, mais la probabilité d’accident n’est pas assez forte pour prendre des mesures réellement sécuritaires. Autrement dit, pour les autorités, 30 000 morts, ce serait acceptable mais 31 000 non. L’Etat est tout simplement irresponsable. Aujourd’hui, les acquéreurs de terrain à Drancy ne peuvent pas construire dessus. Ceux qui veulent agrandir leur maison et construire une chambre pour leurs enfants ne peuvent plus le faire non plus. Et il n’y a pas de possibilité de vendre, puisque les maisons ont perdu 25 à 30% de leur valeur. Alors qui indemnise ? De la même manière, nous sommes dans l’impossibilité de construire deux écoles à Drancy. Que fait-on pour scolariser nos gosses maintenant ?
 

Concernant les municipales, votre objectif est-il d’être élu au premier tour comme en 2008 ?

Je n’ai pas d’objectif particulier si ce n’est d’être élu. C’est aux citoyens de faire leur choix. Mais je pense que l’on peut être raisonnablement confiant pour ces élections. D’autant que la gauche est plus divisée que jamais à Drancy. Les socialistes, les communistes et Lutte ouvrière sont incapables de s’entendre sur un programme commun, ni même sur un programme tout court d’ailleurs. Moi, je n’ai jamais affiché d’étiquette pour les municipales car dans ma liste j’ai des sympathisants du Modem, de l’UDI et même des socialistes ou des communistes. Je suis membre de l’UDI pour mon mandat de député mais je n’ai jamais affiché de soutien aux municipales, ni en 2001, ni en 2008.
 

Drancy a largement voté pour François Hollande en 2012 au premier tour (35% contre 19% pour Nicolas Sarkozy). Cela vous inquiète-t-il ?

Non. Vous pouvez même regarder au second tour, François Hollande a dû faire 72% (62% en réalité) mais cela n’y change rien puisqu’il y a des enjeux très différents aux municipales. De plus, les Drancéens que je rencontre se sentent aujourd’hui trahis et cocufiés par le gouvernement. Ils n’ont pas l’intention de se faire avoir une deuxième fois. Moi j’ai fait 69% au premier tour en 2008, et je pense que les Drancéens ont plus changé d’avis sur François Hollande que sur moi.
 

Quels sont les thèmes que vous défendez prioritairement durant cette campagne ?

Ce sont des projets et des enjeux très locaux. Tout d’abord, nous voulons une desserte de métro en centre ville car il y a peu d’activités économiques à Drancy et 84% des Drancéens travaillent à l’extérieur de la ville. Ils sont obligés de prendre la voiture ou de faire des heures de transports en commun pour se rendre sur leur lieu de travail. Puis nous préparons un projet de rénovation urbaine dans la cité Gaston Roulaud. Nous voulons bénéficier d’une convention de renouvellement urbain auprès de l’Agence nationale de rénovation urbaine (Anru) pour cette cité. D’autre part, sur l’emploi nous voulons apporter de l’aide aux demandeurs d’emploi plus qu’aux entreprises, car actuellement le gouvernement fait l’inverse. Il faut rassembler les services municipaux pour l’emploi pour plus d’efficacité. Cette année, les efforts de la mairie ont permis le recrutement de 150 personnes. Je me suis également battu pour qu’une agence Pôle emploi s’installe à Drancy. Ce qui va être le cas cette année. Enfin, nous avons deux écoles à construire, ainsi qu’une maison de santé pluridisciplinaire pour lutter contre la désertion médicale. C’est une continuité et une amplification de la politique municipale que nous menons depuis 2001.
 

Que préconisez-vous pour améliorer la sécurité à Drancy ?

Drancy est l’une des villes les plus sûres du département. Il y a très peu de violence. En revanche, il y a des cambriolages et il faut faire face à la réduction des effectifs de police. C’est pourquoi, pour la prochaine mandature nous souhaitons une police municipale joignable 24h/24h. Actuellement elle s’arrête à 2h du matin et reprend à 7h. Nous voulons également proposer aux Drancéens qui le souhaitent un système d’alarme directement relié au centre de police. Enfin, de nouvelles videoprotections seront installées dans une cité en particulier, qui fait face au trafic de drogue.
 

Vous êtes député-maire. Comment accueillez-vous la loi sur le non-cumul des mandats ?

C’est une ânerie, une hypocrisie. Personne ne s'est jamais plaint de mes deux mandats. J’arrive très bien à faire les deux. Cette loi est d’un populisme stupide et dangereux. Stupide parce c’est uniquement une façon de calmer les citoyens réfractaires au gouvernement. Et dangereux parce qu’en France, l’Etat est centralisé. Le président français est celui qui a le plus de pouvoir en Europe. Seul le Parlement fait office de contre-pouvoir. Déjà que les législatives ont désormais lieu dans la foulée des présidentielles favorisant une majorité pour le gouvernement, si en plus, les élus locaux sont exclus de l’Assemblée nationale et du Sénat, nous aurons un Parlement croupion.
 

Avez-vous signé la charte de l’association Anticor ?

Je ne connais pas cette association et ne suis pas au courant de cette charte. Mais de façon générale, je ne signe pas les chartes des associations ou des groupes de pression. J’établis un contrat avec les électeurs, pas avec des groupes de pression, quels qu’ils soient.







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