Hauts-de-Seine (92) Société

Et si Nanterre (92) se faisait manger par la Défense ?

Publié le  Par Paris Dépêches

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© Claire Macel, mairie de Nanterre

La ville de Nanterre (92) est-elle en danger ? Le quartier de la Défense en pleine expansion va-t-il "manger" une partie du territoire de cette ville de 91 000 habitants avec le soutien de l’État ? Dans un communiqué, son maire Patrick Jarry, laisse en tout cas entendre que dans le dossier de "l’extension du quartier d’affaires de La Défense à Nanterre, l’État veut passer en force"… Le maire adjoint en charge de l’aménagement et de l’urbanisme, Marc Vignau, répond aux questions de Paris dépêches.

Paris dépêches : Êtes-vous d’accord avec ce projet d’élargissement de la Défense sur votre ville ? Quelles contreparties attendez-vous ?
Marc Vignau : Après des mois d’interrogation sur ce que l’Etat comptait faire, le maire de Nanterre vient de recevoir, le 3 août, un courrier du préfet de région avec un projet de décret préparant la dissolution de l’Etablissement public d’aménagement de La Défense (Epad) et de l’Etablissement public d’aménagement de Seine-Arche (Epasa) ainsi que la définition d’un nouveau périmètre pour l’opération d’intérêt national (OIN). Ainsi l’Etat sarkozien prend une décision majeure en plein cœur de l’été, en donnant trois petit mois pour rendre un avis, sans même avoir consulté ni les élus, ni les habitants, ni les associations des quatre villes concernées par le nouveau périmètre de l’OIN.
Nanterre n’attend pas de contrepartie autre que celle d’appliquer les règles démocratiques, l’écoute des habitants et de leurs associations, de travailler avec les élus et de cesser cette manière de gouverner par oukases.
Avec le projet "Seine-Arche" élaboré en concertation avec les services de l’Etat, les élus, les associations et les habitants, l’aménagement de Nanterre-La Défense avait un cours normal. Chacun peut voir les premières terrasses au pied de la Grande arche, les bâtiments de logements en cours de construction et les tronçons d’autoroutes ainsi que les viaducs inutiles - déjà réalisés, à l’époque, par l’Etat – sont détruits. Une autre contrepartie serait donc de laisser Nanterre poursuivre ce que nous avons engagé et que le suffrage universel a validé l’an passé.

Pour organiser cette petite "révolution", une opération d’intérêt national va être installée. Un nouveau périmètre d’intervention sur la ville de Nanterre a été évoqué… Ce périmètre ne semble pas vous plaire. Pourquoi ?
Le problème ce n’est pas que cela nous plaise ou non. Le constat, au regard des premiers plans, qui ont été adressés au maire, c’est que Nanterre est concernée pour 556 hectares, sur les 1 220 que compte la commune. Toutes les zones d’activités économiques de la ville seraient absorbées. Pourtant, la plupart d’entre-elles sont déjà aménagées et vivent un développement dynamique. Quant à la ZAC des Guilleraies la Société d’économie mixte de Nanterre (Semna) est en charge de son évolution - avec des emplois industriels et tertiaires. Pourquoi inclure ces secteurs dans l’OIN et pour quel projet ? A ma connaissance, rien n’est élaboré à ce jour.


Les élus de la ville auront-ils leur mot à dire dans la mise en œuvre de ce projet ?
D’ores et déjà je peux vous assurer que les élus de la majorité municipale de Nanterre, ou pour le moins ceux du groupe communiste et d’initiative citoyenne, dont le maire et moi-même font partie, nous continuerons d’agir au quotidien, en associant toujours plus les Nanterriens, pour travailler à l’émergence d’une ville où il continuera de faire bon vivre. C'est-à-dire une ville de la mixité économique, de la mixité d’emploi, de la mixité d’habitat, de la mixité en termes d’équipements culturels, sportifs, scolaires, de santé, d’accueil, de la mixité des origines. Ensemble nous continuerons pour que Nanterre soit une ville pour tous et où l’exclusion n’a pas sa place.
Quant au projet de décret, sur quinze membres de son conseil d’administration, deux administrateurs sont prévus pour Nanterre. Qui peut accepter cela ? L’essentiel de cet aménagement Nanterre-La Défense est sur le territoire de Nanterre et les élus de la population auraient une position minorée.
Les grands discours sur les élus de terrain, les élus de proximité ne seraient que du « baratin » technocratique pour faire beau dans la bouche de ceux qui en parlent tout en faisant le contraire ?
Nous ferons tout pour nous opposer et exiger que la gouvernance, qui se mettra en place, prenne en compte des données plus respectueuses des Nanterriens, de leurs élus et du bon sens.

Cet empiètement de La Défense aux dépens sur votre ville n’est-il pas l’un des premiers effets pervers du développement du fameux "Grand Paris" souhaité par Nicolas Sarkozy?
C’est plus qu’un effet pervers. Nicolas Sarkozy, comme il vient de le faire récemment alors de la Table ronde au Cnit, ne dialogue qu’avec lui-même. Dans son discours sur le "Grand Paris" il a affirmé "Il s’agit de rompre avec un rationalisme si excessif et si glaçant qu’il finit par être à l’opposé même de la vie". Eh Bien ! N’est-ce pas exactement le contraire que fait l’Etat dans l’une des toutes premières dispositions pour ce "Grand Paris", en se conduisant comme je viens de l’expliquer ?
Je voudrais conclure avec un autre effet pervers dont je ne voudrais pas qu’il passe inaperçu. L’Epad est un gouffre financier sans fond dont les comptes sont dans le rouge depuis plusieurs années. A l’Epasa c’est exactement le contraire. Ainsi le projet de décret prévoit une comptabilité unique ce qui, à mon avis, n’a d’autre but que de siphonner l’actif positif de l’Epasa.

Photo : © Claire Macel, mairie de Nanterre







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