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Poulets en feu : les Inrocks crient à la censure

Publié le  Par Fabrice Bluszez

Crédit image © dr


Le journal Les Inriocks vole au secours d'Adel Abdessmed, l'artiste qui avait présenté une video de poulets en feu au Musée d'art contemporain de Lyon (Rhône)... Et évoque la "censure".

Juli Ackerman, dans Les Inrocks, le jeudi 15 mars, écrit à propos du retrait de l'oeuvre décriée par les associations de défense des animaux, et qui avait déjà été exposée en 2013 sans susciter de polémique :
 

« Personne ne semble l’avoir contraint à retirer cette vidéo. Un artiste ne devrait-il pas résister à la censure évoquée par l’artiste, celle "qui empêche de dire et qui décide comment on peut et doit dire"?

« Cet épisode a peut-être néanmoins le mérite de poser la sempiternelle question de savoir jusqu’où l’art peut aller pour signifier et interroger le monde. Car le spectre de la censure plane actuellement sur les artistes contemporains, exposés plus que jamais au déchaînement médiatique, dans une époque où chacun peut y aller de son petit commentaire. Les artistes devraient justement combattre la censure, au risque, faute de quoi, de proposer des œuvres consensuelles. L’art contemporain ne doit pas fuir le conflit, il est inhérent aux propositions d’un artiste comme à la démocratie. Sans friction ni débats, la démocratie et son corollaire, l’art contemporain, sont malades. »


Confronté à son public 
 

On peut, à l'inverse, considérer qu'aujourd'hui, l'artiste est confronté aux commentaires du public, ce qui n'arrivait pas avant, lorsque les gens passaient silencieux dans les salles, seule "la critique" ayant le droit de s'exprimer à travers la presse spécialisée. Aujourd'hui, les particuliers, les associations (de défense de ceci ou cela) expriment leur joie ou leur mécontentement sur les réseaux sociaux. En réalité, la démocratie y gagne. Même si ces opinions exprimées "dans l'instant" auraient fait décrocher en leur temps quantité d'oeuvres jugées aujourd'hui intemporelles.


Adel Abdessemen expliquait dans Le Figaro :
 

« J'ai réalisé la vidéo Printemps au Maroc avec une équipe de techniciens créateurs d'effets spéciaux pour le cinéma, qui utilisent couramment un produit pour créer des effets de flammes et d'incendie qui sont sans danger. J'ai déjà utilisé ce produit sur moi-même pour "Je suis innocent" qui me montre en flammes comme les poulets de "Printemps" qui n'ont été soumis à cet effet de flammes que pendant trois secondes et sous le contrôle strict de techniciens expérimentés pour éviter toute souffrance. »
 

« J'ai décidé de retirer cette vidéo, parce qu'on ne parle plus que de ça. Les réseaux sociaux s'enflamment en Allemagne, en Chine, en Hongrie, en Bulgarie. C'est fou. Un artiste travaille avec son intuition du monde, avec les moyens techniques de son temps, pour parler - comme toujours depuis les débuts de l'humanité - de l'homme et de la condition humaine, de son besoin de liberté et de la violence qui le contraint, qui l'anéantit parfois. Je veux que l'on revienne à l'art! Pour moi, aujourd'hui, cette attaque en règle par des militants qui n'ont pas vu mon travail et le jugent quand même, est à double sens. En tant qu'artiste, c'est un peu la Nuit de Cristal. La censure qui empêche de dire et qui décide comment on peut et ce que l'on doit dire. Qu'aura-t-on le droit de dire et de montrer, demain ? En tant qu'artiste pourtant, c'est aussi un triomphe. Puisqu'une œuvre fictive, simulée et symbolique, suffit à créer la tempête. »


 

 

@sanatberbat Adel Abdessemed, Printemps. L’antidote sergisi, Musee d'art contemporain Lyon. pic.twitter.com/HesdXsX1fn

— Emir Külal Haznevi (@KulalHaznevi) 10 mars 2018