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Quand la conscience parle

Publié le  Par Pascal Hébert

Crédit image © Claude Hélie (Gallimard)


Maylis de Kerangal vient de publier un petit livre majeur de soixante-douze pages aussi fort que le tonnerre ! En pleine nuit, en octobre 2013, une femme écoute la radio chez elle. L’heure est aux songes plutôt qu’à la triste réalité.

Sur les ondes, une information vient percuter l’âme de l’auditrice pas si distraite que cela. Lampedusa, c’est le naufrage de migrants. Il y a des disparus, des morts. Si Lampedusa jaillit dans la nuit étoilée, c’est aussi pour raviver des souvenirs. Notamment celui d’un film Le Guépard avec Burt Lancaster. Arrivant comme un écho à un drame humain, le nom de Lampedusa est l’occasion pour la narratrice de laisser son âme voguer sur la mer des souvenirs. Il y a ce film aimé et revu en couleurs. Mais c’est aussi des paysages, une vieille aristocratie. L’île de beauté s’est malheureusement muée en île de la tragédie. De la tragédie humaine d’une Europe qui ne sait plus accueillir. Cette terre, devenue inhospitalière, est dénoncée par Maylis de Kerangal dans son petit chef d’œuvre A ce stade de la nuit. Entre rêverie et balade nocturne dans le chaos de ce monde, Maylis de Kerangal nous rappelle notre condition d’homme et notre devoir d’accepter l’autre en toute simplicité et avec tolérance. Nous sommes et serons tous des migrants avec le réchauffement climatique bien en marche et dont les conséquences s’annoncent plus tragiques que l’on peut l’imaginer.

Pascal Hébert.

À ce stade de la nuit de Maylis de Kerangal. Editions Verticales. 80 pages. 7,50 euros.