Accueil |  Qui sommes-nous |  Contact


Les dames du temps jadis

Publié le  Par Un Contributeur

Crédit image © Fabrice Bluszez


Le styliste Lamyne M. a installé dans la basilique Saint-Denis huit « Grandes Robes royales ». En respectant l’esprit du lieu…

Lamyne Mohamed arrive sur sa trottinette sur la place, entre la basilique et l'hôtel-de-ville de Saint-Denis. « Je suis Dyonisien. Je respecte beaucoup ces lieux. J'aime beaucoup ces lieux. C'est un lieu où on a le plus grand rendez-vous. Le rendez-vous des morts et le rendez-vous des vivants. Les morts avec les rois et reines qui sont enterrés, les vivants avec les 120 nationalités qui vivent autour de la basilique mais parfois ne connaissent pas son importance... Il fallait trouver un projet qui respecte le lieu, la religion et les personnes enterrées dans la basilique. Ce n'est pas une boutique. Ce n'est pas le lieu où je viens simplement présenter des vêtements... J'ai pris juste les techniques de la haute-couture pour les mettre au service de la culture, de l'art et de la transmission. »

Grandeur, dignité, puissance

Le couturier habite Saint-Denis. Il y a son atelier. Après une première exposition internationale intitulée « Je les vois grandes » présentant des vêtements féminins sur des silhouettes de trois mètres de haut, il a placé huit « grandes robes royales » dans la nécropole de Saint-Denis. On les trouvera dans la crypte, au milieu de chacune des chapelles rayonnantes. On en verra d'autres dans la nef, devant le choeur, entourées des gisants. Chacune est liée à une reine défunte dont le nom est indiqué sur un panonceau : Jeanne de France, Frétégonde, Constance de Castille ou d'autres.
 


Les immenses mannequins créent dans ce monde de pierre silencieux et voué au recueillement une présence vivante. Pourquoi ça marche ? C'est tout simple. La taille rappelle la notion de grandeur attachée au titre royal. La coupe est sobre et élégante et symbolise la dignité. Les tons, rouges, gris, unis ou très travaillés expriment une puissance maîtrisée par une règle stricte. Ces silhouettes hiératiques immobiles devant des vitraux rappellent la caractère sacré de la fonction. Lamyne M. connaît son sujet. Le mot s'impose : respect.

« Une importance capitale »

Il aura donc fallu un styliste né au Cameroun en 1977 pour réconcilier l'art contemporain dans ce qu'il a peut-être de plus frivole, la mode, avec l'histoire la plus profonde. Lamine M. précise : « Les tissus qui ont été utilisés pour fabriquer ces robes sont venus d'autres continents, d'autres horizons et ont pour certaines cultures une importance capitale. » Les élèves du lycée professionnel et les femmes d'une maison de quartier ont participé au projet et cinq autres robes royales sont disséminées en ville.
 

C'est, jusqu'en avril, peut-être le moment de (re)visiter la basilique cathédrale. Les tombeaux des rois, les gisants, l'atmosphère de recueillement et le poids de l'histoire demeurent, dans une présentation rénovée et très claire. Enrichie, donc, de ces grandes robes royales.
 

Fabrice Bluszez

Pratique : 

Jusqu'au 30 avril 2016.
Visite en semaine de 10 heures à 17h15, le dimanche de midi à 17h15.
Plein tarif : 8,50 € Tarif réduit : 6,50 € (jeunes de 18 à 25 ans non ressortissants de l’Union européenne) Groupe scolaire : 30 €. Gratuit : moins de 18 ans (hors groupes scolaires) 18-25 ans (de l’Union européenne et résidents réguliers), 1er dimanche du mois, handicapé(e) et accompagnateur, demandeur d’emploi, bénéficiaires RMI, RSA, aide sociale.