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La taxe Tobin ne convainc pas

Publié le  Par Jennifer Declémy

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Annoncée lors du colloque du Nouveau Monde le 06 janvier dernier, la taxe tobin a du mal à convaincre les esprits, tant sa mise en place solitaire par la France serait difficile

Annoncée la semaine dernière par le Président de la République, peut-être en contrepoint de la TVA sociale plutôt impopulaire chez les français, les pays de l’Union Européenne et les marchés financiers se prononcent contre une telle initiative en solitaire.

Ce sera le sujet du jour lors du déjeuner prévu entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel aujourd’hui. Alors que vendredi matin, les autorités françaises ont annoncé que la France était prête à aller jusqu’au bout, et qu’une loi verrait le jour au cours de l’année, le porte-parole du Gouvernement allemand a déclaré que son Gouvernement était contre, « la position allemande est inchangée (…) le but est d’aboutir à l’instauration d’une taxe sur les transactions financières dans l’Union Européenne ». Même son de cloche chez les italiens qui jugent « nécessaire que les différents pays européens n’aillent pas en solitaire dans l’application ». La commission européenne s’agace également de cette annonce et plaide pour une « cohérence » entre les différents partenaires européens.

Et si les autres pays européens ne sont donc pas convaincus par Nicolas Sarkozy, les marchés eux s’affolent devant une telle perspective, tandis que financiers et spécialistes du genre préviennent que si seule la France adoptait une taxe sur les transactions financières, cela « affaiblirait l’économie français », selon le groupe Europlace : délocalisations des activités concernées des banques au profit des grandes places financières dont Londres, telle serait la principale menace et pour prouver leurs dires, vendredi les bourses ont démarré dans le rouge, sauf pour la City.

Pourtant, hier par la voix de son secrétaire d’état au logement, Benoit Apparu, le Gouvernement a réaffirmé son intention de faire adopter un texte très vite, sûrement en février, malgré l’agenda déjà très chargé du Parlement. L’opposition dans son ensemble dénonce une manœuvre bassement électorale qui n’aboutira sans doute pas, seule Arnaud Montebourg se dit prêt pour l’instant à voter un tel texte, sans à priori. François Hollande aussi, mais avec ironie le député de Corrèze note que « ce n’est pas la plus mauvaise idée qu’il ait eue, c’est dommage qu’il l’ait eue à la fin de son mandat ». Le Medef en revanche, par la voix de sa patronne Laurence Parisot, déclare que "la taxe Tobin ne changerait pas grand chose" et aurait plus d'effets négatifs que positifs, comme par exemple les délocations massives qui s'ensuivraient.

Quoi qu’il en soit le président sortant aura fort à faire pour convaincre la chancelière allemande ce midi. Réunion prévue de longue date entre les deux partenaires, elle devait initialement porter sur le processus de modification des traités européens, la fragilité du secteur bancaire et le danger d’une récession imminente mais Nicolas Sarkozy va tenter de bouleverser ce calendrier. Si la France aimerait pouvoir imposer ce projet au rester de l’Europe, le but de l’UMP est aussi et surtout de déposer un projet de lois de finances rectificative pour le mois de février.