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Parlement : Bernard Accoyer sort de son rôle de Président

Publié le  Par Jennifer Declémy

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Il fait peu parler de lui, mais quand Bernard Accoyer adresse ses voeux à la presse et s'en prend violemment aux socialistes, il sort de son rôle institutionnel

"Si la gauche passe, cela aura des conséquences économiques et sociales comparables à une guerre". Ces propos, extraits de voeux à la presse, n'émanent pas d'un des snipers de la majorité présidentielle mais du président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer et de telles déclarations illustrent bien la dérive politique du Parlement. D'une chambre d'adoption et de discussion des textes législatifs, les deux assemblées sont devenues des chambres d'enregistrement des volontés gouvernementales, ainsi qu'un instrument partisan de ce dernier, sans qu'aucune neutralité ne puisse y être trouvée.

Quel est le rôle du président de l'Assemblée nationale ? Il n'est peut-être pas la figure la plus connue des institutions de la République mais néanmoins, constitutionnellement il est très important. C'est avant tout lui qui est garant du bon fonctionnement de sa chambre. Il protège tous les députés, de manière égale, sans prendre en comptes ses propres positionnements politiques. Il assure le lien politique entre le Gouvernement et les parlementaires. Bref, il est une personnalité qui garantit le bon fonctionnement du processus législatif, mais il reste neutre. En théorie.

Ca a été plus ou moins évident sous les différentes présidences, mais depuis 2007 et l'accession de l'ancien président du groupe UMP à l'Assemblée nationale au Perchoir, les choses ont considérablement changé. Est-ce un effet de l'antisarkozysme latent qui règne parmi les députés de l'opposition ? Ou une illustration de l'emprise qu'exerce le parti majoritaire sur tous ses membres, y compris Bernard Accoyer, qui semble aujourd'hui incapable de se départir de son habit de responsable de droite ? Ou tout simplement un effet de la dégradation de l'atmosphère politique entre la droite et la gauche depuis 2007 ? Sans doute un peu de tout cela.

Quoi qu'il en soit, aujourd'hui, encore une fois, Bernard Accoyer est sorti de son rôle traditionnel en prenant position contre François Hollande et le Parti Socialiste. Dans la mesure où il est supposé représenter les députés socialistes présentes dans son hémicycle, comment peut-il prétendre à ce rôle quand il déclare que "en 2012 nos compratriotes seront confrontés à un choix simple : poursuivre une politique courageuse de modernisation et de restauration de notre compétitivité ou exhumer un programme archaïque et utopique". Un jugement clairement partisan qui ne devrait pas être permis chez le garant de l'indépendance de l'Assemblée nationale.

Si d'autres présidents d'assemblée par le passé, ont pu parfois s'exprimer sur des sujets politiques ou s'opposer au pouvoir en place, c'était d'une part beaucoup moins saillant qu'aujourd'hui, et d'autre part, c'était dans la plupart des cas dans l'objectif de gagner en indépendance et en droits parlementaires. Rien à voir donc, mais on peut y voir un autre signe de la dégradation du climat politique aujourd'hui, qui voit la notion même d'objectivité disparaitre tandis que le règne de la "petite phrase médiatique" tend à s'imposer. En espérant que la prochaine législature (qu'elle soit de droite ou de gauche) amène un climat moins partisan dans son sillage.