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Présidentielle : à 100 jours du premier tour, tout est à faire

Publié le  Par Jennifer Declémy

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Le compte-à-rebours est lancé aujourd'hui : dans 100 jours, les français iront désigner les deux prétendants au trône élyséen. La campagne officielle n'a pas encore commencé, mais le bilan à tirer de ces derniers mois n'est guère glorieux

Cent jours. Ces deux mots ont envahi la presse ce matin pour nous rappeler qu'une sorte de compte-à-rebours nous rapproche inexorablement de la fin du mandat de Nicolas Sarkozy. Mais jamais une élection présidentielle n'aura été aussi incertaine, aussi lourde de tensions. Pour la première fois sous la Cinquième République, un match à quatre se dessinent, et il devient impossible de pronostiquer qui se retrouvera au second tour, et plus encore qui sera à l'Elysée le 07 mai 2012.

En 1965 la réélection de Charles de Gaulle ne faisait aucun doute. Quatre ans plus tard Georges Pompidou gagne assez facilement. En 1974 Valéry Giscard d'Estaing arrive à s'imposer très tôt dans la campagne, et à la fin de son mandat, dès le mois de février son challenger François Mitterrand prend le dessus dans les sondages. Quand ce dernier rempile en 1988, la victoire est aussi très facile et ne surprend absolument personne. En 1995, plus ou moins tout le monde sait que la droite va gagner et à partir du mois de février Jacques Chirac dépasse Edouard Balladur dans les sondages pour ne plus rebaisser.

2002 certes marque une surprise, mais là aussi, Lionel Jospin, au début favori de la course, avait dès la fin janvier fortement baissé dans les sondages. Et en 2007, à partir du moment où Nicolas Sarkozy lance sa campagne le 14 janvier, les dés sont lancés et jamais Ségolène Royal ne repassera devant lui dans les sondages. Plié dès le mois de janvier.

Les élections présidentielles en France apportent leurs lots de surprises, la plus grande étant en 2002 même si certains observateurs l'avaient vu venir. Mais jamais on n'avait été aussi incertain. François Hollande est en tête depuis le mois d'octobre, mais il baisse de manière constante et surtout, sa campagne ne passionne pas, il ne suscite pas d'enthousiasme débordant parmi les français qui iront voter pour lui parce qu'il n'est pas Nicolas Sarkozy. C'est peu pour construire un Président de la République.

Jamais un président en exercice n'aura eu un bilan aussi calamiteux, ou n'aura été aussi impopulaire. L'antisarkozysme atteint des sommets mais l'équipe autour du président candidat montre bien que ce dernier ne lâchera pas son trône si facilement. Des snipers mis en place, des affaires qui éclatent à tout va, des petites phrases qui envahissent les gros titres et qui polarisent toute l'attention, tous les jours l'annonce d'une nouvelle réforme...l'atmosphère entre les deux candidats qui ont le plus de chances de se trouver au second tour est exécrable, si ce n'est "puante".

Et à côté de cela, Marine Le Pen a réussi une véritable percée, dans les médias et l'électorat et menace tout le monde de se trouver au second tour, tandis que François Bayrou lui aussi séduit de plus en plus de gens, à tel point que certains commencent à parier sur sa victoire. Mélanger donc tous ces éléments et vous obtenez un cocktail explosif qui fait régner sur le monde politique une atmosphère électrique, interdisant tout débat de fond. Personne ne veut se dévoiler par peur d'être attaqué, aucun programme idéologique n'émerge et les candidats, étant donné la crise, n'osent plus proposer de rêve aux français, juste une promesse de rigueur qui varie selon le candidat.

Cent jours donc nous sépare de cette échéance. C'est court pour exposer des solutions et convaincre les électeurs. C'est très long si les candidats continuent à entretenir ce climat politico-médiatique tant éloigné des préoccupations des français.