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Prison ferme pour l’ex-candidate FN après avoir comparé Taubira à une guenon

Publié le  Par Raphaël Didio

Crédit image © Flickr - Parti Socialiste, Philippe Grangeaud


Anne-Sophie Leclère a été condamné à 9 mois de prison ferme pour avoir comparé la ministre de la Justice, Christiane Taubira, à une guenon. L’ex-candidate du Front National a annoncé qu’elle allait faire appel de cette décision.

Ex-candidate FN aux municipales à Rethel (Ardennes), Anne-Sophie Leclère s’est vu infliger neuf mois de prison ferme assorti d’une amende de 50 000 euros pour avoir comparé la Garde des Sceaux, Christiane Taubira, à une guenon. « C'est totalement disproportionné, j'ai été très choquée d'apprendre ce jugement. Les criminels sont condamnés et ont un bracelet, et moi, on me donne de la prison ferme », a expliqué Anne-Sophie Leclère, condamnée mardi par le tribunal de grande instance de Cayenne. 
Condamné solidairement à 30 000 euros d’amende, le Front National a annoncé mardi soir qu’il ferait également appel. Sur BFM TV, Florian Philippot, vice-président du FN, a confirmé cette décision ce mercredi : « Le Front national n'a jamais donné les moyens à Madame Leclère d'avoir ces propos-là. Dans le droit français, il n'y a pas de responsabilité pénale d'une personne morale pour un délit relatif à la liberté d'expression. Ce jugement n'a pas de légalité, nous irons évidemment en appel ».
« C’était de l’humour »
Cette affaire remonte au 17 octobre dernier. Un reportage de l’émission Envoyé Spécial sur France 2 montrait des images d’Anne-Sophie Leclère, commerçante de 33 ans encartée au FN depuis 2012, propriétaire d’un magasin d’articles de pêche à Rethel, qui tentait de monter une liste pour les élections municipales dans cette ville de 7 500 habitants. Les journalistes de la chaîne publique l’ont ainsi interrogée sur un photomontage placé sur sa page Facebook. L’image montrait un petit singe aux côtés de Christiane Taubira légendée « à 18 mois » et « maintenant ». La candidate avait alors assumé, assurant que « ça n’a rien à voir » avec du racisme. 
« Cette photo c'était de l'humour. L'image a été postée sur ma page Facebook et je l'avais supprimée quelques jours après d'ailleurs, ce n'est pas moi l'auteur », s'était-elle ensuite défendue. Anne-Sophie Leclère a finalement été exclue du FN le 3 décembre par Marine Le Pen, la présidente du parti, sur proposition de la commission de discipline de la formation politique. La justice a ouvert une enquête préliminaire confiée par le parquet de Paris à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP). Lors de l’audience du 8 juillet, l’ancienne candidate du FN n’avait pas été représentée par un avocat. 
Réactions de la classe politique
Une décision qui a divisée la classe politique. D’un côté, les frontistes ont apporté leur soutien via Twitter notamment. Outre Florian Philippot, on peut citer Jean-Marie Le Pen « La candidate FN qui compara Taubira à un singe, condamnée à 9 mois de prison ferme. Magistrats traîtres à la loi et violeurs de la morale » et Fabrice Robert (Président du Bloc identitaire) : « Il viole une handicapée mentale : 6 mois ferme ! Elle publie une image sur Taubira : 9 mois ferme ! ». 
Côté gouvernement, Stéphane Le Foll, le ministre de l’Agriculture, a lui logiquement approuvé cette décision sur France 2 ce mercredi : « Je ne porte pas de jugement sur le jugement, je condamne ce qui est un acte de racisme. » Même son de cloche chez la sénatrice Europe Ecologie-Les Verts du Val-de-Marne, Esther Benbassa, sur France Info ce matin : « C'était nécessaire. Je vois combien de tweets racistes on reçoit. Il faut que parfois ça serve d'exemple », émettant toutefois des doutes sur la lourdeur de la peine infligée. 
Le président de la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme ), Alain Jakubowicz, s’est lui félicité d'« un fait rare voire inédit ». « Les juges ont voulu envoyer un message, un coup de semonce », a-t-il déclaré sur RTL. « Ce qui est scandaleux, c'est l'habitude qu'ont prise un certain nombre de juridictions de prononcer des décisions de justice qui ne sont pas à la hauteur du trouble à l'ordre social ». Dans un communiqué, SOS-Racisme s'est aussi réjoui de cette décision : « Ce parti, dont la matrice est la haine de l'autre, doit cesserde faire mine de découvrir le profil raciste et antisémite de sescandidats uniquement lorsqu'une polémique publique commence à poindre. »