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Macron, ce trouble-fête !

Publié le  Par Patrick Béguier

Crédit image © Copyleft


Il s'est mis en marche, sourire aux lèvres, vers la présidentielle de 2017, mais déjà tous les autres candidats lui préparent embûches et chausse-trapes La voie empruntée par Emmanuel Macron sera aussi étroite que périlleuse. Mais sa voix sera difficile à étouffer.

      Car les Français en ont marre ! Marre de voir, depuis des années, les mêmes têtes de droite, de gauche ou du centre faire des promesses non suivies de résultats, en essayant de préserver leur avenir, leurs sièges, leurs mandats. Emmanuel Macron a eu raison, ce matin, de dénoncer une organisation politique "qui vit pour elle-même, plus préoccupée par sa survie que par les intérêts du pays". Beaucoup de nos concitoyens le ressentent ainsi : ils s'abstiennent, de plus en plus nombreux, lors des scrutins ou se réfugient dans les bras d'une extrême droite qu'ils n'ont pas encore vue au pouvoir. Sait-on jamais, se disent-ils ? Peut-être que Marine Le Pen a la solution, veulent-ils croire ? Oui, Emmanuel Macron a raison de secouer le cocotier, puis de traverser, d'un pas résolu, le paysage politique français.    Peloton   Un candidat anti-système ? Non. Contrairement à ce qu'il dit lui-même. Il appartient au système. Son parcours personnel (Ena, banquier d'affaires, ministre…) le rappelle. Et tous ceux qui tentent de s'échapper en portant ce dossard sont vite rattrapés par le peloton. Il suffit de voir Donald Trump. Il n'en finit plus de faire des pas en arrière.  Alors, qu'il reste modeste, ce prétendant de 38 ans ! Qu'il travaille à la "révolution démocratique profonde" qu'il revendique ! Comment jouer un rôle majeur dans l'économie mondialisée tout en sauvegardant la spécificité française et en protégeant les citoyens les plus faibles du déclin économique et social ? Avec quels moyens politiques ? En s'appuyant sur qui, sachant que ce pays est rigidifié par des conservatismes syndicaux et des blocages catégoriels de toutes sortes ? Voilà le défi ! Inutile de s'embarrasser l'esprit d'un "système" que personne n'arrive véritablement à définir. Il en va de ça comme de la "pensée unique" !   Rêves   Toujours est-il que, sur la route de sa "révolution", Emmanuel Macron va rencontrer bien des obstacles. Déjà, l'accusation de "trahison" vis-à-vis de François Hollande, lui pèse dans les jambes. Il a tout fait pour partir avec élégance, mais c'est quand même "Brutus" qui a commis le crime ! Ce que ne manquera pas de rappeler Manuel Valls, furieux de voir cet ex-ministre tenter de lui couper l'herbe sous le pied, lui qui rêve de… s'échapper, mais doit rester auprès de son leader sans savoir quelle stratégie François Hollande va adopter, ni même s'il désire rester en course. N'en doutons pas ! Le plus féroce adversaire d'Emmanuel Macron sera, quoi qu'il arrive, Manuel Valls. Bien sûr, aussi, les autres candidats, qu'ils soient de gauche, de droite ou d'extrême droite, vont être vent debout contre ce "produit marketing", cette "bulle médiatique", ce "candidat plexiglas", cet "inexpérimenté" prétendant "qui ne s'est jamais présenté à une élection"… Précisément parce qu'il traverse les frontières des partis. Ça dérange, ça énerve. On sent bien que tous ont peur d'une recomposition du paysage politique qui se ferait à leurs dépens. Les socialistes voient déjà approcher l'ombre de la défaite. Les Républicains, l'UDI, le Modem, craignent de voir les électeurs de droite et surtout du centre se laisser séduire. Même Marine Le Pen s'inquiète. Elle pensait être la seule à pouvoir s'insurger contre le "système" anciennement nommé UMPS et voilà que ce trouble-fête fait de la transgression !   Reste qu'Emmanuel Macron ne renonce pas vraiment aux calculs politiciens qui ont cours dans les partis qu'il condamne. Un seul exemple : s'il a déclaré sa candidature avant le premier tour de la primaire de la droite, c'est, semble-t-il, pour affaiblir Alain Juppé. Son rêve serait-il d'affronter Nicolas Sarkozy ? Or, c'est le rêve de François Hollande. Le livre des journalistes du Monde ("Un président ne devrait pas dire ça…") le montre à de nombreuses pages. Macron qui, déjà, donne un coup presque fatal au désir de se représenter de l'actuel président de la République, ne va quand même pas lui piquer ses rêves !   Patrick Béguier Journaliste politique et écrivain À suivre sur Twitter : @BeguierP