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Penelope Gate : Sarkozy virant Fillon ! ?

Publié le  Par Patrick Béguier

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Dans le feuilleton de la droite, où l'on attend, peut-être en vain, que François Fillon se "débranche" lui-même de l'élection présidentielle, le dernier épisode sera écrit par Nicolas Sarkozy et non par Alain Juppé. Petit rappel des relations entre l'ancien Président et son ex-Premier ministre.

  Pour s'en faire une idée, on peut déjà se replonger dans l'énorme pavé des journalistes du Monde, "Un président ne devrait pas dire ça…". Dans un enregistrement, Jean-Pierre Jouyet, secrétaire général de l'Élysée, raconte à Gérard Davet et Fabrice Lhomme que François Fillon lui avait demandé d'accélérer les procédures judiciaires contre Nicolas Sarkozy. Le même François Fillon qui trouve aujourd'hui que la justice va trop vite, qu'elle est manipulée (puisque lui-même la pense manipulable !) au point d'être l'instrument d'un complot, d'être capable d'un "assassinat" politique, etc. Bien sûr, on se souvient que l'actuel candidat à la présidentielle avait attaqué le Monde pour diffamation. Mais on se demande alors pourquoi François Fillon avait envie, ce 24 juin, de rencontrer Jean-Pierre Jouyet. Pour parler de leurs prochaines vacances ?   "Géopoliticien de la Sarthe"   Autre lecture intéressante ! Le livre (moins connu des Français, vu la nature sulfureuse du personnage !) de Patrick Buisson. Dans "La cause du peuple", le conseiller "privilégié et controversé" de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République met en évidence les relations entre les deux têtes de l'exécutif. "Agrémenté en temps ordinaires du qualificatif assez peu mélioratif de "géopoliticien de la Sarthe", Fillon faisait l'objet de la part du chef de l'État d'un incessant pilonnage verbal, où ses défaillances, ses carences, sa prudence légendaire et même ses silences étaient épinglés en des termes crus à la rubrique "Courage, Fillon !", dont le titulaire semblait prendre un malin plaisir à tenir la main courante. De séance en séance, la déploration allait crescendo : "Minable ! Lamentable ! Pathétique !". A l'entendre, Fillon était un mètre étalon de la couardise destiné à rejoindre, au sortir de Matignon, le bureau des poids et mesures du pavillon de Breteuil."   Un "combattant"   Le même François Fillon qui, aujourd'hui, se présente en "combattant", ignore toute prudence, en appelle au (à "son peuple" !) peuple, se dresse contre la justice, les médias et les caciques de son propre camp !  Patrick Buisson n'a sans doute pas correctement analysé la psychologie du Sarthois. Mais ce qu'il a écrit montre à l'évidence le peu de considération qu'avait le locataire de l'Élysée pour celui de Matignon. On va bien au-delà du qualificatif de "collaborateur" dont le premier avait affublé le second.   Dans ces conditions, on voit mal comment Nicolas Sarkozy pourra demander à François Fillon, qui savoure encore la revanche qu'il a prise à la primaire de la droite, de "démissionner", alors qu'il n'avait pas réussi en son temps à le déloger de Matignon, l'hypothèse Borloo s'étant révélée vaine. Suite du feuilleton dans les prochains jours !   Patrick Béguier est journaliste politique et écrivain