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Des Régionales, vraiment ?

Publié le  Par Patrick Béguier

Crédit image © dr


Il paraît que les Français sont appelés à voter les 20 et 27 juin pour des élections régionales. Je n'en crois pas un mot !

 

Avez-vous entendu parler de programmes longuement concoctés par telle ou telle liste de droite, de gauche ou d'ailleurs ? Des idées générales circulent. C'est tout et c'est rien.

En revanche, je suis surpris de constater que nous assistons déjà à la campagne du premier tour de l'élection présidentielle de… 2022. À droite, Valérie Pécresse et Xavier Bertrand (sans oublier Laurent Wauquiez) font étalage de leurs ambitions et annoncent que les élections dites régionales seront en quelque sorte des "primaires". Ils espèrent que les scores qu'ils obtiendront en juin seront leur tremplin pour la reine des batailles. Ceux qui attendent, au sein des Républicains (les Bruno Retailleau, Michel Barnier…), le moment propice pour se déclarer - une fois passée la crise sanitaire, sans doute - seront alors largement distancés.

De son côté, Marine Le Pen espère, grâce aux élections de juin, créer une dynamique qui lui permettra d'aborder l'élection présidentielle dans les meilleures conditions. Si le Rassemblement national gagne deux ou trois Régions, elle pourra affirmer que son projet politique répond désormais aux attentes des Français. Fini le "plafond de verre", oubliée sa piteuse prestation face à Emmanuel Macron en 2017. La dédiabolisation aura porté ses fruits.

 

Hors jeu ou hors course

 

Les composantes de la gauche ont, elles aussi, 2022 en tête. Qui, dans cet espace politique fortement réduit, nous parle de territoires, d'éducation, de politique sociale ? Presque personne. L'obsession, c'est de savoir comment on va s'accorder ou pas avec les écologistes et qui, finalement, aura le leadership… dans un an. Les communistes, eux, ont choisi ce moment pour lancer leur candidat dans la campagne présidentielle. Et Fabien Roussel, aussitôt, de multiplier les propositions sur la sécurité. Pour répondre au RN et à Xavier Bertrand qui n'en finit plus de manier le bâton et veut même abaisser la majorité pénale à 15 ans.

Mais, faut-il le rappeler, un Conseil régional n'a pas à intervenir dans le domaine pénal ni dans le délicat problème de l'immigration. Tous, donc, sont hors sujet par rapport aux élections de juin ou plutôt, encore une fois, ce sont les Régionales qui sont mises hors course !

Surtout, n'oublions pas Jean-Luc Mélenchon dans ce brillant tableau de prétendants au trône. Le Roi des Insoumis s'est offert dimanche son premier meeting, en Aveyron, pour sa campagne… présidentielle, évidemment !

Quant aux macronistes qui, de toute façon, n'ont rien à espérer des élections régionales et s'attendent plutôt à recevoir une nouvelle claque, ils continuent leur travail de destruction-recomposition politique en vue de… 2022. Comme on l'a vu en PACA, avec Renaud Muselier et sa "bouillabaisse" et comme on le voit maintenant dans les Hauts-de-France, avec Dupond-Moretti, improbable juge de paix. L'échéance qui arrive est pour eux l'occasion d'affaiblir encore un peu plus les partis traditionnels pour aborder le moins mal possible le match face à Marine Le Pen.

Plaignons le pauvre citoyen français qui ne sait plus pour quelle élection il devra se rendre aux urnes fin juin.

Ah, j'oubliais ! Il y aurait des élections départementales aussi. Vous en avez entendu parler ? Pourtant, elles sont beaucoup plus importantes pour la vie des Français que les Régionales, vu les larges compétences attribuées aux Départements et les lourds financements qu'ils doivent engager.

 

Patrick Béguier,

Journaliste et écrivain