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Présidentielle : qui sont ces jeunes qui votent pour Marine Le Pen ?

Publié le  Par Jennifer Declémy

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25% des jeunes environ seraient prêts à glisser un bulletin Front National le 22 avril prochain dans les urnes. Quelles raisons expliquent la poussée de l'extrême-droite parmi la jeunesse ?

 

Un sondage dévoilé récemment montre un fait inquiétant : chez les jeunes, n’ayant encore jamais voté auparavant, près d’un quart d’entre eux sont prêts à voter Marine Le Pen au premier tour de l’élection présidentielle, derrière François Hollande mais devant Nicolas Sarkozy, qui pâtit d’une très mauvaise image dans cet électorat.

Qui sont-ils, ces jeunes qui débarquent dans la vie politique, et qui sont prêts à accorder leur confiance à l’extrême-droite ? Selon les chercheurs qui se sont intéressés au phénomène, parmi lesquels Joël Gombain, Sylvain Crépon ou Anne Muxel, ce sont « des jeunes peu éduqués [qui] trouvent chez Marine Le Pen un écho à leurs inquiétudes : l’emploi, le logement ou le pouvoir d’achat. Ces sujets ne préoccupent pas les étudiants, qui votent plutôt Sarkozy, quand ils sont à droite ». Le vote Le Pen quand on est jeune serait en fait « un vote protestataire » fort différent de celui de leurs ainés.

Contrairement à ces derniers, les jeunes ont grandi avec le Front National, qu’ils connaissent comme un parti politique implanté dans le paysage médiatique depuis trois décennies. Trop jeunes pour avoir subi le traumatisme du 21 avril 2002, ils ne sont pas non plus forcément au courant des saillies antisémites du père et de ses dérapages extrémistes. Au contraire, l’image même de Marine Le Pen, une femme relativement jeune, divorcée et d’apparence moderne crée « une identification (…) assez extraordinaire. Il y a un côté transgressif dans sa personnalité et son discours, qui en fait la chef d’un parti rebelle, antisystème » analyse les experts.

Il existe un « effet Marine Le Pen » chez les jeunes, confirme Sylvain Crépon, qui insiste cependant sur le fait que « ce sont les jeunes ayant le moins d’instruction qui se tournent vers le Front National (…) ce sont également ceux qui s’intéressent le moins à la campagne (…) Ils sont souvent très peu intégrés socialement, avec une  certaine précarité professionnelle ». Pour autant, une meilleure intégration de ces jeunes désarmés, ainsi qu’une construction familiale détourneront ces électeurs du vote d’extrême-droite, précise le chercheur.

Pour le Front National, les jeunes sont un électorat très important, qui lui permet d’imprimer sa modernité et sa capacité de porter la révolte de cette catégorie de la population. Mais le vote jeune en faveur de Marine Le Pen « n’est pas un vote d’adhésion, qui suppose une connaissance précise des programmes, mais plutôt une absence de culture politique et un signal destiné au personnel politique ». Encore une fois, c’est la faillite même de l’ensemble de la classe politique qui amène des jeunes désarmés à se tourner vers l’extrême…