Accueil |  Qui sommes-nous |  Contact


Olivier Besancenot : un atout pour Philippe Poutou ?

Publié le  Par Julie Catroux

Crédit image ©


Portrait du porte parole de Philippe Poutou, candidat NPA.

 

Olivier Besancenot le répète à qui veut l’entendre. Il n’est pas un professionnel de la politique mais facteur à Neuilly, dans les Hauts de Seine. Néanmoins, ce postier a déjà une bonne douzaine d’années d’engagement politique. Et si modeste employé de la Poste, comme il aime à le rappeler, il distribue chaque matin en vélo le courrier dans les boites aux lettres d’abord à Levallois Perret, où il est né en 1974 puis à Neuilly sur Seine, il n’en est pas moins titulaire d’une licence d’histoire. Depuis 2002, Olivier Besancenot incarne à l’extrême gauche, une nouvelle génération militante, à la fois héritière et en rupture avec celle issue de Mai 68.

 

Son engagement en politique, c’est d’abord un déclic. En 1988, alors qu’Olivier Besancenot a 14 ans, survient le meurtre raciste d’un jeune garçon de 17 ans qu’il connaissait. Scandalisé, il rejoint alors SOS Racisme puis adhère aux Jeunesse Communiste Révolutionnaire, le mouvement de jeunes de la LCR. «Moi, ce sont des militants de la Ligue qui m’ont tiré de mes crises d’adolescence. C’est la politique qui m’a donné envie de bouquiner, pas l’école »  a déclaré celui qui deviendra le candidat de LCR. Mais le « petit facteur » comme certains le surnomment regrette parfois la place qu’à pris l’activisme étudiant dans sa vie en indiquant « J’aimerais retourner un jour à la fac pour pouvoir me poser sur les bancs d’un amphi, aller en bibliothèque, pour étudier simplement, pour prendre du temps à moi. »

 

 

Après avoir intégré en 1991 la LCR, son parcours politique est lancée : il anime le bureau national des JCR, élu à la direction nationale de la ligue en 1996 et deux ans plus tard au bureau politique. En 1999, il devient attaché parlementaire du député européen Alain Krivine. A cela s’ajoutent les expériences syndicales. Le futur candidat se fait la main avant de se lancer dans la course à l’élection présidentielle de 2002. Militant antimondialiste, il veut combattre « une nouvelle génération militante qui réchauffe le fond de l'air social et politique et redonne ainsi de la couleur à l'air du temps ». A seulement 28 ans, il est le plus jeune des candidats à l’élection présidentielle de 2002. Personne n’y croyait. Et pourtant il a réussit l’impensable : alors crédité de 0,5% des intentions de vote, il recueille 4,25% des suffrages. Avec son slogan « Nos vies valent plus que nos profits », il donne le ton de sa campagne avec notamment comme priorités une autre répartition des richesses, l’augmentation générale des salaires et des minima sociaux, l’interdiction des licenciements pour les entreprises bénéficiaires et la taxation des profits et des capitaux spéculatifs. Pour certains, Olivier Besancenot a énormément joué, trop parfois, sur sa profession de facteur, montrant à plusieurs reprises sa feuille de paie sur les plateaux de télévisions. Cette fiche de paie donné l’impression aux militants que le candidat était finalement comme eux et qu’il les connaissait car il vivait la même société, à l’inverse des autres candidats. Cette stratégie a finalement porté ses fruits.

 

Ne signant pas l’appel pour un « rassemblement antilibéral et des candidatures communes » en 2006, la LCR propose à nouveau Olivier Besancenot comme candidat à l’élection présidentielle de 2007 où il recueille 4,08% des voix. Quand en janvier 2009, après un an et demi de gestation, naît le Nouveau Parti anticapitaliste, il en devient logiquement le porte-parole, fonction qu’il abandonne juste après les cantonales de 2010. Depuis un moment déjà son rôle sur le devant de la scène commençait à lui peser. En 2008, il estimait qu’il n’avait «pas suffisamment anticipé les risques de personnalisation». Il annonce en mai 2011 dans un courrier aux militants de son parti qu'il ne sera pas candidat à l'élection présidentielle, prônant le renouvellement des générations et s'opposant à la « personnalisation à outrance » de la vie politique. Le NPA doit alors fixer sa stratégie pour proposer soit un candidat issu de ses rangs, soit une personnalité du mouvement anti-capitaliste. Le choix des militants se tournera vers Philippe Poutou.

 

 

Mais ce nouveau candidat souffre d’un manque accru de notoriété et rencontre de grandes difficultés pour faire vivre sa campagne autour de son nom. Sa seule issue de secours ? Se tourner vers Olivier Besancenot et profiter de sa renommée au sein de la population. Une difficulté résumée dans les affiches de campagne sur lesquelles ce n’est généralement pas Philippe Poutou qui y figure mais son prédécesseur, qui apparaît en gros, alors que le candidat officiel, lui, est présent en tout petit. Alors qu’Olivier Besancenot déclarait sur BFMTV «  Je ne suis pas candidat, je suis le facteur attitré de Philippe Poutou et j'en suis très fier », des questions surgissent. Pourquoi Olivier Besancenot est-il aussi présent dans cette campagne ? Philippe Poutou peut-il caresser l’espoir d’un score sensiblement égal à celui du candidat LCR en 2002 et 2007 ? Le prédécesseur de Philippe Poutou est devenu son porte parole et peut être même davantage. Il est un véritable soutien pour ce débutant, peu habitué à la vie politique. Mais cette présence persistante d’Olivier Besancenot n’était-elle pas là pour cacher le manque d’expérience de Philippe Poutou ainsi que son manque de popularité auprès des citoyens ? Le nombre d’interventions dans les médias du « facteur » pour soutenir le candidat du NPA semble démontrer qu’un minimum de savoir-faire n’est pas inutile pour réaliser un bon score au premier tour de l’élection présidentielle.