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Le pari perdant de Nicolas Sarkozy.

Publié le  Par Jennifer Declémy

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La stratégie de campagne de Nicolas Sarkozy, déjà hasardeuse avant le premier tour, risque bien de cause sa perte pour le second tour, et de créer de sérieux dommages à la droite républicaine.

 

Depuis dimanche soir l’inflexion est devenue encore plus claire : pendant l’entre-deux tours, Nicolas Sarkozy ira allègrement se balader sur les terres du Front National et validera l’opération dédiabolisation menée par Marine Le Pen ces dernières années, et qui ne convainquait qu’à moitié. Une stratégie de campagne impulsée par son gourou Patrick Buisson, mais qui divise profondément les membres de l’UMP, dont une bonne partie n’arrive pas à draguer de la sorte l’extrême-droite.

Nicolas Sarkozy peut-il convaincre les électeurs de Marine Le Pen de voter pour lui le 6 mai prochain ? Les électeurs du Front National ne sont-ils que des électeurs trop à droite, et que l’on pourrait séduire simplement en durcissant le ton ? C’est une erreur manifeste d’analyse des motivations des partisans de Marine Le Pen qui pourrait coûter très cher au candidat de l’UMP lors du second tour.

La difficulté de comprendre les motivations des français qui choisissent de voter pour l’extrême-droite est qu’elles sont multiples, diverses et parfois franchement opposées. Entre ceux qui votent Le Pen par adhésion à la xénophobie et au racisme, ceux qui votent Le Pen par désespoir social, ceux qui ne se retrouvent ni dans le système UMP-PS et veulent renverser le système et ceux qui sont issus de la droite catholique la plus intégriste, il y a des fossés qu’un discours durci de Nicolas Sarkozy ne pourra jamais combler.

En affirmant que « Marine Le Pen est compatible avec la République », Nicolas Sarkozy valide l’opération dédiabolisation du FN et surtout, il ouvre la porte à de futures possibles alliances entre la droite républicaine et l’extrême-droite. Le seul problème est qu’il ne comprend pas qu’une bonne partie des électeurs de Marine Le Pen ont aussi voté contre lui : pendant les meetings de l’ancienne candidate il fut l’adversaire le plus conspué et hué par les partisans de Marine Le Pen, et il suffit d’écouter les motivations de ces électeurs pour comprendre qu’une bonne partie d’entre eux est révulsée de ce quinquennat qui profita principalement aux riches et vit le chômage et les difficultés de la vie quotidienne augmenter. Si tous les électeurs du Front National ne sont pas racistes ou fascistes, beaucoup ont en commun d’être simplement précarisés et de ne pas pouvoir croire en les paroles d’un président qui a déjà si peu agi en leur faveur en cinq ans. Nicolas Sarkozy aura beau multiplier les paroles, ses actes parlent en sa défaveur. Et après trente années de crises économiques et sociales, ces électeurs ont besoin d’actes forts pour se détourner de l’extrême-droite.