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Présidentielle : François Hollande aura du mal avec le vote populaire.

Publié le  Par Jennifer Declémy

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Parti à la reconquête du vote populaire qui s'est perdu dans les méandres du Front National, François Hollande aura fort à faire pour convaincre ces électeurs de revenir au bercail socialiste.

 

Cela fait des années maintenant que la coupure entre les milieux populaires et le parti socialiste a été actée par les différentes élections qui ont montré que le vote de cet électorat avait tendance, de plus en plus, à se porter sur le candidat du FN au détriment du candidat socialiste.

Depuis dimanche dernier, le candidat socialiste a décrété qu’il fallait également parler aux électeurs de Marine Le Pen, dont il décrit le vote comme « un vote de souffrance, de crise, de colère ». Colère de la part de français qui se sentent abandonnés de l’ensemble de la classe politique et dont la misère sociale et économique les pousserait vers les extrêmes, et à laquelle François Hollande veut apporter des réponses politiques. En effet, ce sont 29% des ouvriers qui se sont portés sur l’extrême-droite dimanche dernier, et c’est dans les départements les plus pauvres qu’elle a aussi réussi à percer.

Le candidat socialiste a donc décidé de modifier la dernière ligne de sa campagne, et depuis hier il a choisi de se rendre en majorité dans les villes et les départements les plus touchés par le chômage, la désindustrialisation et la pauvreté. Hier par exemple il était à Hirson dans l’Aisne, région massivement touchée par le chômage, la fermeture d’usines et la disparition des services publics.

En particulier, le député de Corrèze veut s’adresser à « ces ouvriers qui s’interrogent sur le sort de leur entreprise, qui voient les délocalisations se multiplier, ces agriculteurs qui n’ont plus confiance dans la politique qui leur est proposée, ces retraités qui n’y arrivent plus en termes de pouvoir d’achat et ces jeunes qui se sentent en rupture ». Autrement dit ceux qui n’adhèrent pas aux thèses frontistes mais qui ont voté pour Marine Le Pen pour protester et manifester leur ras-le-bol envers une classe politique qui les ignore.

François Hollande va donc tenter de leur parler du pouvoir d’achat, du blocage des prix de l’essence, d’une modification du traité européen pour y ajouter un volet croissance et de la réindustrialisation du pays qu’il compte bien mettre en place. Mais ce que le candidat socialiste veut incarner, c’est aussi et surtout l’espoir dans le redressement de la France. Un espoir qu’il a du mal à instiller cependant, confronté à une déception politique qui remonte à plus de trente ans, et qui concerne aussi bien la droite que la gauche.

Récupérer en seulement deux semaines le vote populaire relève de la gageure pour François Hollande, dont le parti a longtemps été très mal à l’aise sur les thématiques du FN, qui trouvent malgré tout un écho chez cet électorat. Ainsi sur les sujets de l’immigration, du repli identitaire et de la laïcité, les socialistes sont longtemps restés pusillanimes, comme l’explique notamment Frédéric Sawicki, qui estime que « le fait, pour les socialistes, d’insister sur la création de postes de policier, de ne pas avoir de ligne claire sur l’immigration, d’être favorable au vote des immigrés au plan local sans en faire un thème majeur, ou même d’être un parti qui a déserté le travail militant et quotidien de terrain, se paie au prix fort de cette décision ».

Le manque de représentativité du monde ouvrier et populaire au sein du parti accentue encore davantage cette coupure, alors que le PS est, dans l’ensemble, devenu un parti de notables et de bourgeois. Dans l’esprit de beaucoup, les socialistes font désormais partie intégrantes du système d’élites que dénonce sans relâche Marine Le Pen, et leurs échecs dans le passé conduit ces électeurs à ne pas vouloir leur faire confiance. Plus que tout, ce sera par les actes, en tant que futur probable président, que François Hollande pourra entamer une reconquête de l’électorat populaire qui s’est détourné du Parti Socialiste. Si ce ne sont que des paroles de campagne, alors le danger de voir Marine Le Pen augmenter ses scores dans l’avenir s’intensifiera.