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Le fantôme de François Mitterrand.

Publié le  Par Jennifer Declémy

Crédit image © AFP/Gerard Malie


Dix-sept ans après sa mort l'ancien président de la république continue d'être une référence pour la gauche, mais aussi un repoussoir pour une droite qui craint le retour des socialistes au pouvoir.

 

Il est le président de la république dont on aura sûrement le plus parlé dans cette campagne présidentielle, notamment dans l’entre-deux tours. Même si beaucoup voulaient adopter une posture gaullienne, c’est l’ombre du seul président de gauche de la Cinquième République que l’on retrouve dans les débats.

Chez François Hollande tout d’abord, qui a tant tenté d’imiter François Mitterrand, seul homme de gauche à être parvenu au plus haut du pouvoir. Dans la démarche et la gestuelle on a beaucoup comparé les deux hommes, et il était évident que le député de Corrèze essayait clairement de se fondre dans le moule du président décédé, pour mieux lui ressembler, pour plus se présidentialiser.

Plus d’une fois il a clamé qu’il voulait être son successeur, lui qui partage le même prénom que François Mitterrand. Comme ce dernier il a fait son dernier meeting de campagne à Toulouse, comme un porte-bonheur des périodes les plus chanceuses pour le Parti Socialiste. Comme lui il a géré le parti pendant de nombreuses années et comme lui il a accompli sa traversée du désert pour en arriver là où il est aujourd’hui, aux portes de l’Elysée.

Son discours fondateur du Bourget également sentait le mitterrandisme à plein nez. Vilipender l’argent et le pouvoir de la finance, dénoncer le pouvoir personnel d’un homme, valoriser le premier ministre et le parlement, chanter son amour pour la république et le socialisme, tout cela, les deux hommes l’ont exprimé lors de leurs campagnes respectives, avec le succès que l’on sait pour le défunt président.

Dans les comparaisons de situation, pour François Hollande cela ne faisait aucun doute : nous sommes revenus en 1981, avec un Nicolas Sarkozy vivant exactement la même chose que Valéry Giscard d’Estaing et faisant les mêmes erreurs, et deux François parcourant le même chemin triomphal.

Récurrence, obsession presque de François Mitterrand dans la bouche du président sortant, qui a beaucoup étudié le règne de l’ancien président socialiste, détestant ses réformes et sa politique, mais fasciné par ses stratégies politiques et les campagnes qu’il a pu mener. Nicolas Sarkozy a voulu imiter le François Mitterrand de 1988, confortablement réélu face à Jacques Chirac. Mais ça c’était au début de l’année, quand il jouait le rassembleur, le protecteur des français. Dès son entrée en campagne c’est l’extrémisation qui le guette et l’envahit. De Mitterrand on ne retiendra que la lette aux français.

Mais ce sont aussi les références aux deux septennats du président socialiste qui se multiplient dans la bouche de Nicolas Sarkozy. Si on lui parle des casseroles qui trainent derrière lui, il réplique en évoquant les mises sur écoutes, le rainbow warrior et autres scandales de la mitterandie. On lui parle de François Hollande et il se moque de son adversaire, lui que François Mitterrand n’a même pas nommé ministre de quoi que ce soit. L’état de la France ? Ce sont les réformes de François Mitterrand.  La montée du FN ? Ce sont les manœuvres de François Mitterrand.

Seize ans après sa mort, et dix-sept ans après la fin de son règne, François Mitterrand n’en finit pas de fasciner la gauche et la droite. Pour les premiers, il est la promesse qu’il est possible d’accéder à l’Elysée, un symbole de réformes fortes ; pour les seconds il est la preuve de la décadence de la gauche, de son incapacité à gouverner et réformer le pays, mais aussi et surtout, il est une menace…celle que la gauche puisse revenir au pouvoir.