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Présidentielle : le logement s'invite dans la campagne.

Publié le  Par Jennifer Declémy

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La Fondation Abbé Pierre a publié son 17e rapport annuel aujourd'hui sur l'état du logement en France. Une manière d'imposer ce thème dans la campagne présidentielle.

Nicolas Hulot avait bien réussi à imposer son pacte écologique, lors de la campagne présidentielle de 2007, qui avait débouché sur le Grenelle de l'environnement, alors pourquoi pas le thème du logement en 2012 ? C'est le pari réussi de la fondation Abbé Pierre qui a réussi, grâce à un travail en amont, à faire réagir plusieurs candidats sur ce sujet.

Dès l'année dernière les membres de la fondation ont agi, discrètement, pour faire remonter ce thème dans le débat public, en lançant une pétition nationale qui sera signée par plus de 120 000 français. Organisant des réunions publiques, rencontrant régulièrement des candidats, mais surtout en lançant la "candidature" d'Eric Cantona qui a pour simple objectif de recueillir les signatures de 500 élus pour faire émerger ce thème sur la scène publique, la fondation Abbé Pierre aura fait du thème du logement un des thème principal de la campagne, alors qu'avec la crise de l'Union Européenne et de la dette auraient pu éclipser ce sujet.

Dans cette optique, les membres de la fondation présentent aujourd'hui un pacte, autour de quatre thèmes principaux, que les candidats présents cet après-midi ont invités à signer :

- construction de logements.

- régulation des prix.

- protection des plus faibles.

- développement de villes équitables et durables.

Aux candidats qui ont signés ce pacte, à savoir Eva Joly, Jean-Luc Mélenchon, François Hollande et François Bayrou, sera demandé également d'appliquer les propositions suivantes :

- construction de 500 000 logements par an dont 150 000 sociaux.

- encadrement des loyers dans le parc privé.

- augmentation du seuil de la loi SRU à 25%.

- éradication de 600 000 logements indignes.

- lancement d'un plan de conventionnement visant 100 000 logements à loyer accessible par an dans le parc privé.

Qui plus est, la fondation a promis d'appliquer un suivi très rigoureux si un candidat signataire est élu en mai prochain. Pour le moment, la fondation admet que le programme présenté dans le pacte est beaucoup plus gaucho-compatible, mais revendique une certaine exigence dans la mesure où la politique du logement ne répond pas à ses attentes depuis une vingtaine d'années.

Mais plus important encore, cette intervention d'une association dans le débat présidentielle illustre bien à quel point les hommes politiques, et le pouvoir en place, semblent dépassés par des problèmes sociétaux d'importance considérable aujourd'hui. Christophe Robert d'ailleurs explicite la démarche de sa fondation par le fait que désormais "seule l'interpellation publique peut obliger les politiques à se positionner sur un véritable changement de cap, même si ce n'est pas obligatoirement notre responsabilité d'endosser ce rôle". Ce n'est effectivement "pas leur responsabilité", mais aujourd'hui de plus en plus ce sont des associations et ONG qui lancent des débats publics et obligent les hommes politiques à se positionner autour de ces thèmes. Une preuve de plus de la faiblesse des politiques publiques en France.