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François Hollande : Je prends un risque... J'accélère !

Publié le  Par Patrick Béguier

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Fini la boîte à outils du petit garagiste ! François Hollande a gonflé le moteur et veut appuyer sur la pédale d'accélérateur sans oublier de freiner sur les dépenses. Un défi de pilote de rallye. Avec les risques d'une conduite sportive. Par Patrick Béguier

        Le social-démocrate François Hollande a été très clair : "Il ne s'agit pas de changer de chemin, mais d'accélérer", a-t-il annoncé d'entrée lors de sa troisième conférence de presse. "Partout, c'est l'idée d'investissement qui doit l'emporter", a-t-il rappelé plus tard. Le pacte de responsabilité, objet principal de cette longue (trop longue !) rencontre avec la presse française et étrangère, consiste, dans son principe, à "produire plus, produire mieux, agir sur l'offre". Le président de la République s'est aussitôt évertué à démontrer que son moteur était à quatre temps :  poursuivre l'allègement du coût du travail en supprimant à terme pour les entreprises l'équivalent des cotisations familiales (30 milliards !) ; donner de la visibilité aux entreprises au plan fiscal ; effectuer enfin le fameux "choc de simplification" en se focalisant sur les dix actes-clés de la vie d'une entreprise ; obtenir des contreparties avec des objectifs chiffrés d'embauches discutés par branches d'activité.   Vite ! Vite !   "C'est un grand compromis social", un rassemblement pour l'emploi, a expliqué François Hollande, en rappelant que sa méthode restait la même : la négociation. "Elle a fait ses preuves", a-t-il insisté. Mais attention ! Pas de temps à perdre ! Le 21 janvier, le président de la République lancera officiellement le pacte. Viendront ensuite la grande conférence sociale du printemps, la Loi de programmation à l'automne et le vote de confiance à l'Assemblée nationale. De cette façon, "chacun (sera placé) devant sa responsabilité", observe-t-il (s'amuse-t-il ?). Autrement dit, qui osera refuser à la France de se tourner résolument vers la compétitivité dans les challenges imposés par la mondialisation, à ses entreprises de "retrouver de la marge", aux Français d'espérer des emplois ?  Vient alors un raisonnement aussi arithmétique que basique : si on soulage les entreprises, c'est qu'on va peser sur les ménages. Les citoyens devront payer pour les patrons. Pas du tout, s'est offusqué François Hollande : "Nous réduirons la dépense publique". En 2014, 15 milliards d'économies sont prévus et il en faudra 50 milliards de plus de 2015 à 2017 ! Pour effacer les doutes, le président de la République a annoncé "une nouvelle méthode". Le gouvernement mènera des réformes structurelles. Un Conseil stratégique de la dépense sera créé pour évaluer les progrès en la matière. L'Etat, mais aussi les collectivités territoriales et la protection sociale, seront concernés. Pour rassurer les ménages français, le Premier ministre devra faire preuve d'une plus grande précision…   Flou ! Flou !   Plus de clarté sera aussi nécessaire sur l'analyse de notre (trop lourde) organisation territoriale. François Hollande a évoqué "une clarification stricte des compétences". Il a espéré qu'on pourrait bientôt avoir "moins de Régions". Quand il a indiqué qu'il fallait "redéfinir l'avenir des départements", on a compris que le flou du langage correspondait au flou des intentions… Il est loin d'être clos ce dossier-là ! Comme celui de l'Europe ! Encore un catalogue de bonnes intentions ! "2014 doit être une année de relance de l'Europe !" s'est avancé le président français qui, depuis son accession à l'Élysée, n'a jamais vraiment réussi à bouger la statue Angela Merkel. Il a beau dire qu'il "compte sur une dynamique franco-allemande", on attendra les commentaires de la Dame pour en être sûrs !   Au-delà des promesses, on a senti qu'à l'entame de cette nouvelle année, c'était un François Hollande sérieux et même grave (pas beaucoup de traits d'humour, cette fois !) qui mettait  son quinquennat sur le tapis. Il voit que la reprise pointe son nez, mais qu'il faut l'amplifier. "Ça se jouera en 2014", a-t-il lâché. C'est donc maintenant ou jamais qu'il faut prendre des risques.   Bien sûr, François Hollande a été interrogé sur l'affaire Closer. "Valérie Trierweiler est-elle toujours aujourd'hui première Dame de France ?" lui a demandé un journaliste. "Nous traversons une épreuve", a reconnu le citoyen Président. "Mais les affaires privées se traitent en privé" et ce n'est "ni le lieu, ni le moment de faire (une clarification)". Il fera celle-ci, a-t-il indiqué, avant sa visite aux États-Unis le 11 février. Il a rappelé aussi qu'il était protégé par son immunité présidentielle et que, de ce fait, il n'engagerait pas de poursuites judiciaires contre le magazine people. Il y aurait alors deux poids, deux mesures, a-t-il précisé avant de confier : "Mais mon indignation est totale".   Relancé plus tard sur l'état de santé de sa compagne, il a simplement dit : "Elle se repose".   Patrick Béguier est journaliste et écrivain. Il est le conseiller éditorial de Paris Dépêches