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François Rebsamen, mode d’Emploi

Publié le  Par Antoine Sauvêtre

Crédit image © Parti socialiste - flickr


Sur les 16 ministres du gouvernement Valls, seuls deux n’avaient aucun portefeuille sous Jean-Marc Ayrault. L’une est connue de tous, Ségolène Royal. L’autre beaucoup moins. François Rebsamen, nouveau ministre du Travail, de l’Emploi et du Dialogue social fait figure d’illustre inconnu pour les novices de la politique. Portrait.

A 62 ans, François Rebsamen, qui rêvait de la place Beauvau, occupera finalement le bureau de la rue de Grenelle, celui du ministère du Travail, de l’Emploi et du Dialogue social. Et il s’en contentera, ne sachant que trop bien que même les plus fidèles comparses du président ne finissent pas dans un ministère. En 2012, après l’élection de François Hollande et la victoire du PS aux législatives, il voulait l’Intérieur. Il sera tenu en dehors du gouvernement de Jean-Marc Ayrault. Sa désignation par Manuel Valls est en quelque sorte une petite revanche, même si combattre sur le front de l’emploi n’est, en soi, pas un cadeau, tant la tâche s’avère compliquée. Mais ce proche du président est un habitué des missions impossibles.

François, l’ombre de François

Cette nomination tardive parait pourtant logique tant François Rebsamen a toujours trainé dans les pattes, dans le bon sens du terme, de François Hollande. Il doit d’ailleurs sa nomination au chef de l’Etat plus qu’au résident de Matignon.
 

D’abord parce qu’entre François Rebsamen et Manuel Valls, cela n’a jamais été l’amour fou. Surtout lorsque ce dernier a été préféré au maire de Dijon pour prendre les rênes du ministère de l’Intérieur en 2012. Depuis, il ne se cachait même pas pour critiquer celui qui était devenu son rival. En août 2013, le JDD l’interrogeait sur la personnalité de Manuel Valls. A la question : en fait-il trop pendant l’été ? L’élu répond, laconiquement : « Disons qu’il sait être au service de sa popularité. C’est sa méthode et visiblement elle lui réussit plutôt bien ». 
 

Quatre mois plus tôt, François Rebsamen avait déjà évoqué une responsabilité partagée entre le ministère de l’Intérieur et le club du PSG concernant les émeutes du Trocadéro qui avaient terni la victoire du club de la capitale en championnat de France de football.
 

Mais quelques jours après l’arrivée de Manuel Valls à Matignon, changement de ton. Il était devenu « l’homme de la situation », celui avec qui il n’entretient « aucune animosité personnelle ». Quand il s’agit d’être loyal, François Rebsamen sait changer de discours. La loyauté, c’est d’ailleurs ce qui l’a amené au sommet de l’Etat. Car depuis 1997, il ne lâche plus François Hollande. Lorsque ce dernier est nommé premier secrétaire du Parti socialiste à la faveur du congrès de Brest, François Rebsamen devient son numéro deux, celui qui le conseillera.

Profession : directeur de campagne

Son arrivée au PS date du milieu des années 70. Après un court passage en tant que militant à la Ligue communiste révolutionnaire, il finit par se trouver un mentor en la personne de Pierre Joxe. Il le rencontre en 1974 et deviendra, 10 ans plus tard son chef de cabinet à la présidence du groupe socialiste à l’Assemblée nationale. Son nom commence à circuler au sein du parti au milieu d’autres jeunes loups de l’époque comme Laurent Fabius et donc… François Hollande.
 

Dans les moments cruciaux, François Rebsamen sait se mettre au service du parti dirigé par son ami devenu aujourd’hui président. Il sera directeur de campagne des élections régionales et cantonales de 2004, puis dirigera celle pour le oui au traité institutionnel européen en 2005.
 

En août 2006, alors que le PS s’apprête à désigner en interne son candidat pour la présidentielle de l’année suivante, François Rebsamen va voir personnellement deux « éléphants » du parti qui pensaient bien briguer la place de candidat : Jack Lang et Dominique Strauss-Kahn. Il les convainc de laisser place libre à une femme, celle de François Hollande : Ségolène Royal.
 

Malgré la défaite de 2007, il est choisi par François Hollande pour mener campagne en 2012. Rarement devant les micros mais toujours très proche pour murmurer à l’oreille de son poulain.

Le conquérant de Dijon

Avant cela, François Rebsamen, né à Dijon en 1951, a fait ses classes en Côte d’Or. A la fin des années 80, il pensait à la mairie de Dijon, réputée imprenable par la gauche, en ne se rasant pas la moustache le matin. Bastion du RPR Robert Poujade, Dijon voit débarquer le jeune loup socialiste aux municipales de 1989 sans y prêter attention. Il perd dès le premier tour face au maire sortant. Six ans plus tard, il repart au combat et défit son adversaire lors du second tour. Nouvel échec à la clé, mais la ville semble avoir trouvé un successeur à son maire historique.
 

Petit à petit, le socialiste engrange les voix et en 1998, il obtient son premier mandat dans « son » département, celui de conseiller général du canton de Dijon-5. Le 18 mars 2001, près de 12 ans après sa première candidature, François Rebsamen s’empare de la mairie et s’adjuge les louanges de son parti. Depuis, Dijon est devenu un fief de la gauche. L’édile vient d’entamer un troisième mandat consécutif, symbole de sa persévérance. Pour atteindre son but, François Rebsamen est un combattant, et c’est aussi pour cela qu’il devra mener bataille sur le front de l’emploi.