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Charlie Hebdo : Riss appelle au « courage »

Publié le  Par Fabrice Bluszez

Crédit image © dr


Dans un éditorial de Charlie Hebdo n°1471, daté du 30 septembre, Riss, dessinateur et directeur de la rédaction, revient sur le projet derrière l'attentat contre "Charlie Hebdo".

Voici l'essentiel de cet éditorial dans Charlie Hebdo du 30 septembre, avec en préambule un rappel de l'attentat du vendredi 25 septembre, au hachoir,  devant l'ancien siège du journal...

Au procès, au même instant, un agent de la DGSI (Direction générale de la sécurité intérieure) expliquait qu'il était difficile de repérer des gens ordinaires qui deviennent terroristes du jour au lendemain, sans communiquer au préalable... 


 

« ... Comme le disait l’agent de la DGSI qui faisait l’état des lieux du djihadisme, il s’agit d’"un projet totalitaire et génocidaire".


La nouvelle d’un attentat commis à deux pas des anciens locaux de Charlie Hebdo nous remplit de révolte, mais aussi de détermination. Le temps où on reprochait à Charlie d’avoir publié les caricatures est passé. Il semble que la société française ait enfin compris que cette histoire de caricatures n’était que la partie émergée d’un iceberg dont l’objectif est d’envoyer par le fond la totalité de notre démocratie. Tout ce qui, de près ou de loin, incarne la liberté doit disparaître, et si les intimidations ne suffisent pas, le recours à la violence sera employé.


L’appel de plus d’une centaine de médias pour réaffirmer leur attachement à la liberté d’expression, que Charlie a publié en couverture la semaine dernière, fera date. Il faut cesser de croire qu’en respectant deux ou trois interdits exigés par les islamistes ils nous en seront reconnaissants, et qu’en échange ils nous concéderont le droit de jouir de quelques maigres libertés. En raisonnant ainsi, nous nous comportons comme des otages qui, pour sauver leur peau, obéissent à toutes les exigences de leurs geôliers. Si tout un peuple adopte cette position, cela signifie que c’est tout le pays qui sera pris en otage.


Comme le décrit Yannick Haenel dans son compte rendu du procès sur ce site, la taqiyya est une tactique qui impose de devenir transparent pour ne pas être repéré. Cette contorsion qu’on attend de nous, de s’interdire de publier les dessins qui nous plaisent et d’exprimer nos convictions, n’est rien d’autre qu’une injonction à nous effacer. L’effacement pour sauver sa vie. Mais est-on encore vivant après avoir renoncé à affirmer ce que l’on est ? Pour les fanatiques religieux qui veulent nous contraindre à cette stratégie, Dieu est à l’origine de tout, et lui seul donne consistance aux êtres humains. On atteint là le stade ultime du totalitarisme : l’humain n’est rien s’il n’est pas nourri et guidé par un Dieu-Führer. Qui, en France, en 2020, serait assez couard pour suivre une telle voie ? Assez insignifiant pour vouloir entraîner tous les autres dans sa propre insignifiance ? C’est le sens même de notre existence qui est remis en cause par chaque attentat, en ne nous donnant qu’une seule alternative : la lâcheté ou le courage. »