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Salle de shoot : où en est le projet ?

Publié le  Par Antoine Sauvêtre

Crédit image © Môsieur J - flcikr


Près d’un an après l’annonce de l’ouverture d’une salle de shoot près de la gare du Nord à Paris, le projet n’a toujours pas vu le jour. Le Conseil d’Etat ayant émis un avis négatif. Mais Rémi Féraud, le maire du 10ème arrondissement, y croit encore.

Une promesse de campagne de François Hollande tombée dans l’oubli. L’ouverture de salles de shoot en France devait être expérimentée à Paris, dans le 10ème arrondissement, « dans le courant de l’année 2013 », expliquait à l'époque la ministre de la Santé Marisol Touraine. Un an après, la fameuse salle du 39 boulevard de la Chapelle, juste derrière la gare du Nord, est toujours inexistante.

Conseil d’Etat

La faute tout d’abord au Conseil d’Etat, saisi par l’association Parents contre la drogue qui milite contre la salle de shoot, pour qui son ouverture doit passer par un article de loi. Seule une modification de la loi pourra permettre au maire du 10ème arrondissement, Rémi Féraud, d’ouvrir la salle de shoot qu’il espère depuis 2012. Il revient donc aux parlementaires de faire une proposition de loi pour faire avancer le projet, ce qui ne semble pas être à l’ordre du jour. Rémi Féraud ne désespère pas pour autant que « le gouvernement [le mette] dans un projet de loi de santé publique plus large », déclarait-il sur Europe 1. Ce lundi 2 juin, la ministre de la Justice Christiane Taubira réaffirmait son soutien à ce projet face aux lecteurs du Parisien.

 


Christiane Taubira défend la salle de shoot à... par leparisien

 

Reste que le projet, mis sous silence durant la campagne des municipales, continue d’avancer, même s’il ne peut légalement pas encore voir le jour. Les bénévoles qui défendent le projet continuent leur combat. « Il faut changer la loi, mais il y a une réelle urgence sanitaire et tout le monde est mobilisé », affirmait au Parisien Karim, de l’association Gaïa qui travaille avec la mairie pour que la salle ouvre enfin ses portes. « Le lieu pourrait ouvrir dès cette année, espère-t-il. D’ailleurs, nous avons déjà commencé des actions auprès des toxicomanes, en multipliant les maraudes et en installant des 'usagers relais', qui font le lien entre les consommateurs et les associations ». En janvier, Danièle Jourdain-Menninger, présidente de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt) réaffirmait qu’au moins une salle de shoot verrait le jour cette année. Mais le gouvernement semble avoir changé de priorité.

"Peur des sujets de société"

Au point que Rémi Féraud n’est plus aussi optimiste. Il se dit « déçu » par le blocage du projet et pense que le gouvernement a peur de se lancer dans de nouveaux sujets de société, souvent tabous. Pour autant, il ne désespère pas de voir les salles de shoot ouvrir « durant le quinquennat de François Hollande ». Ensuite, il sera peut être trop tard, alors que de nombreux pays européens, comme l’Allemagne, la Suisse ou l’Espagne, ont déjà opté pour ce dispositif « qui a donné des résultats », selon Christiane Taubira.

 

A Paris, la salle de shoot du 10ème arrondissement, approuvée par le Conseil de Paris, devait accueillir dès novembre 2013 quelque 200 toxicomanes chaque jour pour limiter leur présence dans les rues, les parkings ou les parties communes d’immeubles.
 

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