Baie de Somme : Pierre Rigaux chassé par les chasseurs
Publié le Par Fabrice Bluszez
Pierre Rigaux, défenseur des animaux, était ce week-end en Baie de Somme, désirant photographier la chasse aux oiseaux. Il en a été chassé par les chasseurs qui ont appelé les gendarmes... Garde à vue puis remise en liberté.
Pas facile de lutter contre la chasse aux oiseaux en Baie de Somme. le naturaliste Pierre RIgaux a été repéré par les chasseurs picards. Lui était occupé à photographier les oiseaux (il écrit : “je documentais la chasse aux oiseaux”), les chasseurs étaient occupés à les tuer en tirant dessus… Ces derniers ont appelé les gendarmes qui ont embarqué le naturaliste… En l'absence de délit, lequel aurait pu être “entrave à la chasse”, Pierre Rigaux a été libéré par le procureur. Il raconte l'affaire sur sa page Facebook.
Le récit de Pierre Rigaux
J'ai été arrêté et placé en garde à vue hier.
Je documentais la chasse des oiseaux d’eau en baie de Somme.
Nous étions 3 à pied au milieu de la baie, dans un secteur ouvert au public où plusieurs dizaines de chasseurs tiraient sur des oiseaux.
La baie de Somme est une très vaste étendue à marée basse, nous étions postés au milieu, à 20 minutes de marche de la côte.
Trois représentants de l’association des chasseurs de la baie de Somme, avertis de notre présence, sont arrivés. Ils nous ont suivis, nous ont harcelés longuement, ont tenté d’asperger notre matériel et nous ont sommé de quitter la baie.
La veille, nous avions subi une tentative d’intimidation similaire par 3 chasseurs cagoulés.
Hier matin, après une heure de harcèlement par les 3 chasseurs, nous sommes finalement partis en direction du parking.
Pendant ce temps-là, les chasseurs qui nous suivaient ont appelé la gendarmerie en prétendant que nous entravions la chasse.
Arrivé au parking, j’ai été arrêté par les gendarmes, placé immédiatement en garde à vue et conduit à la gendarmerie, tandis que nos agresseurs partaient libres.
Mon téléphone et ma caméra ont été saisis, leur contenu a été examiné.
On me reproche de filmer les actions de chasse et d’entraver la chasse (l’entrave à la chasse est un délit).
Après 3 heures de garde à vue, j’ai été libéré sur décision du procureur sans aucune charge retenue contre moi, et mon matériel m’a été restitué.
Les gendarmes et le procureur ont pu constater en examinant mes images que rien de ce que je faisais n’était répréhensible.
Nos agresseurs du jour et de la veille n’ont en revanche pas été inquiétés.
Hier soir après la garde à vue, je suis retourné sur le terrain.
Nous avons à nouveau été harcelés par 6 chasseurs cette fois, qui nous ont suivis de près pendant 40 minutes après nous avoir repérés alors qu’on marchait à 2 sur un sentier de randonnée le long de la baie.
Nous avons dû rejoindre la route et partir en voiture pour échapper à leur harcèlement.
Nous reviendrons dès aujourd'hui, de façon toujours pacifique, sans parler aux chasseurs, en restant à distance. Nous avons le droit d’être là. La mafia ne gagnera pas.
Nous allons continuer de documenter ce que subissent les oiseaux en baie de Somme.
il faut rappeler que la garde à vue n'est pas une “punition” mais un ensemble de mesures destiné à entendre la personne dans les règles prévues par la loi, pour que son audition puisse être prise en compte par la justice.