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Toulouse : comment expliquer le drame ?

Publié le  Par Jennifer Declémy

Crédit image © AP/Jacques Brinon


Une semaine après le drame les explications sur le pourquoi continuent de diviser une société qui n'avait pas vu venir cette tuerie.

Doit-on expliquer le geste de Mohamed Mehra par un accès de folie ? Par une mauvaise intégration à la société française ? Ou à cause de l'immigration ? Depuis quelques jours chacun y va de son analyse, voyant dans le geste de ce jeune homme les conséquences d'un malaise de la société française qui n'arrive pas à intégrer ses propres membres, et d'autres refusant de trouver une explication, y voyant simplement l'oeuvre d'un fou, d'un monstre. 

La difficulté de cette affaire est que le cas de Mohamed Mehra est parfaitement atypique. Ne faisant à priori pas partie d'un groupe djihadiste, il reflète une dérive individuelle qui a pu être conditionnée par son séjour en prison et ses nombreuses arrestations, et rend les réponses de la part des hommes politiques délicates. Ce drame est-il un simple fait divers, ou appelle-t-il à des réponses politiques globales ?

Entre eux les candidats se divisent. Il y a ceux qui, comme le chef de l'état, refuse de croire que la société française puisse être blâmée pour les tueries de ce jeune homme qui est né sur son sol. Nicolas Sarkozy et son camp ne sont pas d'avis à remettre en cause les fondements de l'état de droit, arguant que la politique qui a été menée jusqu'à présent, notamment dans les banlieues est exempte de tout reproche. Le président-candidat l'assure d'ailleurs : "les banlieues aujourd'hui sont apaisées parce qu'elles sentent, les habitants sentent qu'on s'occupe d'eux".

Le candidat du Front de Gauche est presque dans la même optique quand il appelle à la retenue sur cette affaire, dont il qualifie l'auteur des faits de fou ou de désaxé songeant qu'il ne faut surtout pas "politiser cette affaire et qu'il faut éviter de relancer des guerres religieuses" .Mais parmi le reste de la classe politique, on essaie en revanche de trouver des raisons politiques et/ou sociétales qui expliquent ce geste. 

François Bayrou fut le premier à blâmer l'état de la société française et sa violence, et son équipe derrière lui se pose sérieusement la question de savoir comment cette dérive d'un enfant né dans le giron de la république a pu être rendue possible. Pourtant, devant la polémique suscitée par les propos du candidat centriste, le Modem a préféré arrêter d'en parler, quitte à faire l'impasse sur une importante réflexion. Les socialistes aussi, qui veulent éviter d'être taxée d'angélisme, préférent éviter de se poser la question du pourquoi.

Quant au FN, les dirigeants d'extrême-droite ont vite fait de trouver une réponse à ce drame en posant le diagnostic d'une France gangrenée par l'islam radical, les voyous et les banlieues qui ont échappé à l'état de droit français. Faisant un lien entre immigration et insécurité, Marine Le Pen estime que c'est l'arrivée chaque année d'environ 100 000 personnes (sur les 200 000 personnes qui viennent chaque année, la moitié environ repart au cours de la même année) qui pose ce genre de problème et de situation sur le territoire français.

Une semaine après le drame, personne encore n'ose poser de questions sur les raisons qui ont poussées à la dérive ce jeune homme. Un apaisement de la société française ne serait pourtant possible que si les français obtenaient une réponse satisfaisante, aussi désagréable puisse-t-elle être pour certains...