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Le SMIC à la sauce européenne

Publié le  Par Jennifer Declémy

Crédit image © Revert Bernal/AFP


Des propositions récentes faites par la Commission Européenne sur l'emploi et le SMIC suscitent toutes sortes de réactions parmi les états membres.

En plaidant pour la mise en place de salaires minimums en Europe, la commission européenne a suscité des réactions controversées parmi les pays membres, et notamment les candidats français à l'élection présidentielle, dont certains n'ont pas tardé à voir une menace terrifiante pour notre modèle social. La controverse porte sur le fait que l'Union Européenne voudrait des salaires minimums différenciés par secteurs.

"Les niveaux de chômage actuels dans l'Union Européenne sont dramatiques et inacceptables, les créations d'emploi doivent devenir une vraie priorité européenne" a expliqué dans un communiqué le commissaire européen chargé de l'emploi et des affaires sociales. Presque quatre ans après le début de la crise des subprimes, l'Union Européenne redécouvre donc les vertus de la croissance pour permettre de résoudre les déficits publics.

"Pas question de relancer l'économie sur la base d'un stimulus budgétaire" a indiqué le président de la commission José Manuel Barroso, qui danse actuellement sur deux pieds, l'un étant l'exigence des marchés de voir les déficits se réduire, l'autre étant de relancer la croissance pour ne pas laisser les pays s'enfoncer dans l'austérité, d'autant plus que le taux de chômage dépasse aujourd'hui allégrement les 10%.

"La mise en place de salaires minimums à des niveaux appropriés peut aider à empêcher la pauvreté croissante de ceux qui ont un emploi et constitue un facteur important pour garantir la qualité décente de travail" estime désormais la commission, qui pourtant a vu pendant longtemps le salaire minimum comme un frein au travail. Mais ces considérations visent avant tout l'Allemagne, première économie européenne qui pratique des salaires bien trop bas au vu de ses résultats. Certains candidats français craignent cependant que cela ne crée en France un ajustement sur le SMIC vers le bas, comme Marine Le Pen qui a aussitôt dénoncé "l'explosion du SMIC".

Le texte de la commission n'impose aucune contrainte aux pays membres pour le moment, et surtout pas des salaires qui baisseraient aux alentours des 500 euros. Pour le moment, ce communiqué est davantage le signe que la commission a opéré un revirement stratégique sur une question sociale cruciale. Reste à voir dans les faits ce que cela donnera concrètement.