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La Roumanie manifeste contre la crise

Publié le  Par Jennifer Declémy

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De manière plus discrète que la Grèce, la Roumanie souffre de la crise, de l'austérité, mais aussi de son Gouvernement jugé trop libéral et corrompu.

Il n'y a pas que la Grèce qui soit dans un très mauvais état financier et social. La Roumanie aussi, et c'est le message envoyé depuis près d'une semaine par les diverses manifestations, appels à la démission et incidents noctures par la population roumaine qui ressent de plus en plus mal les privatisations lancées par le pouvoir actuel et la cure d'austérité déclenchée par le FMI en 2008. La rigueur mise en place dans ce pays semble atteindre ses limites sociales ces derniers jours.

Dans un pays peu habitué à voir les membres de la société civile manifester une quelconque opposition au pouvoir en place, les manifestations quotidiennes qui se tiennent désormais dans le coeur de Bucarest, de manière sporadique et spontanée, inquiètent le Gouvernement qui a de plus en plus de mal à faire passer ces réformes. La dernière en date, c'est le projet gouvernemental de réduire la couverture médicale publique pour privatiser la santé en introduisant dans ce secteur quatre assureurs complémentaires privés.

Ce qui a également suscité l'indignation d'une partie de la population, c'est la démission forcée de Raed Arafat, ce sous-secrétaire d'état palestinien qui fut traité de "gauchiste" par le Président Baescu, au motif qu'Arafat avait critiqué le projet ci-dessus mentionné de privatisation de la santé roumaine. Mais devant les protestations des roumains qui apprécient énormément cette personnalité, Raed Arafat devrait être réintégré à son poste.

Mais cela ne suffira pas à calmer les manifestants qui eux continuent à réclamer la démission du Président roumain, la moralisation de la vie publique et l'arrêt des politiques d'austérité. Le pays souffre d'une cure de rigueur sévère depuis 2008, date à laquelle les dirigeants roumains durent appeler à la rescousse le FMI pour pouvoir payer ses dettes. Les contreparties d'une telle aide furent cependant sévères pour les couches populaires : diminution de 25% des salaires des fonctionnaires, diminution de 15% des pensions de retraite et une hausse de 5 points de la TVA qui est passée de 19 à 24%. Résultat, une intensification de la souffrance sociale et un sentiment d'injustice criant dans la population.

Si le pays a néanmoins réussi à résorber la crise, il souffre toujours d'un mal endémique, la corruption, décriée par les électeurs qui se méfient des classes les plus riches qui n'ont pas vu leur impôt augmenter, mais aussi des politiques de privatisation qui ont mis plusieurs hommes politiques aux bans des accusés dans les tribunaux. Plusieurs ont été mis en examen pour détournement de fonds et corruption. Résultat, les roumains n'ont plus confiance en leur classe politique.

C'est dans ce contexte que l'opposition appelle à la démission du Gouvernement et à la tenue d'élections anticipées, mais l'opposition n'est guère plus populaire que le président Baescu.