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Tour de France (4-26 juillet): Quintana veut entrer dans l’histoire

Publié le  Par Jacques-Henri Digeon

Crédit image © flickr - Sean Rowe


Au départ du Tour de France ce samedi 4 juillet à Utrecht, trois des derniers vainqueurs : Nibali, Froome et Contador. Ils sont favoris. Avec un quatrième homme qui pourrait bien les mettre d’accord aux Champs-Elysées, le 26 juillet, le Colombien Nairo Quintana.

Quatorze, c’est le nombre d’étapes du Tour de France remportées par les Colombiens… C’est en 1983 qu’ils sont apparus pour la première fois sur la plus grande épreuve cycliste du monde. Et dès l’année suivante, le légendaire « Petit jardinier », Lucho Herrera  entrait dans la légende du Tour en s’imposant à l’Alpe d’Huez avant de rentrer en héros dans son pays. Il fallut attendre 1988 pour que Fabio Parra monte sur la 3e marche du podium  des Champs-Elysées à 10 minutes du vainqueur Pedro Delgado et derrière le Hollandais Steven Rooks. Cette année là, pas moins de quatre contre-la-montre (hors prologue) jalonnaient le parcours, ce qui ne convenait pas aux petits gabarits colombiens, peu taillés pour l’exercice chronométré et beaucoup plus à l’aise dès que la route s’élevait. Il aura fallu attendre 2013 pour qu’un Colombien remonte sur le podium du Tour. Cela dès sa première participation, à la 2e place derrière de Britannique Froome. De ce jour, Nairo Quintana devenait un vainqueur potentiel.
 

Au coup d’envoi du 102e Tour de France (4-26 juillet), il n’y a rien d’étonnant que nombre d’observateurs  citent le Sud-Américain comme l’homme à battre. D’autant qu’avec seulement  42 kilomètres de contre-la-montre (14 pour le départ de samedi à Utrecht et 28 par équipe en Bretagne), il devrait perdre un minimum de temps avant d’aborder les Pyrénées et une campagne alpestre monstrueuse. Face à  lui, trois anciens vainqueurs, l’Italien Nibali (2014), le Britannique Froome (2013) et l’Espagnol Contador (2007, 2009), mais encore les français, Pinot et Bardet  (et Peraud ?) sans complexe et débordant d’ambitions.

La bande des quatre

L’expérience de Nibali. C’est le tenant du titre. En 2014, les abandons de Froome et Contador l’ont libéré et lui ont donné des ailes. Qu’en sera-t-il cette année ? Le leader d’Astana a eu un début de saison plutôt discret et semble être resté sur la réserve. Mais Vicenzo Nibali a une grande expérience et comptera sur  une équipe solide avec notamment trois excellents grimpeurs pour l’épauler en montagne.
 

Les accélérations de Froome. Avec Richie Porte (aura-t-il récupéré de son désastreux Giro ?) et Gerraint Thomas comme lieutenants, et l’Irlandais Roche en montagne, le Britannique  de la Sky sera bien entouré sur tous les terrains. Les accélérations de Christopher Froome sur les pentes pyrénéennes et alpestres seront redoutables. Reste qu’il faudra les placer à bon escient…
 

Contador le tacticien. L’Espagnol de Tinkoff-Saxo va tenter l’incroyable pari de réaliser le doublé Giro-Tour. Il a maîtrisé ses adversaires en Italie, leur octroyant à sa guise des bons de sortir. Son  parcours sur la récente Route du Sud a laissé apparaître une bonne récupération. Et c’est probablement Alberto Contador qui a  le plus grand sens de la course, ce qui dans le Tour est un atout de premier choix…
 

Quintana pour l’histoire. On l’a dit, Nairo Quintana pourrait être le premier Colombien le Tour. Une motivation suffisante pour celui qui a remporté le Giro 2014 et fini 2e du Tour 2013 pour ses premières participations à ces épreuves. Avec Valverde comme capitaine de route, son compatriote Anacona en montagne et les rouleurs de Movistar pour le CLM par équipe, il aura de sérieux arguments.

Le trio français

Le nouveau Pinot. Certes, il n’y avait aucune des stars. Mais au Tour de Suisse, à 2700 mètres d’altitude,  Thibaut Pinot a fait preuve d’une belle autorité. Quelques semaines avant, en Romandie, le coureur de la fdj.fr avait  distancé le trio Froome-Quintana-Nibali…  Ses atouts : sa capacité a tenir de gros tempo après une attaque,  ses facultés de récupération et la prise de responsabilités dans les moments importants, ce qui est nouveau pour lui.
 

Bardet sans complexe.Au Dauphiné, dans l’étape de Pra-Loup, attaqué par Froome,  c’est  le coureur d’AG2R qui a eu le dernier mot en plaçant une irrésistible attaque avant d’accentuer son écart dans la descente oui en le maintenant dans la montée de Pra-Loup. Suffisant pour en faire un client sérieux dans les étapes de montagne d’autant que, comme Pinot, Romain Bardet ne fait plus aucun complexe face aux ténors.
 

Quid de Peraud ? Une inter-saison perturbée, un succès au Critérium international, un abandon au chrono des championnats de France, l’aveu d’une petite forme et montrer que sa deuxième place 2014 « n’était pas un hasard », Jean-Christophe Peraud (AG2R) fait souffler le chaud et le froid. Le « lascar » a de l’expérience et sait sauter sur les bonnes occasions. Seule certitude, son leader, Romain Bardet, pourra compter sur lui…

Et les autres…

Van Garderen, Valverde et compagnie… Derrière les six nommés précédemment, il y aura une flopée de suiveurs. Nous avons bien dit suiveurs tant ces coureurs sont plutôt à ranger dans la catégorie des opportunistes prêts à sauter sur les bonnes occasions mais sans prendre de risques réels d’attaque. Premier de cordée, l’Américain Van Garderen (BMC) semble le mieux placé derrière la bande des six. Mais saura t-il attaquer ? Avec lui,  Valverde qui, s’il devra avant tout épauler Quintana, partira avec moins de pression que d’habitude et pourrait en tirer profit. On citera encore pêle-mêle les Bataves Gesink  et Ten Dam (LottoNL), Mollema (Trek), l’autre américain Talanski (Cannondale),  l’autre espagnol, Joaquim Rodriguez (Katusha), le Portugais Rui Costa (Lampre).
 

L’attraction erythréenne. Attention également à la triplette Simon Gerrans-Dary Impey-Simon Yates (Orica), à l’aise sur tous les terrains et à Tom Dumoulin (Giant), valeur montante du peloton dont on ne connaît pas les limites. Enfin, on suivra avec curiosité les premiers pas des premiers noirs africains à participer au Tour avec l’équipe sud-africaine MTN-Qhubeka, l’Erythréen, Daniel Teklehaimanot (meilleur grimpeur du Dauphiné, quand même !) et Merhawi Kudus. Même si ce n’est pas le même contexte, son maillot de meilleur grimpeur du Dauphiné est une référence.
 

Objectif Top 10. Du côté français, ils viseront un classement dans les dix premiers à Paris : l’Orléanais Pierre Rolland (Europcar), capable de coups d’éclat (il a gagné à Huez !) ; le prometteur breton Waren Barguil (Giant) dont Hinault dit le plus grand bien ; l’Essonien Tony Gallopin (Lotto-Sousal) qui, s’il manque encore d’épaisseur en haute montagne, n’en reste pas moins un des meilleurs puncheurs du peloton ; enfin, pourquoi pas Jérôme Coppel, nouveau champion de France contre-la-montre qui, après deux années de disette, montre un très net retour en forme.
 

Les rois du sprint. Peu en vue ces derniers temps, Marcel Kittel a été écarté de l’équipe Giant. Ce qui donnera carte blanche à son équipier Degenkolb pour les sprints. A part l’Allemand, tous les rois de l’emballage seront là : Cavendish (Etixx-Quick Step), Farrar (MTN-Qhubeka)), Greipel (Lotto Soudal), Kristoff (Katusha), Sagan (Tinkoff). Et bien sûr on attendra beaucoup des trois Français : le risque-tout Bouhhani (Cofidis), s’il est bien remis de sa chute du championnat de France, le puissant Demare (fdj.fr) et le malin Coquard (Europcar) sont tous capables de troubler l’hégémonie des grands du sprint.
 

Comme d’autres « Bleus », ils ne nourrissent en tout cas plus aucun complexe. Et c’est bien cela qui pourrait rendre ce Tour 2015 encore plus passionnant.  Il ne vous reste plus qu’à faire vos jeux !