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SuperLigue : le football en ébullition

Publié le  Par Jacques-Henri Digeon

Crédit image © dr


Le monde du football est en ébullition. Le projet de SuperLigue fermée avec les grands d'Europe est loin de faire l'unanimité. Questions-Réponses. Et réactions.

Qu'est ce qu'est la SuperLigue ? Elle est créée pour remplacer la Ligue des Champions. Vingt équipes la composent. 15 permanentes et 5 invitées chaque année. Pour les 15 équipes ''membres'', quel que soit leur classement, elles restent dans ce super championnat. Seules les invitées varient.

Quels sont ces clubs? Six Anglais : Arsenal, Chelsea, Liverpool, Manchester United et Manchester City ; trois Espagnols : Atletico Madrid, Barcelone et Real Madrid ; trois Italiens : AC Milan, Inter Milan et Juventus Turin. A l'origine de ce projet, Fiorentino Perez, président du Real Madrid et Andrea Agnelli, président de la Juventus Turin.

Les refus. 6+3+3, cela fait 12. IL reste donc trois places à prendre pour les permanents. Le Bayern Munich et le Paris SG se sont désolidarisés. Ils ont participé aux réunions préparatoires avant de se retirer. Ils ne font donc par partie des membres fondateurs. Selon la presse spécialisée, de nouveaux contacts devraient être pris avec le club parisien, le Bayern et un autre club allemand, probablement Dortmund.

Pourquoi cette Ligue ? Ces clubs, parmi les plus grands (et plus riches) d'Europe, considèrent l'actuelle Ligue des Champions comme désuète. La SuperLigue, à l'image de ce que se fait en basket, hockey et base-ball aux Etats-Unis, leur permettra ainsi d'être assurés de jouer régulièrement au plus haut niveau alors qu'avec la formule actuelle la participation à la LDC est dépendante du classement dans leur championnat national. Mais surtout, ces ''puissants révolutionnaires'' y voient un grand intérêt de... portefeuille. Ses initiateurs expliquent qu'elle est destinée à « générer des ressources supplémentaires pour toute la pyramide du football. »

Combien ? Selon le secrétaire général de cette SuperLigue, Anas Laghari, « Le football est un domaine qui ne gagne pas d'argent » (Ah, bon !) Et d'expliquer que les finances des grands clubs sont dépendantes de leurs résultats. Là, les participants seraient assurés d'une manne régulière. On parle de 400 millions. Actuellement l'UEFA reverserait environ 300 millions pour une cinquantaine de clubs. Pour les finances, la banque américaine JP Morgan a assurée qu'elle allait investir 3,5 milliards.
Fonctionnement. 2 poules de 10 équipes. 18 journées.10 matches par journée soit 180 matches (contre 96 actuellement). Les 3 premiers de chaque groupe sont qualifiés pour les quarts de finale ; les 4e et 5e disputent un barrage pour rejoindre les quarts.

Contre-attaque. L'UEFA qui régit la Ligue des Champions a réagi à l'annonce de ce projet. ''Sa'' coupe d'Europe pourrait donc changer de formule à partir de 2024. 36 clubs (au lieu de 32 actuellement). 1 poule unique, 10 journées (5 à domicile, 5 à l'extérieur), 18 matches par journée ; 180 matches de septembre janvier. Les 8 premiers qualifiés en huitièmes de finale ; les classés entre les 9e et 24e places disputent des barrages ; les vainqueurs rejoignent les quarts, les autres descendent en Ligue Europa.

Dévaluation. Avec ces grands d'Europe participants permanents, les championnats nationaux seront très probablement dévalués. L'attrait sportif serait en effet moindre tout autant que l'aspect spectaculaire avec de nombreux grands joueurs absents. Les supporteurs et spectateurs seraient les plus flouées dans l'affaire.

Quid du PSG ? Nasser al-Khelaïfi a toujours exprimé son opposition à ce projet. Son obsession, c'est l'actuelle Ligue des Champions qu'il rêve de remporter. C'est son objectif qu'il a failli atteindre en août dernier en accédant à la finale (défaite contre le Bayern) et qui se précise encore cette année avec la qualification au dernier carré (contre Manchester City) après avoir éliminé Barcelone et le Bayern. Pour certains analystes, il semble que le Qatar (propriétaire du PSG) ne peut pour le moment se désolidariser des instances européenne (UEFA) et mondiale (FIFA) à un an du Mondial... au Qatar. Pour le moment... Mais après ?
Sans oublier que le PSG est confronté à un autre dilemme : celui de garder ses étoiles. Neymar et MBappé, toujours en quête de notoriété et d'ascension sportive et, au passage, d'émoluments financiers, pourraient en effet être tentés de répondre ailleurs aux sirènes de la gloire si Paris n'intégrait pas le groupe des quinze
 

Réactions


Jean-Michel Aulas (président de l'Olympique lyonnais) : « Cette SuperLigue n'obtient pas l'adhésion populaire car elle met en avant les vertus de l'argent contre l'esprit de fair-play alors que nous devons être plus solidaires (…) Nous devons construire des ponts, pas des murs. Construire ensemble l'avenir d'un football où la méritocaratie et l'émotion ne seront pas oubliées. »

Eric Cantona (ex-international et Manchester United): « Les fans sont la chose la plus importante dans le foot. Ils doivent être respectés. Est-ce que les gros clubs ont demandé ce qu'il en penses. Non, et c'est honteux. »

Luis Figo (ex-Real Madrid) : « Cette démarche cupide et sans cœur serait un désastre pour notre base. Juste pour servir les intérêts de propriétaires qui ont cessé depuis bien longtemps de s'intéresser à leurs fans et n'ont que mépris pour le mérite sportif. »

Rudi Voller (ex-international allemand) : « Un crime contre le football. Que ceux qui veulent jouer dans cette Ligue soient exclus de toutes les compétitions nationales. »

Zinedine Zidane. Bien entendu, on attendait la réaction de l' entraîneur français du Real, l'un des initiateurs de cette SuperLigue. Et comme de bien entendu, Zizou a préféré botter en touche : « C'est une affaire du président. Moi je suis concentré sur le match de demain (contre Cadiz). Je ne me mouille jamais parce que mon travail c'est le quotidien et le match de demain... »