Cyclisme : les mêmes… et surtout Seixas
Publié le Par Jacques-Henri Digeon
Tadej Pogacar s’est offert un nouveau récital sur les routes de Drôme-Ardèche et remporté le titre de champion d’Europe devant Remco Evenepoel. Mais la grosse satisfaction française est la 3e place du prometteur Paul Seixas.
Refrain connu : Tadej Pogacar s’en va tout seul et laisse les miettes aux autres. Une semaine après avoir conquis son deuxième titre de rang de champion du monde sur les routes pentues du Rwanda, il a endossé, ce dimanche, sur celles toutes aussi escarpées de Drôme-Ardèche, le maillot de champion d’Europe
Scénario connu : quand il a vu que les Belges de Remco Evenepoel durcissait la course, le Slovène a placé une seul petit coup d’accélérateur pour disloquer le groupe de favori. Le Belge, vice-champion la semaine dernière à Kigali, a suivi un court instant avant de céder face au coup de rein et à la pédalée souple et puissante de ‘’Pogi’’.
‘Pog’’ comme d’hab’. La suite est limpide : Pogacar s’envole dans une grande chevauchée dont il a le secret à 75 kilomètres du but, ce qui en fera sa deuxième plus longue cavalcade solitaire après celle d’un peu plus de 80 bornes des Strade Bianche 2024.
Emballé, c’est pesé ! Du coup, c’est derrière lui que la course a pris tout son sens. Largué par Pogacar, Evenepoel allait se voir rejoindre par, excusez du peu, le petit jeunot dont tout le monde attends monts et merveille, Paul Seixas, qui a soufflé ses 19 bougies le 24 septembre dernier. Puis par l’Espagnol Ayuso et l’Italien Scaroni. A quatre, on aurait pu penser que ça allait le faire et que Pogacar n’avait qu’à bien se tenir.
Evenepoel se fâche. Sauf que, le Transalpin est un spécialiste du sparadrap, comprenez qu’il est du genre à coller à la roue sans prendre de relais. Ce qui a bien entendu énervé les trois autres et donc fait rouler la poursuite sur trois pattes, puis deux, l’Ibérique se disant qu’après tout, il n’avait au une raison d’en faire plus. Et comme plus tard, le jeunot reçut les consignes de Thomas Voeckler d’y aller mollo-mollo au cas ou les cinq autres français dans le troisième échelon reviendrait sur le quatuor, Evenepoel dut se coltiner presque tout seul l’impossible poursuite. Il patienta avant de s’énerver et de décider de laisser les trois autres s’expliquer pour la médaille de bronze.
1er donc : Pogacar ; 2e : Evenepoel… Comme la semaine dernière….
Seixas, futur grand. Restait ce bronze quand même très convoité derrière les deux extra-terrestres du peloton.
Et c’est là que la France du cyclisme a découvert, ce Paul Seixas qui fort de ses 19 printemps a montré un potentiel qui pourrait enfin donner au peloton français le grand leader qu’il attend depuis (trop) longtemps.
Patientant avec ses deux compères plutôt suceurs de roue, il patienta jusqu’à l’ultime ascension avant de resserrer ses cale-pieds et leur asséner, à l’énergie, une première accélération qui laissa Ayuso sur le carreau, puis trois autres pour se débarrasser de la sangsue italienne et filer vers une troisième marche du podium aux côtés du duo Pogacar-Evenepoel, ce qui se fait de mieux actuellement dans le monde du cyclisme. Si l’on pourra parler de nouveau chef d’oeuvre pour Pogacar, de toile de maître pour Evenepoel, on qualifiera cette médaille de bronze de Paul Seixas de grand art et de science de la course déjà bien avancée. A coup sûr, s’il ne s’éparpille pas, si ces dirigeants le canalisent et si le destin veut bien lui sourire ce petit jeunot a tout pour devenir grand.
Classement
1. Tadej Pogacar (Slovénie)
2. Remco Evenepoel (Belgique) à 31’’
3. Paul Seixas (France) à3’41’’
4. Christian Svaroni (Italie) à4’04’’
5. Tom Skujins (Lettonie) à 4’16’’
6. Juan Ayuso (Espagne) à4’21’’
7. Mattais Skejmose (Danemark) à 4’01’’
8. Pavel Sivakov (France) à5’55’’