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CDM 2014 : Deschamps veut qu’on oublie Knysna

Publié le  Par Raphaël Didio

Crédit image © Flickr - Nicolas Munoz


Mardi 13 mai, Didier Deschamps a dévoilé sa liste des 23 qui se rendront à la coupe du Monde. LE Monde l’a interviewé afin de faire le point avec lui. Extraits.

En publiant le nom des 23 joueurs qui se rendront à la coupe du Monde, à moins d’un pépin physique de dernière minute, ainsi que le nom des 7 réservistes, Didier Deschamps permet à son groupe de se préparer plus sereinement.  A seulement un mois de l’ouverture du mondial et du premier match des Bleus le 15 juin,  face au Honduras, Didier Deschamps a fait le point pour le journal Le Monde et dévoile ses premiers objectifs. A l’inverse de Raymond Domenech qui donnait rendez-vous 11 juillet 2010, jour de la finale, Didier Deschamps veut seulement donner « rendez-vous qu’au 15 juin. […] C’est notre premier rendez-vous à réussir. Après, on verra. ».


Plus dans la lignée dans son prédécesseur, Laurent Blanc, qui se fixait comme objectif de gagner au moins un match durant la phase finale de l’Euro 2012 (ce qu’il a fait, contre l’Ukraine, ce qui lui a permis d’accéder en quart de finale avant d'échouer contre l'Espagne), Didier Deschamps dénote tout de même avec l'actuel du PSG en annonçant que « le premier objectif est de gagner le premier match. Car le dernier match qu’on a gagné en phases de poule de Coupe du monde, c'était en 2006. Et, avec tout le respect que j’ai pour ce pays, c'était contre le Togo. C’est capital de gagner le premier match pour bien se lancer dans la compétition. »

Oublier Knysna


Mais Didier Deschamps veut que les médias cessent surtout de parler de Knysna (l’épisode du bus lors de la coupe du Monde sud-africaine). « On y revient chaque fois, s'agace-t-il. Si vous pouviez ne plus en parler… Tournée ou pas, on ne peut rien y faire. C’est acté. Il s’est passé ce qu’il s’est passé. Ce n’est pas en reparlant de cela qu’on va arranger ou améliorer ce qui nous attend. Si j’en ai parlé avec les cadres de 2010 ? Je m’en fous royalement. Je n’y étais pas. J’ai eu les infos que j’ai voulu avoir. Mais je n’ai pas cherché à aller au fond des choses. »


Pour bien préparer le vivre-ensemble de son groupe, l’ancien champion du monde 98 a établi un code de bonne conduite « Rien de draconien, juste un cadre pour bien vivre ensemble, précise-t-il. Cela commence par le respect des autres et des horaires. Le risque, au fil du temps, est qu’on a tendance à relâcher un peu le cadre. C’est là où il faut être vigilant. Je n’ai pas la prétention de dire qu’il ne peut pas y avoir un souci à un moment ou un autre. »

Quand la "Dèche" pique les journalistes


Et pour cela, il ne s’interdit pas non plus d’empêcher ces joueurs de communiquer sur Twitter « J’y réfléchis, reconnait-il. Les nouvelles technologies, elles sont là, je ne vais pas aller à leur encontre. Mais il y a aussi les mauvais côtés. Tout dépend de ce qu’on dit et comment on le dit. Et de l’interprétation qui en est faite. » Et Didier Deschamps ne s’interdit pas non plus de tancer quelque peu les journalistes. A la question « Savez-vous qu’il y a un bordel à 500 m de votre hôtel ? », le sélectionneur français n’y va pas par quatre chemin, et réalise le contre-pied parfait :

« Non. Mais apparemment vous êtes mieux renseigné que moi. C’est bizarre, parce que vous devez fréquenter les mêmes endroits que les joueurs. Quand on va jouer en Ukraine, je sais aussi que les soirées des journalistes sont très animées. Curieusement, vous allez dans les mêmes endroits mais ça se sait moins. Souvent, j’arrive à le savoir quand même. Au cas où. Parce que vous pouvez avoir des dossiers sur les joueurs, mais j’en ai aussi sur vous. C’est bien de savoir ce qui se passe. Après, chacun fait ce qu’il veut. »

La France en outsider

L'ancien entraîneur de l'Olympique de Marseille a bien entendu donner son point de vue sur les chances des Bleus. Pour lui, cinq équipes se dégagent comme favoris « le Brésil, l’Argentine, l’Espagne, l’Allemagne et l’Italie », avant de préciser que La France « n'est pas dans cette catégorie là. On est plutôt dans un deuxième groupe d'équipes qui peuvent être compétitives et nourrir des ambitions ».

Il s'est également penché sur le style de jeu de l'équipe de France. Pour lui, l'équipe de France devra avant tout s'adapter à son adversaire : « Tout dépend de l’équipe qu’on a en face de nous. C’est un rapport de forces. Aujourd'hui, si on joue l’Espagne, on sait qu’on ne va pas pouvoir lutter dans le domaine de la possession du ballon. Mais ce que je souhaite, c'est qu’on prenne la responsabilité du jeu, qu’on puisse l’imposer à l’adversaire. »

Bref, Didier Deschamps semble effectivement bien préparer cet évènement, qui, il le sait, peut permettre à l’équipe de France de se réconcilier définitivement avec son public. Il pourrait, pourquoi pas, rééditer un exploit similaire à celui réalisé en 2004 avec l'AS Monaco qu'il a emmené en finale de Ligue des Champions, contre toute attente. Car avant d'être un tacticien, Didier Deschamps est un meneur d'hommes et sait pertinemment comment faire d'un outsider un prétendant légitime à la victoire.