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Qui a tué Vanesa, la nuit dernière au bois de Boulogne ?

Publié le  Par Fabrice Bluszez

Crédit image © dr


A Paris, dans la nuit du jeudi 16 au vendredi 18 août, un groupe de 7 à 8 personnes a sauvagement agressé Vanesa Campos, la tuant d'une balle au thorax.

Sans doute Vanesa, 36 ans, prostituée d'origine péruvienne, avait-elle tenté d'intervenir avec un de ses clients contre les voleurs qui pillent les voitures stationnées dans les allées... C'est l'hypothèse qui ressort des témoignages et des récits autour de l'enquête. Les assaillants auraient utilisé des couteaux, bâtons, cutters, selon un policier, rapporte Le Parisien


 « Avec elle dans nos mémoires »


Dans son blog, "Ma lumière rouge", sur Libération, Thierry Schaffhauser écrit...
 

  « Nos morts sont normalisées. Une pute qui meurt c’est un peu comme un personnage de jeu vidéo qu’on tue, ce n’est pas grave. C’est un peu comme une blague sexiste, on en rit, puis on passe à autre chose. Une femme trans tuée, ça ne reste qu’un « travelo », cette insulte qu’on entend tous les jours de la part des passants, et cette remarque à laquelle on fait face toute sa vie, y compris dans des mouvements politiques qui se disent progressistes et féministes :  « Tu n’es pas une vraie femme ».

Et nous comprenons parfaitement ce que cela signifie, à savoir que nous ne faisons pas partie de cette humanité normale qui a droit au respect de sa vie. Nous sommes traitées comme une sous-espèce, qu’on peut écraser comme un insecte, au point que la police, ceux qui sont payés pour protéger les citoyens normaux, nous harcèle quotidiennement, nous colle des amendes et détruit nos tentes au cutter, nous appelle "monsieur" pour nous humilier, et nous place en détention dans des cellules pour hommes, où nous sommes agressées par nos codétenus.

Une migrante tuée, c’est une personne dont on pense qu’elle n’a de toute façon pas d’attaches en France. C’est une indésirable en moins. Il n’y aura personne pour protester lorsque son dossier sera classé sans suite, car sa famille, si elle ne l’a pas rejetée, est trop loin pour s’en occuper. Sa famille pourtant c’est nous. Nous restons dans la vie avec elle dans nos mémoires. Nous continuons à vivre en espérant qu’à force de résister, les choses s’amélioreront peut-être un peu pour celles plus jeunes qui nous remplaceront après nous. »


Un hommage sera rendu le vendredi 24 août à 18 heures sur place, au bois de Boulogne.