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Fleury-Mérogis : quand Leclerc abuse des aides de Pôle emploi

Publié le  Par Raphaël Didio

Crédit image © Flickr - 2.


Le journal Le Monde révèle ce jeudi que l’entreprise Leclerc est au cœur d’un scandale visant à abuser des aides fournies par Pôle emploi. Une plainte contre X a a été déposée.

Deux avocats, agissant pour le compte de onze victimes et de l’union locale CGT, ont déposé plainte contre X au parquet d’Evry lundi 17 novembre pour « escroquerie, offre d’emploi fausse, travail dissimulé, soumission de personnes vulnérables à des conditions incompatibles avec la dignité humaine et violences ». En cause, notamment, une promesse d’embauche non tenue. Récapitulatif de l’histoire.

Le 15 janvier, le franchisé – règle chez Leclerc – a pris en stage 91 chômeurs du 17 décembre 2013 au 4 février 2014 afin d’ouvrir un supermarché à Fleury-Mérogis (Essonne). Ces stagiaires sont, entre deux cours théoriques, affectés au nettoyage au rangement des rayons, à l’étiquetage des codes-barres… Une fois le magasin ouvert, cette quarantaine de chômeurs, essentiellement des femmes, ont vu leur stage interrompu dans la même semaine fin janvier. Les avocats des plaignantes, Me Sofiane Hakiki et Eddy Arneton, dénoncent « un dossier emblématique dans lequel un fonds public destiné à la formation est détourné à son profit par une personne privée. L’objectif de la prétendue formation était simplement d’obtenir une main-d’œuvre gratuite, financée par Pôle emploi. »
A peine un chômeur sur deux embauché
Selon Le Monde, le schéma de Fleury-Mérogis s’est reproduit dans plusieurs départements : avant l’inauguration d’un supermarché Leclerc, des chômeurs se voient proposer une formation avec promesse de CDI à la clé et sont, durant le temps de la formation, indemnisé par Pôle emploi. Mais en lieu et place d’une formation, ils sont préposés au ménage et à l’installation des rayons du futur magasin. Au moins de son inauguration, la moitié des chômeurs sont renvoyés. Ainsi, des cas similaires ont été recensés à Auxerre, Montpellier ou Narbonne. A Nîmes, 27 des 30 personnes embauchées par le biais de Pôle emploi ont été licenciées en janvier durant leur période d’essai d’après Me Eve Soulier, l’avocate qui, au nom de cinq d’entre elles, a assigné la franchise Leclerc devant les prud’hommes.
Les organismes de formation en contrat avec Pôle emploi sont parfois directement contrôlés par l’enseigne Leclerc. Pour Fleury-Mérogis, le centre de formation a perçu près de 190 000 euros de la part de Pôle emploi et du Forco, le financeur paritaire des formations dans la grande distribution, d’après Le Monde. Au final, moins d’un chômeur sur deux a été embauché. L’organisme de formation conteste le chiffre mais refuse de communiquer la somme perçue. Chez Pôle emploi, les dérives identifiées par le quotidien sont isolées : « Il y a pu y avoir des problèmes localement avec des franchisés, mais ils se corrigent », assure la direction, précisant que désormais l’expérience n’est plus renouvelée avec des supermarchés de l’enseigne dans plusieurs régions comme la Bourgogne, Provence-Alpes-Côte d’Azur ou le département des Hauts-de Seine