Paris (75) Politique

Emmanuel Pierrat (EELV) : « Il faut préserver l’exception culturelle du 6ème arrondissement »

Publié le  Par Antoine Sauvêtre

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Philippe Dubois/oh les beaux jours

Le candidat d’Europe Ecologie-Les Verts, dans le 6ème arrondissement, organise des rencontres-débats aux thèmes variés durant sa campagne. A cette occasion, Paris Dépêches a pu l’interroger sur son programme et ses intentions électorales.

Emmanuel Pierrat n’est pas membre d’EELV mais, fort de son mandat de conseiller municipal, il a été désigné tête de liste du parti écologiste dans le 6ème arrondissement. Cet avocat en droits d’auteurs veut en profiter pour mettre en avant ses propositions de soutien à la Culture, très présente dans le 6ème, notamment dans le quartier Saint-Germain-des-Près. Il affirme qu’il ne s’alliera pas au PS au second tour « sans concessions » et ne désespère pas de devenir le deuxième maire d’arrondissement écologiste de la capitale.
 

Paris Dépêches : Quel est l’intérêt pour EELV d’organiser des rencontres-débats sur des thèmes différents à chaque soirée ?

Emmanuel Pierrat : Il y a plusieurs intérêts. Le premier étant les gens qui y participent, qui viennent, qui écoutent. Et qui ne sont pas tous des militants. Il y a des habitants, de simples citoyens curieux, qui se sentent concernés par le sujet abordé. Et puis en dehors du nombre de personnes qui viennent, on met le compte rendu du débat sur internet, ce qui permet d’avoir beaucoup de réactions et d’amplifier largement ces réunions. Se sont donc des points de visibilité, des points de contacts. En dehors du porte à porte, d’aller sur les marchés ou de distribuer des tracts, le moyen le plus simple pour faire passer nos idées ce sont ces rencontres-débats.
 

Avez-vous repris des propositions de participants ?

Oui. En tant que conseiller municipal du 6ème arrondissement, j’ai fait voter la mise en place d’un « comité vélo » visant une concertation entre la voirie, la RATP et les cyclistes pour aménager les rues à la circulation des vélos. Cette idée venait d’un des participants, qui n’est pas militant écologiste, avec lequel on a travaillé sur ce projet. Je l’ai ensuite proposé au conseil d’arrondissement qui l’a voté. Désormais je souhaite désormais le perfectionner dans mes engagements de campagne.
 

Comment se fait-on connaître des Parisiens quand on fait face aux ogres du PS et de l’UMP ?

En faisant une vraie campagne de contacts. On a peu de moyens financiers mais nous avons compensé en lançant notre campagne très en amont. J’ai lancé la mienne en juin 2013, un mois après avoir été désigné par le groupe écologiste, même si pour ma part, je ne suis pas membre des Verts.  Les autres se sont lancés en novembre. Ma liste a été entérinée en septembre, nous avons donc pris une longueur d’avance pendant que les autres se disputaient pour des questions de position sur les listes. Dans le 6ème, il y a une guéguerre entre le candidat investi Jean-Pierre Lecoq (UMP) et Marielle de Sarnez (Modem). De plus, la numéro 2 de la mairie a été virée et menace de se mettre en dissidence. Pendant ce temps, je fais une campagne de construction, pas d’opposition. Cela ne veut pas dire que je ferais 51% au premier tour mais il y aura plus qu’un score de reconnaissance.
 

Jacques Boutault est le seul maire d’arrondissement écologiste de la capitale, dans le 2ème arrondissement. Comment l’expliquez-vous ?

C’est une anomalie. C’est bien qu’il y en ait au moins un mais c’une vraie anomalie. Surtout que les autres maires ne sont pas très « verts d’esprit ». S’ils étaient écolos dans l’âme, ce serait pas mal mais malheureusement ils mènent une politique qui est très loin de ce que l’on peut attendre du développement durable. Il faut quand même savoir que nous sommes dans une ville où les bus roulent encore au diesel ! Ici, nous sommes dans un arrondissement particulier car les écologistes font parfois plus de 25% aux régionales et aux européennes. Ce qui n’est pas du tout la physiologie que l’on pourrait en attendre, en se disant : « Ici, nous sommes des grands bourgeois catholiques et des intellectuels de gauche ». Les Verts arrivent malgré ça à faire des scores importants car des problématiques surgissent. Pas suffisamment encore pour élire un maire Vert mais je serais peut  être le premier dans le 6ème.
 

Si vous ne passez pas au second tour, êtes-vous prêt à soutenir le PS face à l’UMP ?

Pas sans concessions. Je siège aux côtés de deux élus socialistes, et durant mes 6 années en tant qu’élu j’ai su rester indépendant. J’ai toujours choisi de garder ma liberté de vote et de parole. C’est une négociation permanente. Il ne s’agit pas d’un conflit mais d'un rapport de forces. Donc si je ne suis pas au second tour, ce sera un rapport de forces malgré tout. Et s’ils ne sont pas au second tour ce sera la même chose mais dans l’autre sens.
 

Quel est le thème que vous défendez prioritairement dans votre programme ?

Je suis avocat en droits d’auteur, écrivain, éditeur, conservateur du musée du barreau de Paris… Donc je souhaite préserver l’exception culturelle de Saint-Germain-des-Prés et plus généralement du 6ème arrondissement. Ce n’est pas évident parce qu’à 17 000 euros le m², les librairies ne peuvent pas s’offrir d’espace. Les commerces de luxe prennent l’ascendant. Il faut mettre en place un soutien aux professionnels de la Culture mais aussi aux pratiques amateurs. Au prix du mètre carré, et sans interventions de la mairie c’est impossible de trouver des locaux. Or il y a beaucoup d’endroits vides à cause d’un prix du loyer inabordable. Rue de Rennes par exemple il y a 6 boutiques vides depuis plus d’un an. Je propose donc de faire des baux précaires, d’une durée d’un an, pour lesquels la mairie se porterait garante. Les associations paieront seulement 10% du loyer. La culture est un vrai enjeu. Il y a 400 librairies dans le 6ème arrondissement, dont 370 de livres anciens. Tout cela crée de l’économie et si l’on continue ainsi tout cela va disparaitre très vite. L’économie de la culture est quelque chose de fragile, il faut lui donner un coup de pouce.
 

En termes de logement, le 6ème arrondissement a l’habitat le plus dense de Paris. Comment d’une part améliorer le bien être des habitants et en même temps réduire les émissions de polluants rejetés par cette densité de population ?

C’est vrai qu’une population dense engendre plus de pollution. Il y a d’abord une pollution visible à faire réduire. Je suis résolument en guerre contre les terrasses chauffées. Je trouve cela inadmissible. C’est une pollution sonore pour ceux qui habitent au dessus, et atmosphérique. Il y a 95 autorisations de licence pour que des établissements restent ouverts toute la nuit dans le 6ème. Je ne suis pas sûr que ce soit nécessaire d’en avoir autant. Or cela génère une pollution atmosphérique et sonore beaucoup plus élevée qu’un ménage. Ensuite, il y a plusieurs petites choses qu’il faut mettre en place pour favoriser le vélo. Par exemple la mise en place de parcs à vélos dans les cours. Au niveau des transports en communs, le 6ème n’est pas si bien desservi que cela. Si vous habitez au carrefour de port Royal, il faut faire 10 bonnes minutes pour aller du RER à la station de métro.
 

Comment comptez-vous transformer l’arrondissement ?

Je veux aménager le boulevard Raspail qui est aujourd’hui un terre-plein central qui ne ressemble à rien. Je veux piétonniser des rues comme la rue Visconti. Rendre d’autres plus accessibles aux personnes âgées qui ont du mal à circuler car les trottoirs sont étroits, ou des terrasses les encombrent. Du coup, elles ne sortent pas beaucoup et sont très isolées. Il faut rendre l’arrondissement à ses habitants plutôt qu’aux voitures.







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