Le patriotisme version François Hollande.

En ces temps de crise exceptionnel, et alors que la situation économique et sociale de la France est tout simplement catastrophique, la gauche au pouvoir utilise un drôle d'argument, que l'on a pas l'habitude de retrouver dans sa bouche, pour justifier les difficiles politiques fiscales qui vont être mis en oeuvre dans les mois à venir : le patriotisme, et dans ce registre, le chef de l'état n'a pas manqué de lyrisme hier soir pour convaincre de la pertinence de cet argument.

C'était seulement il y a quelques mois, dans l'entre-deux tours de la campagne présidentielle : un Nicolas Sarkozy alors aux abois et à peu près persuadé de perdre, était obligé de faire la chasse aux voix de l'extrême-droite et pour discréditer son adversaire socialiste, il n'hésitait pas à affirmer que la gauche "n'aime pas la France" et veut la détruire. En des termes moins crus, c'est le refrain qu'entonne beaucoup de responsables UMP à l'heure actuelle, qui dénonçent la volonté de la gauche que de détruire la France et de la mener à la ruine.

Le patriotisme a souvent été une notion associée à la droite tant elle est proche du nationalisme, avatar extrême de ce sentiment plus noble mais dangereux. En utilisant des thématiques d'immigration, de religion, de laïcité ou d'identité nationale, la droite a souvent reproché à la gauche de ne pas être patriotique. Or, hier soir, le chef de l'état a décidé de renverser l'argumentaire habituel en faisant appel à la notion de "patriotisme économique". 

"Il faut appeler au patriotisme en cette période" insiste le président Hollande qui, des accents lyriques dans la voix, explique que "il convient de montrer l'exemple pour être patriote. Etre français, c'est recevoir, et donner à son pays, c'est ça le patriotisme, c'est donner le meilleur de soi-même et chacun doit prendre sa part". Un élément de langage ensuite repris par les différents responsables socialiste, qui illustre le renversement politique opéré par la majorité : taxer plus les riches n'est plus une question de justice sociale, c'est une question de patriotisme. Un moyen politique de "désidéologiser" les hausses massives d'impôts tout en plaçant ceux qui refuseraient de payer dans le camp des "non-patriotes". Une véritable réussite politicienne qui doit encore faire ses preuves...