France Politique

Bruxelles : Hollande emprunte-t-il le style Montebourg ?

Publié le  Par Gaspar S.

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Webstern Socialiste - flickr

En déclarant que Bruxelles ''n'a pas à nous dicter ce que nous avons à faire'', le président de la République a voulu taper du poing sur la table. Ces propos de François Hollande rappellent le style de son ministre du Redressement productif. Il n'est pas certains qu'ils soient suivis d'effets.

François Hollande aurait-il emprunté son fleuret au mousquetaire de la Bresse ? Il a en tout cas imité son verbe. En déplacement dans une usine de Rodez, le 29 mai, François Hollande a haussé le ton contre la commission européenne. Celle-ci «n'a pas à nous dicter ce que nous avons à faire», a osé le président. «La commission a des observations à faire sur les déficits. Nous respecterons les objectifs que j'ai fixés moi-même», a-t-il ajouté.

 

Or, Bruxelles exige de la France des «réformes structurelles». Au milieu d'une série de recommandations destinées à différents pays européens et publié le 28 mai, l'organe dirigé par Manuel Borroso suggère à la France une nouvelle réforme du système des retraites. Celle-ci devrait être fondée sur un allongement de la durée de cotisation.

 

«Souveraineté»

 

La commission propose aussi à Paris de mettre en place des mesures pour réduire le coût du travail et de «lancer en urgence une réforme de l'assurance chômage avec les partenaires sociaux pour rendre attractif le retour au travail»... Bruxelles voudrait aussi que la France renforce la «compétitivité» des services par des allègements de réglementations.

 

Lors de la réception d'Angela Merkel, le 30 mai, François Hollande a réitéré ses propos : «La méthode, les mesures, c'est de la responsabilité de la France (…). Les procédures, les manières de faire relèvent de la responsabilité du gouvernement et de l'Etat, sinon il n'y aurait pas de souveraineté possible (...) La commission donne des recommandations, elle ne dit pas à la place des Etats ce qu'ils doivent faire.»

 

«Sans Bruxelles sur le dos»

 

Jusqu'à présent, au gouvernement, c'est à Arnaud Montebourg que revenait le rôle du pourfendeur de Bruxelles. En octobre 2012, au Conseil Compétitivité de l'Union européenne, à Luxembourg, le ministre avait demandé à ce que l'industrie européenne n'ait plus «Bruxelles sur le dos». «L'Europe subit une mondialisation déloyale marquante, où ce que Bruxelles nous interdit de faire, tous les autres pays le font», avait attaqué Arnaud Montebourg.

 

Le ministre du Redressement productif avait également reproché à la commission européenne d'interdire les aides d'Etat. En 2011, dans un discours martial, il avait dénoncé «l’intransigeance dangereuse et suicidaire» de l’Allemagne à l’égard des autres pays de l'UE. Une Allemagne accusée d'imposer «une politique à la Bismarck» au reste de l'Europe.

 

Ayrault et Moscovici rassurent Bruxelles

 

La conversion momentanée du président Hollande à ce style véhément ne sera certainement pas suivie d'effets. Son ministre des Finances Pierre Moscovici, qu'on dit en conflit avec Montebourg à Bercy, a tempéré la fougue nouvelle du président : «Pour l'essentiel, [les] recommandations de [Bruxelles] confortent les chantiers du gouvernement», a-t-il affirmé.

 

Même son de cloche chez Jean-Marc Ayrault : «La France va respecter ses engagements, ce qui implique un certain nombre de réformes», a-t-il confirmé à l'adresse de Bruxelles.

 

Pour le compte du syndicat Force ouvrière, Jean-Claude Mailly a vu dans la ruade présidentielle un exercice de «communication». Selon lui, François Hollande s'est de toute façon déjà engagé à écouter Manuel Barroso. «Ce n'est pas un hasard si le gouvernement dit qu'il faut que cet automne on ait bouclé le dossier des retraites, c'est aussi pour répondre à ce que demande Bruxelles», a-t-il rappelé sur Europe 1. Et de dénoncer le gouvernement de Hollande qui «a accepté de ne pas renégocier le traité» budgétaire européen «malgré les promesses électorales».







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