Anicroches gouvernementales sur la question du gaz de schiste

Montebourg contre les Verts. Le match aller avait déjà eu lieu au début de l'année sur la question de la fiscalité du diesel. Sur le gaz de schiste, nouvel affrontement entre le mousquetaire de la Bresse et les écolos. Arnaud Montebourg a défendu – «à titre personnelle» – la possibilité d'une création d'une compagnie nationale publique pour l'extraction du gaz de schiste. La rente générée permettrait, selon le ministre du Redressement productif, de financer la transition écologique et de donner un coup de pouce à l'industrie nationale.

«Je pense qu'on arrivera avec la technologie dans très peu de temps au gaz de schiste écologique. Où il n'y a pas de pollution (...). Pourquoi on ne pourrait pas convaincre les écologistes raisonnables ? Ils sont majoritairement raisonnables. Ils sont même tous raisonnables», a-t-il avancé en commission à l'Assemblée nationale alors que l’Élysée recevait des élus EELV pour engager une réconciliation après l'épisode de l'éviction de Delphine Batho.

Le cabinet d'Arnaud Montebourg a ensuite précisé qu'une telle extraction serait pratiquée dans «le cadre fixé par le président de la République qui est de dire qu’il n’y aura pas de fracturation hydraulique», une technique controversée de fissuration des sous-sols qui présente des risques environnementaux.

Malgré ces précisions, Philippe Martin, nouveau ministre de l'Ecologie et de l'Energie, a répondu à son collègue afin de donner des gages de confiance aux écologistes que les déclarations d'Arnaud Montebourg avaient particulièrement mécontentés. «La question d’une exploitation ''écologique'' des gaz de schiste ne se pose pas», a expliqué Philippe Martin dans un communiqué revenant sur la proposition de Montebourg. «Le bilan carbone des forages de gaz de schiste est très négatif, surtout si l’on prend en compte non seulement le CO2 issu du gaz extrait mais aussi de la quantité de méthane qui fuit vers l’atmosphère lors de l’extraction», poursuit la nouvelle figure du gouvernement.

Le ministre s'est aussi réclamé de l'arbitrage de François Hollande : «Ma feuille de route, celle que m’a fixée le président de la République, est de conduire la transition écologique et énergétique afin, notamment, de réduire la dépendance de la France aux énergies fossiles.» Sur un tel sujet, l'Elysée et Matignon, en délicatesse avec les Verts – qui ont déjà envisagé de quitter le gouvernement –, devraient donc trancher en faveur de Martin, contre Montebourg.