Fusillades à Paris : le tireur arrêté et confondu par son ADN

Il est 19 h mercredi soir quand les policiers appréhendent un suspect, Abdelhakim Dekhar, dit "Toumi", 48 ans, dans sa voiture garée dans un parking souterrain de Bois-Colombes, dans les Hauts-de-Seine. Placé en garde-à-vue médicalisée suite à une absorption massive de médicaments, il a été confondu dans la nuit par les tests ADN: il serait donc bel et bien le tireur de "Libération" et de la Défense. Il est également fortement soupçonné d'être l'homme qui a menacé un rédacteur en chef de BFMTV vendredi dernier.

A lire : Tireur de Paris : Où en est-on?

C'est le témoignage d'un homme, qui hébergeait le suspect occasionnellement, qui a été décisif. Il avait exprimé ses "doutes" et ses "inquiétudes" à son propos, après que ce dernier lui ait confié "avoir fait une connerie" selon le directeur de la Police Judiciaire Christian Flaesch.

"Tout les faits démontrent son implication" a déclaré le ministre de l'Intérieur Manuel Valls lors d'une conférence de presse. Suite à sa possible tentative de suicide (il a absorbé une quantité importante de médicaments),"il a été soigné, il sera sans doute sur pied très rapidement pour que l'enquête puisse se poursuivre et évidemment qu'il soit interrogé" a précisé le ministre de l'Intérieur.

Un homme déjà condamné.

Cet homme n'est pas inconnu des services de police : il a été condamné en 1994 à 4 ans de prison pour avoir fourni à Florence Rey-Audry Maupin l'arme qui leur a servi à mener leur course-poursuite meurtrière, le 4 octobre 1994. Trois policiers, le chauffeur de taxi et Audry Maupin lui-même avaient perdu la vie ce jour-là. Florence Rey a été condamnée à 20 ans de prison. Elle en est sortie en 2009.

Le parcours et les motivations de "Toumi" restent pour l'instant, inconnus. Il n'a plus fait parler de lui depuis la révision de son procès, en 1998, duquel il était ressorti libre car il a été condamné à la même peine de prison, qu'il avait déjà effectuée. Il avait d'ailleurs tenté de se faire passer pour un agent d'infiltration du consulat algérien, victime d'un complot. Sans succès. Depuis, silence radio. Il serait "probablement parti à l'étranger" selon Manuel Valls. La suite de l'enquête devra également déterminer "pourquoi il n'était pas sur les fichiers qui auraient pu permettre de l'identifier".

Un homme "étrange" et "intelligent"

Depuis ce matin, les personnes interrogées par les médias dressent un double portrait de Dekhar : "C'était un personnage vraiment étrange, qui se faisait passer pour un agent du consulat d'Algérie, victime de complot" pour Patricia Tourancheau, journaliste à Libération. Pour son avocate de 1994, Me Hauser-Phelizon : "Je me souviens de quelqu'un d'intelligent, qui avait une grande part d'ombre, et toute cette intelligence était utilisée pour garder ce côté sombre. Pour moi, ça n'a jamais été un mythomane;" a-t- elle dit sur Europe 1.

L'assistant photographe, blessé par deux balles ce lundi, est réveillé et il va bien: "César, je l'ai vu, je lui ai parlé, il va bien. C'est un garçon qui est définitivement maintenant du côté de la vie." a affirmé le directeur de la publication de Libération, Nicolas Demorand. Il se dit soulagé de l'arrestation du tireur: "C'est un soulagement immense qu'un homme extrêmement dangereux ne soit plus en circulation dans les rues de Paris. Sur le plan de la sécurité collective, c'est une très bonne chose".

Emission "Faites entrer l'accusé" sur l'affaire Florence Rey - Maupin (FR2 - Source Youtube)