Pollution : Paris dévoile son plan

Christophe Najdovski, ancien candidat écologiste à la mairie de Paris et aujourd’hui adjoint chargé des transports d’Anne Hidalgo, en avait fait la priorité du début de mandat, la clé de voute de l’alliance PS-EELV entre les deux tours des municipales de mars dernier. La semaine prochaine, devant le Conseil de Paris, il défendra fièrement le plan antipollution de la mairie. Ce dernier s'établit en cinq grands points.

Automobiles

Ce plan touchera évidemment les automobilistes franciliens. Principale émettrice de particules fines, la voiture sera, tant que possible, limitée dans la capitale grâce à deux mesures. La première consiste à inciter les conducteurs à utiliser les transports en communs en rendant le stationnement résidentiel gratuit, non plus lorsque le seuil d’alerte est atteint (80 mu de particules fines/ m3 d’air) comme c’est le cas aujourd’hui, mais dès le seuil d’information (50mu de particules fines/m3 d’air). De plus, au deuxième jour de ce seuil, les Vélib et Autolib’ seront gratuits. Une mesure qui a fait ses preuves en mars dernier. Leur utilisation avait bondi de 30 à 40% lors des pics de pollution.
 

Autre mesure : la mairie promet, à l’échéance 2020, d’offrir un pass Navigo, soit un an de transports en communs gratuit, à tout habitant qui décide de se séparer de son véhicule personnel. Un échange de bons procédés en somme. Du côté des professionnels qui utilisent leurs véhicules pour se déplacer, la mairie souhaite également les inciter à sortir du diesel en les accompagnant financièrement lors d’un changement pour des voitures moins polluantes. A ce titre, la mairie de Paris devrait donner l’exemple dès cette année.

Transports en communs

Concernant le diesel toujours, la mairie souhaite faire sortir le diesel du parc des bus de la RATP. Un plan de sortie est déjà prévu par la compagnie d’ici 2025. « Trop tardif », juge Christophe Najdovski, qui souhaite mettre la pression sur la RATP pour en finir avec les bus diesel dès 2020.
 

Lors du précédent pic de pollution, la mairie avait attendu plusieurs jours avant de rendre les transports en communs gratuits. Désormais, l’équipe d’Anne Hidalgo veut prendre cette mesure « dès que le seuil d’alerte est susceptible d’être franchi ». Cela permettra de mettre en place la circulation alternée plus rapidement. Un jour sur deux, seules les plaques d’immatriculation paires ou impaires seront autorisées à circuler. « Paris ne peut évidemment pas décider seul d’anticiper cette mesure, nuance la mairie. La décision dépend de l’Etat et du Syndicat des transports d’Ile-de-France ».

Relancer les Zapa

Enfin, la mairie souhaite relancer une mesure qui date de 2010, lorsque la loi pour l’environnement prévoyait de désigner des zones d’action prioritaires pour l’air (Zapa) qui a pour but de créer plusieurs secteurs où la circulation automobile sera limitée, voire interdite. Paris voulait déjà l’expérimenter en 2011 mais cela était finalement tombé à l’eau lorsque des études avaient mis en lumière d’énormes difficultés techniques et socio-économiques. « Nous allons relancer le dossier », promet la Ville.

 

« Le plan [dans sa globalité] aura évidemment un coût, mais la pollution de l’air a aussi un impact sanitaire… et financier », se justifie la mairie. La gratuité des transports en commun coûte déjà entre 3 et 4 millions d’euros chaque jour à la Région. Nul doute que l’impact économique de ce plan devrait être ardemment débattu au Conseil de Paris.