E-cigarette : est-ce bien raisonnable ?

Propositions pour une vente interdite aux mineurs et un bannissement des lieux publics : les rédacteurs du rapport commandé par le ministère de la Santé ont la e-cigarette dans le collimateur. C'est ce qu'il ressort du texte remis à Marisol Touraine, qui contient une vingtaine de préconisations pour lutter contre le tabagisme.

La cigarette électronique – ou e-cigarette – c'est cet appareil vaguement allongé que l'on remplit de nicotine contenue dans un liquide. Un système de combustion permet aux fumeurs de recracher une vapeur qui n'est pas comme celle du tabac. On parle d'ailleurs plutôt de «vapoteurs» que de fumeurs. Ils seraient de 500 000 à un million en France.

Nocivité mal connue

Mais l'engouement pour la e-cigarette divise les tabacologues. Selon Bertrand Dautzenberg, pneumologue chargé de la direction d'un rapport par la ministre de la Santé, l'e-cigarette constitue pour les mineurs «un boulevard d'entrée potentielle dans le tabagisme». En conséquence, le rapport suggère que la vente des cigarettes électroniques soit interdite aux mineurs et que sa distribution ne se fasse que dans des établissements agréés.

En outre, le rapport insiste sur l'absence de certitude sur la nocivité ou non des arômes utilisés. Les rédacteurs voudraient obliger les fabricants à faire la preuve de l'absence de risques des arômes. Le gouvernement envisagerait même son interdiction dans les lieux public au nom du principe de précaution.

«Fumer dans plus d'endroits»

Pourtant, la e-cigarette bénéficie d'une bonne réputation chez les fumeurs. Pour Guillaume, 29 ans, «vapoteur» irrégulier, «la e-cigarette permet de fumer dans plus d'endroits que la vraie, son odeur ne gêne pas [les] proches». Le jeune homme se verrait mal renoncer à son loisir. «La cigarette électronique est également un bon moyen pour arrêter de fumer en douceur, plus agréable que les patchs en tout cas...», selon Guillaume.

«J'ai adopté la cigarette électronique car là, je retrouve la même gestuelle qu'avec la vraie», raconte une autre «vapoteuse». «J'ai le sentiment de continuer à fumer tout en m'abimant moins les poumons». Pourtant, de nombreux rapports confirment que la nocivité des e-cigarettes est mal connue. D'ailleurs, dans le doute, des pays comme l'Argentine, le Brésil ou la Turquie ont déjà interdit ces cigarettes d'un genre nouveau.