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Coup de gueule ! Le requin martyr de l'homme

Publié le  Par Patrick Béguier

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Flickr-cha222

Le gouvernement australien vient de lancer sa chasse au grand requin blanc. Un nouveau permis de tuer après celui que s'accordent les pêcheurs asiatiques pour récupérer les ailerons des squales. Nous avions vivement réagi après le drame de La Réunion en juillet 2013. Bon ! on remet ça ! Par Patrick Béguier

 
 
 
 
Bien sûr, l'image d'un requin avançant gueule ouverte est terrifiante. Bien sûr, l'attaque d'un baigneur par un squale est terrible. Mais l'émotion de tous, les drames de quelques uns suffisent-ils à enclencher des opérations vengeresses sur une population indispensable aux écosystèmes marins. N'oublions jamais que le requin est au sommet de la chaîne alimentaire !
 
Parce que deux attaques fatales ont eu lieu à la fin de l'année dernière, le gouvernement australien, qui pourtant protégeait depuis 2001 le grand requin blanc dans le cadre de la Cites (Convention sur le commerce international des espèces sauvages menacées d'extinction), a lancé un "plan requins" : il sera permis de tuer tout requin de plus de trois mètres se trouvant à moins d'un kilomètre des côtes. Les grands moyens sont déployés : appâts pour piéger le présumé criminel, patrouilles de pêcheurs munis d'armes à feu, ballets d'hélicos… Trempez vos fesses dans la salée, chers plagistes, vous n'aurez plus rien à craindre !
 
Fort heureusement, de nombreux Australiens se sont indignés des massacres à venir. Une pétition a recueilli des dizaines de milliers de signatures. Et parmi les signataires, des personnes ayant connu quelques frayeurs avec les squales, mais qui ont pris conscience de deux problèmes.
 

Voracité humaine

 
 
D'abord, il est tout à fait possible de limiter les risques. Avec des filets protégeant les baigneurs au large des plages ; en balisant les squales de signalements à distance (envoi en direct d'alertes sur Twitter !) ; en connaissant mieux les conditions dans lesquelles les attaques sont le plus susceptibles de se produire (choix de l'heure pour nager, turbidité de l'eau…).
Ensuite, il faut - sans jeu de mots - se poser des questions de fond ! Si les requins nagent aussi près des côtes, c'est qu'ils cherchent une nourriture qu'ils trouvent de moins en moins facilement au large. La pêche intensive, l'épuisement des ressources halieutiques sont bien les effets de la voracité humaine. À la Réunion, un biologiste marin, Philippe Mespoulhé, a montré que le développement des activités humaines est en partie responsable des comportements agressifs des sélaciens : déchets organiques, surexploitation des stocks de poissons…
 
 
 
Il est évident aussi que l'homme réclame de plus en plus de plages, de plus en plus d'activités récréatives ou sportives le long de la mer. Les risques d'agression automatiquement s'accroissent. Le tourisme et les loisirs n'autorisent pas tout, n'offrent pas tous les droits. C'est à l'homme de s'adapter à l'animal et non l'inverse. Quant aux scientifiques, ils n'ont pas vérifié encore si, oui ou non, le phénomène du réchauffement climatique a des effets sur la migration et le comportement de certaines espèces marines.
 

Papilles gustatives

 
 
En attendant, il convient de revenir, en Australie, à Hawaï, en Afrique du Sud ou à la Réunion, à des mesures sages, adossées aux technologies les plus récentes, plutôt que de s'en remettre au bon vieux coup de fusil ! Les requins payent déjà un lourd tribut à l'espèce humaine. Selon le WWF, nous en tuons près de 73 millions pour assouvir les demandes du marché et satisfaire les papilles gustatives des Asiatiques.
 
Patrick Béguier est journaliste et écrivain. Il est le conseiller éditorial de Paris Dépêches.
 
Notre photo : c'est avec de telles unes que l'on justifie la tuerie !
 
 
 
 
 






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