Mélenchon-Chavez : la comparaison qui plait aux socialistes.

Alors que la passe d’armes s’accentue entre Jean-Luc Mélenchon et le Gouvernement socialiste depuis hier, ces derniers semblent avoir trouvé un nouvel argument pour minimiser les attaques du leader du Front de Gauche. Dans chaque intervention ou presque, les ministres et responsables socialistes aiment en effet à rappeler que l’ancien socialiste revient d’un séjour au Venezuela, et insistent volontiers sur le lien personnel qui existerait entre Chavez et Mélenchon.

L’on connait depuis longtemps l’attachement du député européen à l’Amérique latine, ou du moins aux révolutions qui se sont produits là-bas, et qui lui servent presque de modèle, ce qu’il reconnait d’ailleurs bien volontiers. Ainsi il tire son concept de « révolution citoyenne » de l’Equateur ou encore sa volonté de mettre en place une nouvelle constitution du Venezuela. La presse d’Amérique latine n’avait d’ailleurs pas tari d’éloge sur lui durant la campagne présidentielle, saluant la « révélation de l’élection présidentielle français », alors même que le président équatorien lui avait adressé une lettre de soutien.

Mais alors que l’intensité de ses critiques vis-à-vis du Parti socialiste monte en volume, ces derniers sont bien décidés à répliquer suffisamment fort pour le décrédibiliser. Ainsi Michel Sapin et Jean-Marc Ayrault, les deux seuls ministres qui ont pour le moment répondu aux critiques, ont pris plaisir à insister sur l’attirance qu’aurait l’ancien candidat à la présidentielle pour Hugo Chavez, le président vénézuélien dont les amitiés pour le dictateur iranien et les saillies populistes ne le rendent guère populiste en occident.

On avait retrouvé le même genre d’arguments à l’UMP, en juin dernier, pour justifier leur refus de voter socialiste en cas de duel avec l’extrême-droite aux législatives. Ainsi les responsables de droite prenaient un malin plaisir à rappeler que pour Jean-Luc Mélenchon, Cuba n’est pas une dictature. On se souvient en effet du clash qui avait eu lieu entre l’ancien sénateur et des journalistes sur ce sujet, car en effet, pour Jean-Luc Mélenchon, Cuba n’est ni une dictature, ni une démocratie, étant donné l’embargo américain qui pèse sur le pays depuis de nombreuses années. Pour le leader de gauche, en raison de cet embargo, Cuba reste figé dans une sorte de révolution en devenir qui ne demanderait qu’à s’accomplir.

« On ne peut parler de rien à propos de Cuba aussi longtemps que Cuba sera assiégée par les Etats-Unis d’Amérique » clame Jean-Luc Mélenchon qui confesse « beaucoup de sympathie et d’admiration pour la Révolution cubaine contre l’empire américain » mais avoue également ne pas être d’accord avec « la politique organisée là-bas étant attaché au pluripartisme ».

Beaucoup attaqué sur ces sujets après le premier tour de l’élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon n’a probablement pas arrangé la situation en se rendant en vacances en Amérique du sud cet été, et notamment au Venezuela. Si le député européen parle d’un déplacement professionnel, expliquant « j’étais en Amérique du Sud, d’abord pour un emploi du temps politique. Il s’agissait du forum de São Paolo, point de rencontre privilégié avec toute l’autre gauche sud-américaine. J’y avais mes objectifs politiques. Je crois que j’ai bien avancé dans la coopération politique internationale que j’ai en vue et à laquelle nous travaillons avec maints camarades. L’occasion faisant le larron, puisque j’étais là, j’en ai profité pour partager quelques moments de la campagne d’Hugo Chavez », il n’en reste pas moins que ses adversaires utilisent désormais cet argument pour le ruiner politiquement.

Jean-Luc Mélenchon est-il admiratif d’Hugo Chavez ? Lui-même disait que non, en avril dernier sur BFMTV où il expliquait que « Chavez n’est pas un modèle mais une source d’inspiration, c’est le volontarisme d’un Chavez, d’un Correa, d’un Lula, d’une Kirchner (…) qui me sert de source d’inspiration ». Et il a plusieurs fois répété qu’il n’admirait pas Chavez mais plutôt Correa ou Lula, dont il admet se sentir proche. En 2006, sur son blog, il avait largement désapprouvé la politique étrangère du dirigeant vénézuélien qui est très controversée en occident. Néanmoins, l’enthousiasme manifeste qu’il exprime concernant son déplacement au Venezuela sert abondamment à servir les critiques, outre la défense qu'il a pu apporter au président du Venezuela en expliquant qu'il n'était pas un dictateur ayant été élu 12 fois sur 13. Mais si l’on peut avoir des doutes sur ses positions personnelles concernant Cuba ou le Venezuela, le comparer tout de suite à Chavez ou Castro est sans doute très exagéré et ne permet pas de parler du fond, à savoir, la politique française…

Mélenchon et Hugo Chavez par unMondeCitoyen