France Politique

Copé-Fillon, cherchez la différence.

Publié le  Par Jennifer Declémy

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Alors que les deux hommes sont désormais officiellement candidats, il est difficile de trouver des différences de taille entre eux deux. Décryptage.

 

Tous deux désormais officiellement lancés dans la course, François Fillon et Jean-François Copé sont désormais prêts à se livrer une guerre sans merci pour conquérir le leadership de la droite républicaine après les défaites de Nicolas Sarkozy. Alors que ces deux hommes s’affrontent politiquement depuis des années déjà, il semble pourtant que d’un point de vue purement politique justement, les différences ne sont guère flagrantes entre eux deux.

 

Depuis des mois maintenant on présente François Fillon comme un candidat de droite plus « modérée » que son adversaire, Jean-François Copé, qui lui se fait fort d’être le chantre d’une « droite décomplexée » qui lutterait contre le « politiquement correct de la gauche et des petits cercles parisiens ». Sur les questions d’immigration ou de société, on imagine l’ancien Premier ministre beaucoup plus humaniste que le secrétaire général de l’UMP, notamment parce qu’il est soutenu par des élues comme Chantal Jouanno ou Roselyne Bachelot, elles clairement libérales sur les questions de société. Cependant, à y regarder de plus près, on constate que François Fillon peut être tout aussi « dur » que son rival.

 

Par exemple la question du mariage homosexuel. Si les deux hommes y sont opposés, le député de Paris a déjà prouvé son net conservatisme sur ce point. D’abord dans sa jeunesse, en 1982, alors jeune député, François Fillon vote CONTRE la dépénalisation de l’homosexualité déposée par la gauche et adoptée la même année. Mais plus récemment encore, ses propos sur l’homosexualité, en février 2012, dans l’émission des paroles et des actes, avaient créé un début de polémique. L’ancien Premier ministre avait en effet expliqué que « l’institution du mariage a un objectif, qui est celui de la sécurisation des enfants. C’est un objectif qui ne me paraît pas compatible avec les couples homosexuels, je l’ai toujours défendu ». Les réactions outrées s’étaient alors enchaînés, et ce notamment de la part de la communauté homosexuelle de droite réunie sous le collectif Gaylib.

 

Mais c’est sur l’immigration également que François Fillon paraît nettement plus à droite qu’il n’y paraît. D’abord, on se souviendra que sur le discours de Grenoble, l’ancien Premier ministre n’avait pas rejeté le fond du débat, mais la forme. A l’époque il avait indiqué « ne pas stigmatiser ni instrumentaliser » la communauté Rom mais il se revendiquait néanmoins solidaire des annonces de Nicolas Sarkozy. « Chacun a sa sensibilité et sa façon de faire les choses mais les décisions qui ont été annoncées (…) que nous avions d’ailleurs arbitrées ensemble dans les réunions préparatoires, je les mets en œuvre et je les mets en œuvre sans états d’âme » avait-il alors souligné, montrant ainsi qu’il approuvait les mesures annoncées, mais pas la façon dont cela avait été fait.

 

Si le député de Paris ne se démarque donc globalement pas de la politique migratoire et sécuritaire mise en place par Nicolas Sarkozy ces dix dernières années et revendiquée par Jean-François Copé, il va même plus loin en lançant des propositions qui sont loin d’être « modérées » ou « humanistes ». Dans son interview accordée au Point la semaine dernière, où il esquisse un début de programme politique pour la présidence de l’UMP, François Fillon relance en effet le débat sur la nationalité en voulant remettre au goût du jour la loi Pasqua de 1993 consistant à demander « aux jeunes nés en France de parents étrangers de choisir formellement la nationalité française à 18 ans, et ce lors d’une cérémonie » et abrogée en 1998 par Elisabeth Guigou.

 

Sur les questions économiques, les convergences entre les deux hommes sont plus apparentes : fin des 35heures, TVA sociale, importance de la compétitivité des entreprises et fiscalité plus douce pour les plus aisés. C’est donc au final sur la forme que l’on peut différencier les deux hommes. Jean-François Copé est indubitablement plus populiste que son rival, invoquant souvent des thématiques du Front national comme celle du peuple contre l’élite, du petit monde médiatique parisien contre la vraie France etc. Nettement plus clivant que François Fillon, Jean-François Copé apparait dans la droite veine du sarkozysme, une posture qu’il assume. Et si l’ancien Premier ministre se revendique sarkozyste, il n’en admet pas moins des différences de forme indubitables. Comme le dit lui-même Brice Hortefeux dans le journal le Monde, "à part quelques nuances, il s'agit davantage d'une compétition humaine que d'une querelle idéologique". C’est donc au final, et incontestablement, la seule chose qui sépare ces deux hommes…







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