France Politique

De Villeneuve-sur-Lot à Bruxelles : quand l'élection partielle prend une dimension européenne

Publié le  Par Gaspar S.

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Michelle Bartsh - flickr

Au lendemain du bon score du Front national lors du deuxième tour de l'élection législative partielle organisée dans le Lot-et-Garonne, chacun livre ce qu'il pense être la raison de la percée du parti présidé par Marine Le Pen. Au point que Manuel Barroso a cru bon de s'immiscer dans le débat.

Villeneuve-sur-Lot, centre de gravité politique de l'Europe ? Qui aurait pu l'imaginer il y a six mois ? Hier, l'UMP Jean-Louis Costes a été élu député. Mais c'est surtout le bon score (46,24 %) de son concurrent, le jeune candidat du Rassemblement Bleu Marine, Etienne Bousquet-Cassagne, qui a fait réagir, au PS, à l'UMP, au FN, bien-sûr, mais aussi à la Commission européenne. Un vrai mélimélo, où chacun livre son analyse, plus ou moins bien inspirée.

 

Comme annoncé – et comme ce fut le cas dans l'Oise, le 24 mars dernier – des électeurs socialistes ont donné leur vote au candidat du parti de Marine Le Pen lors de ce second tour. Un phénomène que la Rue de Solférino reconnaît à demi-mot – et avec une grande précaution – pour la première fois : «Oui, le Front national bénéficie d’une dynamique. (…) On peut dire que c’est le seul parti capable aujourd’hui de mobiliser tout son électorat et un peu plus, avec des transferts évidents d’électeurs de l’UMP. Ce n'est pas du tout comme on a pu le dire ici ou là grâce à des électeurs de gauche, même s’il doit y en avoir, ce n’est pas un fait significatif», explique David Assouline, un brin contorsionniste.

 

«Affaire Cahuzac»

 

Mais les socialistes – Montebourg mis à part – continuent de s'expliquer le phénomène par des arguments non politiques, de formes, qui illustrent parfaitement l'incapacité – peut-être temporaire – de la gauche à se remettre en cause : Harlem Désir parle d'une «circonscription profondément marquée par les conséquences de l'affaire Cahuzac». Rien d'autre. Michel Sapin, lui, s'en prend à Copé qui «valide en partie les idées du FN».

 

A lire également : Lot-et-Garonne : les socialistes englués dans le paradoxe du ''front républicain''.

 

Du pain béni pour les représentants de la droite UMP, qui jouent les outragés. Geoffroy Didier a répondu au ministre du Travail, accusé de s'en prendre «aux convictions républicaines du président de l’UMP, Jean-François Copé, en faveur d’une droite courageuse et audacieuse»... Et Geoffroy Didier d'interpeller le ministre : «Monsieur Sapin, est-ce encore la faute de Jean-François Copé si depuis que votre compère de l’ENA François Hollande dirige la France, 1300 personnes et familles se retrouvent chaque jour au chômage ?»... Passons.

 

Au rang des explications farfelues pour justifier le vote de gauche pour le Front national, celle d'un militant PS de Villeneuve. Au micro de France Info, il a supposé que des militants socialistes, souhaitant le retour rapide de Jérôme Cahuzac à la députation, auraient pu voter pour le FN, «pour tout faire exploser», et pour que l'ancien ministre du Budget fraudeur reviennent en sauveur récupérer la circonscription, lors des prochaines législatives.

 

Carburant

 

Étonnante théorie. Loin de celle d'Arnaud Montebourg pour qui c'est le discours de rejet de la Commission européenne – part désormais centrale du discours de Marine Le Pen et de Florian Philippot – qui provoque l'adhésion de l'électorat de gauche et antimondialiste. Le ministre du Redressement productif a ainsi désigné les errements de la politique de Manuel Barroso comme étant «le carburant du Front national». Une manière d'analyser le succès du FN nouvelle génération et de mettre en garde le gouvernement auquel il appartient.

 

Abolissant toute diplomatie d'usage, le patron de la Commission a répondu au ministre ce lundi 24 juin : «Certains souverainistes de gauche ont exactement le même discours que l'extrême droite. (…) Il serait bon que certains responsables politiques comprennent que ce n'est pas en attaquant l'Europe et en essayant de faire de la Commission européenne le bouc émissaire de leurs difficultés qu'ils arriveront très loin.» Ou comment Villeneuve-sur-Lot, 23 500 habitants, s'immisce dans la chronique complexe de la politique bruxelloise.

 

On attend l'arbitrage de François Hollande dans ce conflit entre son tonitruant ministre et l'instance dirigeante de l'UE. L'Elysée va devoir se mouiller. C'est peut-être ce qu'attendent les électeurs socialistes de Villeneuve-sur-Lot, qui font tant parler d'eux aujourd’hui.







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